27 AVRIL

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Jeudi. Julien m'a littéralement obligée à aller au lycée, il dit qu'après ma fugue de l'autre jour je ne devrais même pas avoir mon mot à dire. Il me traite comme une gamine de 12 ans et ça me donne des envies de violence, même Théo va avoir plus de libertés que moi si ça continue.

Le bus en bondé, je savais pas qu'autant de gens du lycée venait de cet endroit. L'idée de traverser le quartier seule m'angoissait tellement que j'ai peut être abusé sur ma conso' de coke pour me détendre, à un point que mes pupilles tiennent plus de la balle de tennis que d'autre chose. Même si j'ai des lunettes de soleil et une capuche pour me cacher j'ai peur que quelqu'un me reconnaisse et se doute de quelque chose, ou pire, de croiser le type qui m'a refait le portrait il y a quelques années. J'ai déjà assez de la vue sur l'hôpital, alors pas besoin d'aller le visiter.

Loup m'attend devant le portail avec son pete à la main. Il essaie de paraître discret en le roulant comme une clope mais même sans être un fin connaisseur l'odeur n'est pas la même. Il baisse ses lunettes de soleil, je fais pareil, il a les pupilles de la taille d'une balle de golf, on échange un regard complice, il me tend son joint. Si ça continue comme ça on va finir en désintox' à même pas 18 piges. Comme s'ils croyaient qu'avoir un pauvre jeton pour mes quarante cinq jours d'abstinence allait changer ma vie.

Dylane arrive, je refile vite le pete à Loup, j'ai franchement aucune envie qu'elle me voit avec ça, même si elle sait que je consomme pas que du tabac. Elle m'embrasse sur la joue, le regard des gens autour me donne envie de hurler de rage, j'ai l'impression d'être vue comme un animal de foire depuis que je suis revenue. Peut être que j'aurais dû rester avec Ruben et Fatima, au risque de me faire coincer par la brigade des stups' et de finir derrière les barreaux à même pas 18 ans.

*

Les cours sont interminables, j'aligne des lettres qui forment des mots qui forment des phrases sans même les comprendre tellement mon cerveau est ailleurs. Loup me fait passer des petits papiers où il dessine des petits bonhommes pour former une BD. Le pire c'est que cet idiot dessine bien, je me rappelle qu'en seconde il était en option arts plastiques, même s'il séchait les trois quarts des cours tellement il avait la flemme de passer le mercredi après midi au lycée. Personnellement j'ai jamais eu la motivation de prendre une option, j'ai toujours été trop désintéressée de tout pour réussir à passer plus d'une heure à faire la même chose, excepté quand on parle de skate ou de guitare, et encore.

ALICEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant