Chapitre 1

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Maxence gare notre voiture devant le portail de l'école et nous descendons. Nous entrons dans l'établissement et marchons jusqu'aux bâtiments. Il fait froid et le ciel est couvert. A l'entrée du parc, devant les portes du hall, nous sommes accueillis par une cinquantaine d'hommes, habillés d'un costume noir, sans nul doute des serpents. Derrière eux, Frédéric se tient devant la porte, entouré de deux hommes, le visage tuméfié, brûlé, amputé d'une main. Il règne un calme plat, un silence parfait. Je reste stupéfaite, ne sachant plus quoi faire.

Après quelques secondes de flottement, je m'avance vers Frédérique tout en le fixant dans les yeux. Je peux lire la satisfaction dans son regard. Les serpents s'écartent pour me laisser passer. Je me retrouve devant lui. Je tente de le cacher mais je suis terrifiée. Sa nouvelle apparence est vraiment très angoissante. Son visage garde des cicatrices, des marques de brûlures. Il a perdu tous ses cheveux laissant place à un crâne chauve, brulé, avec des cavités. Une profonde entaille traverse son visage. Je devine une excroissance au niveau de son épaule. Je réalise alors que c'est moi qui lui ai fait ça.

- En tant que nouveau directeur de cet établissement, je vous souhaite la bienvenue dans mon école, dit-il d'un ton solennel.

Je sens naitre en moi cette même énergie qui m'avait submergée la dernière fois que nous nous étions rencontré. Une forte lumière ainsi qu'une importante chaleur naissent dans mes mains. Je peux sentir cette force, cette électricité parcourir tout mon corps. Frédérique sourit. Je tends mes mains vers lui et lui projette toute ma force. Je sens alors une puissance incroyable me propulser en arrière. Je vois l'école s'éloigner devant moi. J'heurte un premier obstacle. Une violente douleur nait dans mon dos. Je sens le bois de l'arbre dans mon dos céder sous la pression et alors que qu'il se brise, cette force me propulse contre un second obstacle. Je m'écroule alors violemment au sol. Mon corps est engourdi par la force du choc mais je trouve la force de me relever. Devant moi, un arbre s'est brisé en deux et derrière moi, le second est à moitié déraciné. Frédérique réapparait devant moi, un sourire narquois aux lèvres.  Je le dévisage à bout de souffle. 

- Tu ne m'as pas laissé t'énoncer les règles de l'école, c'est dommage, dit Frédéric.   

Je peux voir la meute et Antoine toujours aux portes de l'école, entouré de serpents.

- La règle numéro une dans cette école est que chaque étudiant, chaque personne vivant dans cet établissement, s'en prenant à moi ou à l'un des serpents verra son attaque se retourner contre lui. Donc, pour être parfaitement clair, tu m'attaques, tu subis l'attaques, un loup me mord, il se retrouve mordu, un vampire brise une nuque, je pense qu'il est clair qu'il décède.

Il avance vers moi.

- Un conseil, créé toi un millier de boucliers Lucie parce que le sort que je te réserve, tu ne peux même pas l'imaginer, dit-il méchamment. Tu vas tellement souffrir que tu me supplieras à genou de te tuer pour abréger tes souffrances.  

- Je ne te laisserai pas prendre le contrôle de cette école.   

- Règle numéro deux, plus aucun élève ne ratera un cours, n'enfreindra le règlement, ou ne s'opposera à moi ou l'un des serpents, sinon il passera ses soirées ou ses week-ends dans mon bureau à réaliser des tâches ingrates. Règle numéro trois, pas d'entrainements en dehors des cours, pas d'activités extra-scolaires. Règle numéro quatre, couvre-feu à 17h30, vous mangerez chacun dans vos chambres. Et enfin règle numéro cinq, elle s'applique exclusivement à toi Lucie, plus de permissions le week-end.

- Tu sais que tu ne pourras jamais appliquer ces règles ici. J'ai hâte de voir comment des sorciers de maternelle vont se contrôler. Je pense qu'on va bien rigoler.

Il s'approche de moi

- Je ne te demande pas ton avis.

Il me sourit.

- J'ai un cadeau de bienvenue par ailleurs.

Il me tend une boite. Mon cœur s'emballe, J'ai peur de ce que je pourrai découvrir. J'ouvre la boite et observe la tête de Bao à l'intérieur. Une peine immense me submerge. Le sol tremble, le vent se lève. Je sens mes mains fourmiller. Je ferme les yeux et me recentre.

- Mais ce n'est pas finis, j'en ai un deuxième, viens avec moi.

Il pose sa main sur mon épaule et nous disparaissons. Nous réapparaissons sur la dune, devant les ruines de notre château, notre maison, maintenant parti en fumé. Il ne reste que le sol et quelques fragments de mur. Il l'a brûlé. J'ai l'impression de voir ma vie s'envoler, tous mes souvenirs de mon père, de ma mère, d'Achille, tout était là. Mes jambes s'engourdissent, je me sens tout à coup très faible. Nous réapparaissons devant l'école. 

- Je pense que tu devrais rentrer Lucie, dit simplement Frédéric.

Je disparais et réapparais dans ma chambre. Je m'écroule dans mon lit et fonds en larme. Je suis rejoint par Lou qui entre et vient directement me serrer dans ses bras. Je pleure contre son épaule un long moment. Sa main caresse doucement mon dos.

- Qu'est-ce qu'il a fait ? Souffle-t-elle.

- Il a tué Bao Lou. Il l'a décapité. Je tenais sa tête dans mes mains.

- Oh Lucie...

Je peux sentir qu'elle se retient de pleurer.

- Et il a brûlé notre maison.

Elle me sert un peu plus contre elle.

- Tout ça c'est ma faute, si on n'était pas parti, j'aurai pu l'en empêcher.

- Mais non, tu n'aurais rien pu faire. Tu as vu ce qu'il a instauré ici...

- Bao était un véritable membre de la famille. Il a grandi avec nous.  

- Je sais.

Je continue de pleurer un long moment puis on nous apporte le repas. Je ne mange pas, je n'ai pas d'appétit. Lou passe le repas à critiquer cette nouvelle organisation, à insulter Frédéric.

- On a même plus de vêtements Lucie. Il me reste seulement un jean et un top. Comment on va faire si on ne peut plus sortir ?

- Tu devras attendre le week-end, de rentrer chez tes parents.

- Mais toi, tu vas faire comment ?

J'hausse les épaules.

- Je me débrouillerai, j'en créerai. Le système ne tiendra pas une semaine de toute façon.

Elle sourit  

- S'il croit que Maxence va supporter qu'on ne dorme pas ensemble, il se trompe.

Je souris.

- J'ai hâte de voir la réaction de William quand il va apprendre toutes ses règles, il va péter un plomb, je réponds.

Elle sourit.

- S'il ne peut plus jouer au baseball ou si on ne peut plus chasser il va devenir fou.

- Il ne contiendra pas près d'un millier d'élèves au sein de l'établissement, c'est impossible. Ça va forcément dégénérer.


Le soir, tard, je réalise un sort de localisation grâce à mon sang pour identifier où se trouve Malika. Après une heure de sort, je réussi enfin à la localiser sur une carte, au Canada. J'envoie un message à Martin pour qu'il la retrouve. Lou appelle William pour l'informer de ce qu'il se passe ici. Il demande à me parler mais je n'en ai pas la force, je le verrai dans quelques jours. 

L'école fantastique 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant