Mardi. L'appart est complètement vide, il y a juste une pile de carton empilée dans l'entrée. J'ai pas vraiment envie de déménager, surtout pour me retrouver dans une vieille baraque avec des fissures sur les murs et Julien en tant que « beau père » lourdingue.
Maman nous a fait nous lever aux aurores Théo et moi, on a remballé nos duvets et nos matelas, on a déjeuné des céréales sans lait car le frigo est déjà débranché et on rassemblé nos dernières affaires. Julien n'arrête pas de nous dire de faire ceci ou cela, d'aider Maman à fermer tel ou tel carton, il fait comme s'il était notre père et ça m'agace au plus haut point.
Le camion de déménagement est arrivé, Théo et moi chargeons les cartons pendant que « Juju »comme il veut qu'on l'appelle fait son pseudo connaisseur des semis remorques alors qu'il ne sait même pas conduire une Citroën c3 sans caler. Je fais exprès de m'allumer une clope devant ses yeux pour l'énerver, son dédain envers les camés -et Papa par la même occasion- me donne envie de lui casser la gueule.
Julien et Maman sont montés dans la nouvelle Peugeot « familiale » comme ils l'appelle, ça aurait pu être bien si ils ne nous avaient pas forcé, Théo et moi, à prendre le bus car l'arrière de la bagnole est plein. J'ai horreur de me taper la ligne sept à midi, c'est l'heure où tous les lycéens rentrent chez eux pour manger, et comment dire qu'au vu des regards auxquels j'ai droit ma réputation me précède. En soit je me fout d'être considérée comme une camée, mais si je pouvais éviter à Théo d'être assigné à la même étiquette ce serait bénéfique pour lui.
On traverse le quartier de l'hôpital, j'angoisse rien qu'à l'idée de croiser Mel, le mec à qui j'ai essayé de refourguer de la came bidon quand j'avais à peu près 15 ans. Ce mec est une vraie brute, je pense que si je n'avais pas eu la chance d'être amie avec Jessie il m'aurait refait le portrait jusqu'à que je ne puisses même plus ouvrir les yeux. Heureusement pour moi, il y a une certaine différence entre la Alice de 15 ans et la Alice de 17 ans, j'ai coupé mes cheveux, perdu quelques kilos et surtout arrêté d'essayer de vendre de l'herbe de Provence en faisant croire que c'était de la beuh.
*
Très honnêtement, la maison est horrible, je ne sais pas ce qui est passé par la tête de Maman et Julien, mais il y a des fissures sur les murs, de la vieille moquette plus que douteuse sur le sol et la plupart des fenêtres donnent en plein sur celles de l'hôpital. Franchement c'est un plaisir, je vais pouvoir jouer à pierre feuille ciseaux avec des gens en phase terminale d'un cancer du cerveau ou des mecs en réanimation.
VOUS LISEZ
ALICE
Teen FictionAlice au pays des « merveilles ». nov.2021 - avr.2022 TW : drogues, sexe (implicite), suicide (mention), langage vulgaire