16 : Le calme... avant la tempête ?

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Je suis réveillé par une douce lumière vert pomme, reflétée par les rayons du soleil qui traversent la toile de tente. Je mets quelques secondes à ouvrir pleinement les paupières, avant de remarquer, dans cette rassurante atmosphère de couleurs pastel, que je suis face à un tissu sombre. J'ai un léger mouvement de recul de la tête, et j'entends un faible soupir amusé de mon colocataire, alors que ses doigts viennent attraper une de mes mèches bouclées et blondes près de mon oreille.

— Hé, t'inquiète, tu peux rester ainsi.

Mon esprit ensommeillé met quelques secondes avant de réagir, puis je cède, et redépose mon visage à quelques centimètres du torse de Zihao.

— Tu bouges beaucoup quand tu dors, toi, me fait-il remarquer.

— Je sais, c'est terrible. Je t'ai empêché de dormir ?

— Non, ça va.

Nos échanges par nos voix graves à peine réveillées sont sommaires. Mais finalement, ce silence est plaisant. Il permet de ne penser à rien. Pourtant, j'aurais des choses auxquelles trouver un sens : mes doigts entremêlés dans ceux de Zihao la veille, mon réveil quasiment collé contre son corps, son toucher toujours perdu dans mes cheveux, jouant délicatement avec mes mèches emmêlées de bon matin. Mais tout ça, ça semble hors de mon esprit, comme si je savais qu'en y réfléchissant, je ne pourrais pas autant profiter de l'instant que ce que je le fais actuellement. Alors, je laisse passer. Je baisse la garde, et avoue que ça fait du bien. Peut-être aussi que j'ose le faire, parce que l'on est perdus dans une forêt, loin du Centre et du monde du patinage, isolés de tous, des autres, des préconçus dans lesquels on est enrôlés.

*

Évidemment, toutes les bonnes choses ont une fin. Si j'ai pu mentir au coach de Zihao en disant qu'il restait un jour de plus en Allemagne, que Katrina est tellement cool qu'elle m'a laissé une matinée de repos supplémentaire, je sais que l'on a intérêt de reprendre la route histoire de patiner un peu dans l'après-midi, afin de montrer que l'on est raisonnables quand même. 

Le retour se fait dans une ambiance opposée à l'aller, la musique résonne mais on ne chante pas, Zihao observe avec émerveillement le paysage, je me concentre sur la conduite. Ce n'est pas froid, je pense qu'au contraire, chacun d'entre nous garde au fond de lui la chaleur des derniers moments.

Quand je me gare à la place de parking d'Ulrick, je n'ai pas beaucoup à attendre avant qu'il ne nous rejoigne dehors.

— Alors, les gars, bien dormi ? C'était cool ?

— Ouais, nickel. Le matelas était confortable et on a pu manger des chamallows. Que demander de plus ? plaisanté-je.

— Tant mieux, sourit mon ami. Je voulais t'informer que les coaches ont une réunion à la fédération pour l'après-midi. Je ne sais pas si vous deviez vous entrainer avec eux après votre escapade, mais dans tous les cas, ils ne seront pas là.

— Ah, c'est trop génial !

— Hé, Morten, fais preuve d'un peu de sérieux. Le talent est important, le travail aussi, me gronde Ulrick, parce que son côté d'ancien entraîneur est bien enraciné en lui.

— T'inquiète, je vais le faire bosser cet aprèm.

— Je compte sur toi, Zihao. Au fait, le lac t'a plu ?

— Ouais, c'est vraiment génial. Un vrai coin de paradis !

Un sourire, heureux et triste à la fois d'Ulrick, empreint de nostalgie, s'esquisse rapidement.

— Il faudra t'y ramener cet hiver, c'est encore mieux. On peut y patiner, lui glisse alors Ulrick. On y va souvent tous ensemble, ce sera l'occasion.

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