5 JUIN

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TW : langage vulgaire

Lundi. Il est trois heures du matin et j'ai quasiment finit ma bouteille de pastis. Je suis en manque d'hero depuis au moins deux heures et ça atteint un point où je ne vais pas tarder à me chier dessus. C'est horrible le manque, ça me déprime et mon bonheur artificiel s'évapore si vite pour laisser place à une envie de me tuer qui est elle, bien réelle. J'ai besoin de came et pour ça le seul dealeur que je connaisse c'est Jayz. Alors je vais toquer à la porte de son putain d'appart et espérer qu'il ne me demande pas de coucher avec lui.

La porte s'ouvre, il y a du monde. Il y a toujours du monde chez Jayz. Il me sourit et me détaille de haut en bas avant de me sortir un « bah rentres, Mia », il appuie bien sur ce prénom qui n'est même pas le mien. Je sais qu'au fond il sait comment je m'appelle, mais il n'arrive pas à se sortir de la tête ma pseudo ressemblance avec Mia Wallace de Pulp Fiction. Et à choisir entre ça et autre chose j'ai fait mon choix.

- T'as emmené une bouteille ?
- Pastis de mon beau père.
- Je savais pas que t'avais un beau père. Tu me le fais goûter ?
- Je l'ai presque finit.
- Pas de problèmes ma belle.

Je lui tend la bouteille et il la descend cul sec.

- Bof, j'ai connu mieux.
- Moi aussi. Si j'avais su j'aurais prit la bouteille de rouge.
- De vin rouge ?
- Ouais, pourquoi pas ?
- T'as pas la tête d'une fille qui boit du vin rouge, j'sais pas c'est trop raffiné. Ça colle pas avec toi.

Je soupire en me frottant les yeux.

- Qu'est ce qui t'amènes ? Ton mec et toi avez déjà écoulé tout votre stock ?
- Mon mec ?
- Ouais, le mec brun, coupe de cheveux style Jim Morrison et dégaine de skatos.
- Ah ouais, Loup.
- Ouais voilà, je me disais aussi qu'il ressemblait à un prédateur.
- J'suis lesbienne mec, on est pas ensemble.

Il écarquille les yeux et manque de s'étouffer avec sa salive.

- Sérieusement ? Bordel pourtant j'aurais juré que vous couchiez ensemble au minimum ! Comment il parle de toi !
- Une fois. On était def'.

Il me prend par les épaules et m'attire contre lui en m'entraînant sur un canapé, entre plusieurs personnes que je ne connais pas, au milieu de la musique trop forte.

- Tu sais Mia, y a des choses ça trompe pas. Vous étiez peut être défoncés, mais tu t'en souviens, ça veut pas rien dire ça.
- Encore heureuse que je me rappelle de comment j'ai chopé le sida !

Son visage pâlit et il se passe la main dans les cheveux. Il attrape un morceau de verre posé sur la table basse et snif vivement un des rails de coke tracé dessus. Il penche la tête en arrière et secoue la tête pendant la came lui monte à la tête. Il serait presque beau comme ça, sa pomme d'adam bien dessinée lui donne un charme fou, pareil pour ses cheveux blonds qui lui tombent devant les yeux style Kurt Cobain.

- Un rail, me propose t il en me tendant la plaque de verre, c'est moi qui offre.
- Si ça te dérange pas j'aurais plutôt besoin d'un fix. Avant que je m'éclate le crâne contre ta jolie table basse ou que je me plante un crayon dans la carotide.
- Ah ouais t'es suicidaire toi...j'avais zappé ce détail. Bouges pas je t'apporte ça.

Il se lève du canapé et j'en profite pour m'enfoncer un peu plus dans les coussins entre deux nanas blondes que je ne connais même pas. Je repense à ce qu'il a dit sur Loup, qu'est ce qu'il voulait dire par « comment il parle de toi » ? Je sais que Loup a toujours eu du mal à faire la différence entre les différents types d'affection qui existent, amour, amitié et tout le reste mais à ce point là ? C'est pas pour rien qu'il s'est tapé autant de nana.

Jayz revient avec de quoi se faire un fix et se rassoit à côté de moi.

- J'te laisse faire, je touche pas à ça moi.
- Un dealeur ne touche jamais à ses produits, ouais j'sais.
- Sauf quand on parle coke. Ça change tout.

*

Je plane complet, je comate dans le canapé de Jayz telle une grosse larve. Je regarde vaguement les autres gens vagabonder entre cuisine, chambre et salon, parfois s'en aller mais franchement c'est rare.

- Alice, c'est toi ?

Putain. Il y a des moments où il faudrait m'expliquer pourquoi le monde est si petit. Fatima. Je savais pas qu'elle et Ruben étaient dans le coin, si j'avais su je ne me serais probablement pas mit une aussi grosse race.

- Ça fait un bail, Fatima. J'allais presque commencer à croire que tu m'avais oublié.

S'en suit un énorme blanc alors je décide de continuer à parler pour détendre l'atmosphère.

- C'était trop cool l'autre nuit. T'es vraiment belle tu sais.

Elle s'assoit à côté de moi et passe ses bras autour de mes épaules. J'aimerais bien m'abandonner à elle, j'aurais dû le faire il y a longtemps.

- Ouais, c'était cool.

Elle fourre un sachet remplit de poudre blanche dans la poche de mon cardigan et pose sa tête contre mon épaule.

- Tu prendras ça plus tard, en pensant à moi. Tu vas voir c'est de la bonne hero' ça.

Jayz me tend un paquet de chips en s'asseyant à côté de nous. Il reluque Fatima du regard et je serais presque jalouse de voir que quelqu'un d'autre la regarde comme je la regarde.

- J'vois que t'as fait la connaissance de Jill.

ALICEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant