20 MAI

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Samedi. J'en suis à un point où j'ai tellement envie de sortir de ce trou que je me suis résignée à mentir sur ce que je pense de la drogue. Mes nouvelles règles de bases sont : j'aime pas la drogue, ça ne m'apporte rien, c'est mauvais. Honnêtement je pense que vu tout ce que j'ai déjà prit il est trop tard pour que j'espère m'en sortir, à la limite si j'en avais envie peut être que j'y arriverais, le problème étant que je n'ai aucune d'arrêter. Pourquoi j'arrêterais après tout, j'ai aucun but dans la vie, même pas envie d'avoir mon diplôme, pas d'argent et je me suis fait larguée et virée de chez moi, j'ai meilleur temps de faire une overdose, ça prendra sûrement moins de temps que de crever sous un pont. Personne n'en aura rien à carrer que je me tue dans tous les cas.

Quand j'étais gamine je m'étais jurée de jamais prendre ce que j'appelais « ces cochonneries », j'ai pas tenu longtemps. C'est toujours allé en s'empirant, la weed une première fois, la clope tout le temps, encore la weed, la codéine, la coke, le LSD et maintenant je me défonce probablement au truc le plus puissant que les camés connaissent. J'ai essayé d'arrêter, vraiment, après m'être fait casser la gueule une première fois par Mel j'ai dit « c'est finit ça ». J'ai tenu quelques mois, puis je suis sortie avec Paula, on fumait beaucoup, vraiment beaucoup. J'essayais vraiment de me contrôler mais j'ai jamais réussit à arrêter complètement, dès qu'on me proposait de tirer je sautais sur l'occasion et je tirais des taffes énormes.

Quand on a rompu j'ai encore dit « allez c'est finit », cette fois j'ai dû tenir six mois juste en fumant des clopes, et je me suis remis à la weed combinée avec du Xanax, et j'ai couché avec Loup. Étrangement je regrette pas vraiment cette nuit là sur les faits, c'est juste maintenant avec le recul que je regrette parce que j'ai le VIH. Après ça j'ai encore voulu arrêter, j'ai dû tout stopper pendant neuf mois ou un truc comme ça, plus rien, juste des clopes. C'est quand je suis allée à cette soirée en mars que j'ai vraiment découvert la drogue dur je pense, la coke c'est vraiment un autre niveau, rien qu'à comment ça se prend on sent que c'est plus fort. Franchement j'ai adoré ça, vraiment énormément, et j'ai voulu tester encore plus de trucs, mais dans ma tête « j'avais le contrôle » de la situation, alors j'ai prit du LSD, alors je suis partie, alors j'ai couché avec Fatima, alors je lui ai volé sa came, alors j'ai tué Fatima.

*

C'est quand je me suis mise avec Dylane que j'ai vraiment voulu arrêter, mais la coke on s'en défait pas comme ça, sinon ça s'appellerait pas « drogue dure ». Rien que de m'en passer pendant sept heures me mettait dans tous mes états, le stress, la paranoïa, l'impression que tout le monde cherchait à me descendre, c'était pas possible de s'en passer. Alors j'ai fait comme si j'avais arrêté, des lunettes de soleil sur le nez en permanence parce que j'avais des pupilles de la taille d'une balle de golf.

L'héroïne c'est vraiment le pire et le meilleur truc que j'ai prit, les trips sont tellement bons mais le sevrage est tellement difficile que je pourrais me tuer à tout moment. J'aimerais bien m'en passer, mais je peux pas, l'étiquette d'héroïnomane me colle déjà à la peau et de toutes façons vivre sans est un vrai calvaire. Il y a deux semaines ç'aurait été faisable, quand je ne savais pas que Loup et moi avions le sida, quand Dylane ne me détestait pas et surtout que je ne savais pas que j'avais tué Fatima.

Je me rend malade.

ALICEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant