La fois de trop

chez lui...

On arrive chez lui. On monte les escaliers pour rejoindre son appartement. Je suis derrière lui. J'ai les mains moites. Beaucoup trop de pensées indistinctes tourbillonnent dans ma tête. Mais je garde la tête haute et une idée fixe me retiens à la réalité ; Steeve. Je me refuse à penser trop. Je ne dois plus autant réfléchir. Oui, je viens de sécher les cours, oui, je ne sais pas ce que je vais faire chez Steeve. Oui, c'est n'importe quoi. Mais l'adrénaline m'empêche de trop me poser de question. J'aurai tout le temps pour regretter après.

Steeve ouvre la porte en silence et attend que je rentre avant de la refermer derrière moi. J'observe l'intérieur de l'appartement à la recherche de changements quand je sens soudain des mains me saisir par les hanches et un souffle dans mon cou. Je me retourne. Steeve pose sur moi un regard profond et perçant. Ses pupilles se dilatent et il m'embrasse. Je le suis et il sépare ses lèvres des miennes. C'était un test, une question sans parole comme il n'aime pas parler, et je viens de répondre oui. Alors il recommence plus fougueusement et me plaque contre le mur. Je sens une chaleur monter en moi et je passe mes mains dans son dos sous son tee-shirt. Il m'embrasse le cou en me tenant les hanches. En effet, il sait comment s'y prendre. Je me sens déjà partir.

Je retire son tee-shirt pendant qu'il se détache de moi pour me conduire jusqu'au canapé. Et soudain je me rappelle...

- Ta copine ? demandé-je.

- J'en ai plus, halète-il.

- Sûr ? 

Je repousse ses lèvres qui essaient de me faire taire.

- A cent mille pour cent.

Il me retire mes habits. Ses gestes deviennent plus rapides. Les miens aussi quand je lui retire son pantalon. Steeve m'attrape et me jette sur le canapé, libre pour une fois. Il se place au-dessus de moi. Je suis en sous-vêtement et lui en caleçon. Il s'arrête soudain. 

- C'est quoi ça ? grogne-t-il en voyant mes marques sur mes cuisses.

Et merde, je les avais oubliées elles. Comment c'est possible ?

- Notre deal ? demande-t-il plus fort en reprenant un air énervé et en cassant l'ambiance excitante du moment.

- Je...

- Léanne ! crie-t-il.

Il se retire et se met à marcher dans la pièce en se tirant les cheveux. Je me redresse.

- Je... Steeve, je suis désolée.

Comment se fait-il que ça le touche autant ? Ce n'est pas un drame si ? Soudain, je me rappelle que sa mère est décédée en se coupant les veines... Voilà pourquoi ça le met dans un tel état. Ces marques lui rappellent ce si douloureux souvenir...

   Il tourne vers moi son visage crispé par la rage.

- Je veux que tu arrêtes ! hurle-t-il.

Il me fait presque peur mais je reste calme et pose sur lui un regard apaisant.

- Calme-toi... S'il te plait. Viens t'assoir.

Puis, sans prévenir, il se met à pleurer. Pleurer ! Il enfouit sa tête dans ses mains et se laisse glisser à terre. Je reste subjuguée un bref instant puis me lève pour m'asseoir à côté de lui. Je m'attendais à ce qu'il rejette ma compagnie mais il n'en fit rien. Je l'enlace alors de mes bras sans rien dire.

Il pose sa tête dans ma poitrine. Ses larmes chaudes coulent entre mes seins. J'ai de la peine... Beaucoup de peine. Je le sens soudain si vulnérable, si blessé... J'ai mal pour lui. Je l'entends hoqueter entre deux sanglots « maman » à plusieurs reprises. Son chagrin est si douloureux que je le ressens et que je sens les larmes me monter aux yeux.