7 : Hugin et Munin

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— C'était du bon travail, les garçons ! Tu as fini par retrouver ta forme d'ailleurs, Morten ! m'encourage Katrina quand j'atterris après un quadruple boucle.

Je lui souris. Au fond, c'est juste que Katrina organise nos entraînements avec un temps de patinage et un temps de repos chacun, alternant nos périodes. Ça permet d'observer l'autre pendant sa pause, et de ce fait, je peux profiter de la technique de Zihao sans sacrifier la mienne sur la glace.

— Bien, la séance pour aujourd'hui est terminée ! Vous pouvez aller prendre une douche, c'est mérité ! Pour vous, comme pour mes narines.

On rigole en cœur, mais on ne la contredit pas : parfois, la vérité est dure à entendre, mais elle n'en demeure pas moins vraie.

— Une dernière chose, mais ça vaut pour toi, Zihao. Hans a rencontré un coach qui pourrait t'entraîner. C'est un grand entraineur britannique, il a entraîné les meilleurs sportifs à Londres et en Chine, il y a certes un moment, mais il parle aussi bien les deux langues et est très compétent. J'essaierai d'obtenir davantage d'informations dès que possible.

— Oh, c'est trop cool pour toi ! m'exclamé-je pour mon coéquipier.

— Oui ! Merci Katrina pour ces informations.

— De rien, c'est normal. Avoir un coach te permettra d'avoir quelqu'un qui te consacrera tout son temps pour t'amener au meilleur niveau. Et je pourrai faire de même avec Morten. Même si vos entrainements ensemble sont très bien au vu de votre bonne entente, c'est important également que vous soyez le mieux entrainés individuellement ! Vous êtes des grands sportifs !

Je manque presque de rougir devant un tel éloge de la part de ma coach. Je tourne le regard vers Zihao, qui se gratte la nuque sous les compliments. Il est drôle quand il est gêné.

— Allez, bonne soirée, les garçons.

— Bonne soirée !

On salue d'un geste de la main notre coach commune, avant de se diriger calmement vers les vestiaires. Les vêtements puants de transpiration ne font pas long feu avant de finir au sol, et sous la douche, chacun d'entre nous est obligé de baisser le thermostat qui est trop chaud pour nos corps bouillants. 

Je reste de longues secondes immobile, à laisser le jet d'eau ruisseler sur ma peau, profitant enfin d'un moment de détente après l'effort. J'attrape mon gel douche, me recouvrant de mousse onctueuse pour me débarrasser de la crasse de plusieurs heures d'entrainement. Katrina avait raison : une douche n'est pas du luxe.

Au bout d'un moment, je finis quand même par rencontrer le regard de Zihao qui demeurait rivé sur moi. Bon, en temps normal, je m'en foutrais royalement, mais là, on est dans des douches communes, quoi.

— Bah dis donc, commenté-je simplement pour le faire chier.

— Excuse-moi.

Le rouge monte aux joues du patineur qui détourne la tête, maintenant gêné. Ça m'amuse un instant, sans mentir.

— T'inquiète, ce n'est pas la première fois, ni la dernière fois que tu me verras nu, plaisanté-je.

En soi, l'intimité inexistante d'un vestiaire ne choque plus quand on est sportif. Bon après, je conçois que Zihao soit beaucoup plus en retenue dans ses manières que moi, tout finit quand même par tomber quand on met les pieds au Centre olympique. 

Le lendemain de son aménagement chez moi, il était devenu rouge tomate quand il m'avait croisé nu dans le couloir de notre appartement. L'habitude de vivre seul m'avait fait laisser toutes mes affaires dans ma chambre. 

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