exclusion de cours

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    Le lendemain, on commence par histoire-géo. Super. Dans la joie et la bonne humeur... Je fais tout pour éviter de croiser Adrien dans les couloirs. Oui j'ai arrêté de parler de lui à la deuxième personne du singulier. Niveau débilité on atteignait des sommets là...

   Le professeur d'histoire-géographie est du genre a se laisser marcher dessus et ses cours sont de vraies cohues. Je n'ai donc pas d'excuses pour ne pas parler à Steeve. Tout compte fait, s'il n'est pas aussi antipathique qu'hier, ça pourrait même m'éviter de m'ennuyer et éviter qu'une gêne s'installe entre nous car le silence rend mal à l'aise. Mais je n'irai pas jusqu'à dire que ce serait cool.

   Il s'installe à côté de moi sans même me regarder.

- Salut, lancé-je.

- Salut.

   Il lève la tête vers moi. Il a l'air malade ou fatigué... Je lui souris et demande ;

- Ça va ?

   Son expression change du tout au tout comme si il effaçait une facette de lui ou qu'il enfilait un masque. Mais ça se trouve j'invente trop - ce qui ne m'étonnerait pas de moi car je suis très créative et rêveuse, peut-être que le fait de lire abondement y est pour quelque chose - et il vient juste de se réveiller. C'est plus probable.

- Bah oui.

   Il détache son regard du mien. Il y a un long silence. Il ne me retourne même pas la question... très poli. Pas facile d'engager la conversation avec ça.

   Soudain, il rit discrètement puis tourne son visage vers le mien. Il a l'air joueur à présent. Il me fixe et sourit.

- J'en oublie les bonnes manières ; et toi ?

- J'ai cru que ça ne sortirait jamais dit donc.

- Tu ne m'as pas répondu.

   Je tourne mon visage vers la fenêtre. Dehors je vois la cour de haut car nous sommes au deuxième étage. Les élèves en bas paraissent petits et le bruit qu'ils font semble venir de loin comme quand on essaie de dormir dans un bus ou un train et que les sons sont brouillés. Au loin, je peux apercevoir des élèves qui font sport dehors et qui courent autour de la piste derrière la barrière qui délimite la cour. Le temps est clair mais il ne fait pas chaud. C'est le début du printemps. La nature s'éveille doucement et les petits oiseaux recommencent seulement à chanter.

- Tu ne trouves pas bizarre le fait de poser cette question à tout le monde à chaque début de conversation toi ? demandé-je. Alors que nous ne pouvons répondre que oui à une personne que l'on ne connaît pas bien puisqu'on ne va pas déballer tous nos problèmes à n'importe qui. Donc on n'est jamais sûr d'avoir une réponse sincère. C'est pourquoi ce genre de question devrait être réservée uniquement à nos amis les plus proches non ?

   L'atmosphère est soudain pesante. Comme si il y avait de l'orage dans l'air, mais ce n'est que le reflet de la tension entre nous. On dirait que nous sommes trop différents pour s'entendre, ou trop pareils justement, comme deux cocottes minutes sur le point d'exploser à force de contenir trop d'émotions négatives.

Il me répond nonchalamment ;

- Je sentais que tu allais parler philosophie, autrement dit de trucs chiants et franchement je n'ai pas la tête à ça le matin de si bonne heure.

   Oh monsieur n'est pas content dit donc. Après je peux comprendre, il n'a rien demandé et il se retrouve à côté d'une fille qui lui parle de choses inutiles et compliquées. Le reflet de ma vie. Je penses trop. Tout le monde me voit comme ça ?

- Qu'est ce qui t'as fait savoir que j'allais parler de philosophie ?

- Bah vu ton type de personne.

   Voilà on y est...

La fois de tropOù les histoires vivent. Découvrez maintenant