pardon...

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 Le cours m'ennuie au plus haut point. Comme toutes les dernières heures de la journée, soit. 

Je vais attendre que ça sonne puis je raterai l'heure d'étude avant l'arrivée des bus puis j'irai voir Steeve – il n'était pas en cours aujourd'hui. Il m'a habitué à faire des choses de ce type.

Ça sonne. Je pars comme une balle mais un bras me retient. C'est Elise.

- Tu vas où ? me demande-t-elle.

- J'ai un truc à faire rapidement.

- Tu es sûr que ça va ? Tu veux que je t'accompagne ?

- Non merci. T'inquiète pas pour moi, répondis-je avec un sourire crédible et même sincère.

J'ai des amies en or, je le sais. Ça me fait chaud au cœur, mais je dois y aller rapidement. La laisser là, dans le couloir, me fait mal mais je me retourne et continue mon chemin.

Je marche sans réfléchir. J'ai en tête une seule pensée ; mon objectif, mon point d'arrivée. Je ne prends pas le temps d'observer autour de moi, ma tête est comme prise dans une bulle. 

J'arrive devant le bâtiment. Par chance la porte d'entrée est ouverte. Je monte rapidement les escaliers sans m'en rendre vraiment compte et arrive rapidement devant la porte de son appartement. Je sonne. J'attends. 

Encore. 

Encore. 

Ça ne répond pas. Il n'ouvrira jamais...

J'entends soudain un bruit de l'autre côté. Ça bouge. La porte s'ouvre enfin sur Steeve, planté là, avec un visage surpris. L'expression dans ses yeux est vite remplacée par de la colère quand il réalise qui il a en face de lui.

Avant que j'ai pu ouvrir la bouche il commence à refermer la porte. Je bloque mon pied par réflexe rapide dans l'entrebâillement. Il s'arrête sans pousser sur mon pied ni refermer la porte.

- Attends. Je... suis vraiment désolée. Sincèrement. Tu ne méritais pas de te prendre tout ça dans la gueule. Mes paroles étaient influencées par ma colère et elles n'étaient pas sincères. J'ai dit n'importe quoi je te promets.

Le silence est sa seule réaction. J'attends quelques secondes mais rien ne se passe. Je suis pourtant sûre qu'il est derrière la porte. Je sens sa présence.

- Je crois que j'ai fait de la merde. On est quitte ?

Encore rien... Toujours rien... Je commence à retirer mon pied et m'apprête à repartir quand la porte se rouvre. Steeve relève la tête. Ses yeux sont brillants, une larme s'échappe de sa paupière et roule sur sa joue. J'ai tout de suite un coup dans la poitrine. Je lui ai vraiment fait mal. Steeve qui pleure ! Je ne l'ai vu qu'une fois pleurer et j'étais persuadée ne jamais le revoir dans cet état... Mais si.

- Oh... Je...

- Léanne, je ne t'ai jamais prise pour une conne. La vérité c'est que j'ai peur de ce que je ressens avec toi. Ça ne m'est jamais arrivé et je ne voulais pas de cette sensation que je ne connais pas.

Je suis vraiment perplexe. Je reste là, figée sur le perron, sans bouger. Je ne tremble pas, je ne pleure pas, mon corps ne réagit pas. Le temps que mon cerveau intègre la nouvelle et qu'il comprenne, je semble être comme un ordinateur en train d'émettre un bug.

- Entre, dit-il d'une voix presque agressive.

Je reprends mes esprits seulement après avoir obtempérer comme un chien et pénétrer dans son appartement.

La fois de tropOù les histoires vivent. Découvrez maintenant