quand c'est la fin...

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   J'ai dormi comme un bébé grâce aux cachets. Je suis aux anges. Je me sens en pleine forme pour passer une bonne journée. Je me lève et me prépare. Puis, après le petit-déjeuner de la cantine, je sors de l'internat, en petite robe légère et courte à fleurs, et mes cheveux lâchés dans lesquels se cache une fine natte discrète.

A la sortie de la cantine, quand je remonte vers le lycée, une voix m'interpelle ;

- Léanne !

Je me retourne ; c'est Steeve.

- Qu'est-ce que tu me veux ?

- Tu faisais quoi avec Juan ?

- T'es jaloux ? J'ai pas le droit de flirter ?

Je reprends ma marche, l'ignorant mais il se détache du mur où il était adossé et me suit. Je m'attendais à cette réaction.

- Te fou pas de ma gueule, il est casé ce mec-là, tu le sais car sa nana était à côté.

- Quelle déduction Sherlock.

Je lui ressors des phrases qu'il m'a déjà sorties, en l'occurrence à l'arrêt de bus. J'adore faire ça, ça le déstabilise.

- Arrête Léanne. Tu lui as acheté de la drogue.

- Et alors ?

Il me rattrape et me chope par le poignet pour me retourner. Je croise son regard, il est énervé et apeuré à la fois.

- Léanne ! Je veux pas que tu te scarifies alors je veux pas que tu te drogues pour autant !

- Ta gueule, rappelle-toi que c'est de ta faute si j'y ai gouté.

Mes mots sont tranchants. Je sais que je lui ai fait mal. Il a un mouvement de recul.

- C'est pas juste ça.

- Mais c'est vrai Steeve. C'est indéniable. Moi j'ai essayé d'être bénéfique à ta vie et tu m'en veux pour ça, mais toi, tu n'as que participé à la détruire et je t'en veux même pas.

C'est en partie vrai. J'ai beau essayer d'être en colère contre lui, je suis juste triste, et en colère contre moi-même. Ma haine pour lui n'est pas comme elle devrait être après ce qu'il m'a fait.

- Tais-toi ! dit-il plus fort.

Je sais que si je continue il va s'énerver pour de bon. Alors je m'arrête.

- Je... t'ai entrainé dans ma chute pour être moins seul, c'est égoïste... continue-t-il plus doucement.

Il regarde le sol, abattu. C'est la première fois que je le vois comme ça, que je le vois reconnaitre ses tords et même s'en vouloir sincèrement.

Je me sens prise au dépourvu devant son air. Mais je me ressaisis, je ne dois pas me laisser amadouer.

- Oui.

- Mais... tu as merdé quand même, continue-t-il.

- Oui.

J'ai répondu avec dédain, comme si j'acquiesçais juste pour lui faire plaisir, mais je sais sincèrement que j'ai tout de même merdé...

- Oui ? sincère ? demande-t-il.

- Oui...

Il m'embrasse. Je me laisse faire. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs. Je ne voulais pas. Mais je n'ai pas réussi à me convaincre de reculer.

- Léanne Bertin. Arrête de prendre ces trucs.

- En quel honneur ?

- Pour pas finir comme moi.

La fois de tropOù les histoires vivent. Découvrez maintenant