Chapitre 17

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Lorsque je retrouve ma classe le lendemain matin, j'ignore tous mes camarades et vais directement m'asseoir au fond de la classe. Je repère Camille, assise un peu plus loin qui me regarde inquiète. Je détourne le regard fatiguée et attristée. La nuit a été longue. Antoine est absent. Je n'arrive pas à suivre les deux premières heures cours, je ne cesse de repenser à cette nuit, ne cesse de culpabiliser, ne cesse de m'inquiéter pour l'avenir. A la pause, Camille s'approche timidement de moi.

- Merci Lucie, pour hier.

- Est-ce que ça va ? Je demande.

- Est-ce qu'on pourrait discuter seule à seule ?

- Oui.

Je me lève et la suis dehors. Nous nous asseyons sur un banc.

- J'ai eu vraiment peur, avoue-t-elle.

J'hoche la tête. Je la sens stressée, inquiète.

- Lucie, j'ai quelque chose à t'avouer.

Je sens mon cœur s'emballer comme si je savais que je n'allais pas aimer la suite de la conversation. Sa voix tremble, elle est mal à l'aise.

- Lucie, hier, je me suis disputé avec William, des histoires de jalousie, explique-t-elle rapidement ne souhaitant pas entrer dans les détails. Pour me venger ou lui faire peur..., je me suis laissé enlever par les serpents, dit-elle timidement.     

J'ai l'impression que mon cœur manque un battement. Je sens une énorme tension monter à l'intérieur de mon corps.

- Je suis sincèrement désolé, je ne pensais pas... continue-t-elle.

J'essaie d'intégrer ce qu'elle me dit mais les images de cette nuit tournent en boucle dans ma tête. Je me lève, ne pouvant plus rester à côté d'elle.

- Tu as fait exprès de te faire enlever pour faire réagir William ?! Je demande dans l'incompréhension et en colère.  

- Je ne pensais pas que les choses dégénèreraient autant. Je ne pensais pas que ce serait toi qui viendrais la première me chercher. Tout est allé très vite, je me suis laissé emporter par la colère.

Je sens mes doigts fourmiller. Les battements de mon cœur s'accélèrent. Une quantité importante d'énergie traverse mon corps en une fraction de seconde. Elle se lève à son tour. Le temps se couvre instantanément.

- Je te demande pardon Lucie, je ne voulais pas te blesser..., dit-elle visiblement sincère. 

Je vois alors William sortir du bâtiment et courir vers nous pour se mettre devant Camille.

- Lucie, s'il te plait, elle ne savait pas ce qu'elle faisait, essaie-t-il de me retenir.

Lou sort elle aussi et vient se mettre devant moi

- Arrête Lucie, elle n'en vaut pas la peine.

Je fixe Camille, le regard plein de rage.  

- Est-ce que tu sais ce que j'ai fait pour toi ?!

- C'était une erreur Lucie, s'il te plait, m'implore Camille.

- J'ai encore fais un massacre, brûlé vif des serpents, j'ai fais exploser un vampire pour te trouver. J'ai laissé Antoine t'emmener alors que le sorcier m'avait privé de mes pouvoirs. J'ai pris une balle pour toi ! J'ai passé la nuit dans un frigo, entouré des cadavres que j'avais tué plus tôt. J'ai été torturé !  

- Lucie, s'il te plait, dit William. Elle regrette. Et c'est autant sa faute que la nôtre. Nos vies à tous les deux sont guidés par cet homme. Elle a fait une erreur mais tu ne peux pas lui reprocher tout ce qu'il s'est passé.  

Je l'ignore et continue de fixer Camille.

- Mais le pire Camille, le pire c'est que... j'ai trahis ma mère et Achille. Sans mes pouvoirs, Frédéric a eu accès à tous mes souvenirs. Tout ce pourquoi je me suis battue toutes ces années s'est envolé parce que tu t'es laissé prendre par les serpents, par jalousie !

Elle me fixe sous le choc.

- Lucie, je suis désolé, dit-elle, je ne pensais pas que les choses iraient si loin.

Je sens des boules d'énergie naitre à l'intérieur de mes mains. La lumière luit de mes doigts. Lou attrape mes bras et me fixe.

- Lucie, tu le regretteras...

- Arrête Lucie, si Frédéric est encore là c'est pour toi ! Gronde William. S'il a toutes ces images de maman c'est ta faute, c'est parce que ce sont les images que tu gardes d'elle ! N'oublie pas que Camille aussi a été torturé, qu'elle aussi a failli mourir. Et oui, elle a fait la connerie de se laisser prendre mais elle ne s'est pas non plus rendue ! Non, ils sont venus la chercher pour te faire du mal et me faire du mal ! Elle n'est qu'un dommage collatéral de toute cette merde !

- Pourquoi tu lui trouves des excuses ?! Elle savait dans quoi elle s'impliquait en devenant mon ami, en sortant avec toi ! Elle a vu les serpents nous attaquer ! Tu savais très bien ce que tu faisais ! Je dis en la fixant. Si ça avait été un loup de la meute tu ne l'aurais pas défendue comme tu la défends, je reprends à l'intention de William.

- Mais c'est ma petite-amie et tu es injuste !

Je le fixe troublée.

- Moi je suis injuste ?! Je demande.

Je sens Lou appuyer sur mes avant-bras en espérant que ça me retienne.

- Je lui ai sauvé la vie ! Je m'exclame.

- Non ! Tu n'as fait que rétablir l'ordre ! Répond William.

Je sens mes doigts se contracter pour tenter de restreindre mes pulsions.

- Lucie, ne réponds pas à ça, me souffle Lou. Il ne sait pas ce qu'il dit. 

- Qu'est-ce que tu vas faire ?! Me demande William. Utiliser la magie contre nous ?! C'était hier qu'il fallait l'utiliser pour protéger tes souvenirs, après tout, tu es de catégorie 7, non ?!

- William ! S'exclame Lou en colère.

A ce moment-là, toutes les fenêtres de l'école explosent et les portent tombent. Une voix de robot résonne dans les hauts parleurs de l'école.

- Les cours sont annulés cet après-midi et le couvre-feu s'annule ce soir, que chacun sorte comme bon lui semble.

Partout dans l'école, tous les serpents se sont évanouis. Rapidement tous les élèves de l'école sortent dehors, jouer, courir, se transformer, prendre l'air. Je fixe une dernière fois Camille.

- Je ne veux plus jamais entendre parler de toi ! Tu n'es plus rien pour moi !

Je disparais dans un nuage de fumée blanche et réapparais au bord d'une falaise à quelques kilomètres d'ici. Devant moi, l'océan se dresse à perte de vue. Le vent vient soulever mes cheveux. C'est ici que nous emmenait notre père lorsque nous étions énervés. Je hurle de douleur, de colère, de fatigue, d'impuissance. Il y a tellement de tensions, tellement de pouvoirs en moi et pourquoi ? Que puis-je faire à part du mal ? Je ne peux même pas protéger les miens, je ne peux même pas me protéger. Je hurle plus fort pour tenter de libérer toute cette rage en moi. Le ciel s'assombrit, l'orage gronde. Je suis en larme. Les images de papa et maman me reviennent en mémoire. Ils me manquent tellement. Je ne veux plus souffrir. Je tremble de colère, de peur, de tristesse. Je hurle encore une fois. Je sens l'énergie traverser tout mon corps et comme une puissance en sortir. Je hurle encore plus fort. Le sol tremble, les vagues se déchainent. Je m'arrête après quelques minutes, essoufflée. La pluie tombe. Je m'assois au sol et me laisse tomber en arrière. Je suis en larme, à bout de souffle. Je ferme les yeux et tente de me calmer. Peu à peu, je me sens mieux, j'arrive à m'apaiser.   

  

L'école fantastique 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant