l'audience

40 1 0
                                    

      Le lendemain matin, ça allait mieux ; plus de nausées. Charlie a abandonné l'idée de me soutirer des informations sur ce que j'avais et donc parallèlement, sur ce qu'il s'est passé avec Steeve.

En arrivant au lycée, je vois Steeve qui m'attend adossé contre le mur à côté de mon casier. Il regarde son pied droit par terre et tape avec son pied gauche contre le mur. Il donne des petits coups secs et réguliers. Il est stressé.

Quand il me voit arriver, il me saute dessus.

- Tu es sûre que ça va ? demande-t-il précipitamment.

- Oui. Promis.

- Tu as vomi ? T'es pâle.

- Non, ça va.

Je suis vraiment surprise qu'il s'inquiète autant. Je trouve même ça envahissant.

- C'est à quelle heure le juge ? demandé-je pour changer de sujet.

Il me regarde et ses yeux redeviennent sombres et durs. On pourrait comparer ce phénomène à une fumée noire qui arrive et envahie ses yeux ainsi que tout son corps. Cette fumée transporte toutes ses idées sombres.

- Dix heures du matin.

- Quoi ? Mais comment tu veux que j'explique ça à mes parents ? Ils ne voudront jamais que je rate des cours pour accompagner quelqu'un au juge. Surtout que je ne pourrais pas rentrer j'imagine.

De plus, mes parents n'ont pas connaissance de Steeve. Je n'ai pas présenté ça comme argument car je ne sais pas quelle réaction Steeve aurait eu. Mais d'un côté je ne pense pas qu'il soit du genre à vouloir que l'on se présente à sa famille, que l'on officialise à ce point.

- Non.

Bon. Je ne veux pas le laisser seul. Ce projet me parait fou mais je ne le laisserai pas tomber. Je me suis déjà engagée. Et que ce soit vraiment indispensable à ses yeux ou non que je vienne, j'irai.

- Je vais me débrouiller. Ça va aller ?

- Oui.

- Ok. 

- Léanne, m'appelle-t-il avec une voix grave et sérieuse tout en captant mon regard.

Il fouille dedans et semble préparer le terrain avant de dire quelque chose de très important. Je sens mon corps se tendre sous la pression de l'attente.

Puis son regard retombe sur ses chaussures et il dit ;

- Non, rien.

Je suis un peu déçue. Mais c'est mieux comme ça. Je ne veux pas qu'il me dise je t'aime dans ces circonstances car je ne sais pas si il serait vraiment sincère. Et en fait, ça me fait peur de savoir. Je ne veux pas savoir.

________________________

Le lendemain, je me lève stressée. Je vais devoir rater trois heures de cours ce matin. Je vais réfléchir à quoi dire à mes parents. Encore trouver des excuses, je deviens professionnelle. Mais je pense que, peu importe ce que je trouverai comme excuse, elle ne passera jamais. Dans tous les cas elle ne sera jamais assez élaborée pour que je ne me fasse pas enguirlander. Mais je peux essayer de faire en sorte d'avoir une sentence moins terrible. Tant pis, j'irai au talent comme on dit. On verra plus tard. Chaque problème en son temps.

Je retrouve Lorrie à la sortie de l'internat.

- Coucou, tu peux me couvrir et dire aux profs avec qui on a cours aujourd'hui que je me sentais pas bien et que je suis allée seule chez le médecin ? Tu diras que mes parents n'ont pas eu le temps d'envoyer un message pour justifier mon absence car ils sont au travail.

La fois de tropOù les histoires vivent. Découvrez maintenant