Chapitre 7

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Mes doigts sentent encore le roussi. La preuve que j'ai réussi mes 4 feux hier soir. Mais nouveau jour, nouvel entraînement. Je marche en suivant monsieur Odair à deux bons mètres de distance. Son pas est long et le mien alerte, ce qui fait que mon père ne me distance pas. Nous nous dirigeons vers le gymnase. Le vent souffle, serpente au-dessus des crêtes, fait claquer mes vêtements avant d'aller courir sur l'océan. Des nuages roulent dans le ciel. La journée sera grise.

J'ai les mains moites. J'angoisse, rien qu'à l'idée de devoir subir mon entraînement avec les autres.

Pour penser à autre chose je laisse mon regard caresser cet endroit familier. Le complexe représente un C à l'envers ou un U qui serait tombé sur sa gauche après une grosse tempête. À l'opposé de moi, il y a un premier cube de béton qui renferme des dortoirs. Cela fait maintenant des années que je n'y ai pas remis les pieds. Mais quand j'étais petit j'adorais parcourir ces longs couloirs vides, lors des saisons creuses.

En effet, comme presque tous les jeunes du district – aisés ou qui ont les moyens de se l'offrir – arrivent tôt ou tard ici, il a fallu prévoir des couchettes. Ainsi ceux qui habitent loin dans le fin fond du district peuvent dormir ici. Bien sûr, pour cela un joli petit cachet doit être mis sur la table.

Accolé à angle droit se trouve le deuxième bâtiment qui a une architecture étrange. C'est un cube mais ses surfaces sont comme parcourues de petits éclats d'obus. Les murs sont lézardés et la couleur saumonée.

Depuis la partie mitoyenne aux deux édifices se succèdent la cafétéria, des salles de classe pour la théorie et juste en face de moi l'arsenal. Pièce sombre et remplie d'acier. Être seul dedans est presque terrifiant. Les trois quarts des armes qu'on trouve là-bas sont interdites. Toutefois mon père a su établir de bonnes relations avec les bonnes personnes. Résultat de la balance : les Pacificateurs sont heureux du gymnase de mon père car c'est un lieu d'entraînement disponible pour leurs recrues. Tout le monde y gagne et ces armes ne servent pas à équiper les rebelles, alors ils ferment les yeux.

Le dernier bâtiment en face de nous est miroitant malgré le temps gris. Sa surface est faite d'une matière lisse qui reflète la lumière. Depuis le large, quand le soleil est maître du ciel, le gymnase est presque plus utile que le vieux phare planté de l'autre côté du port. Il est composé d'une salle immense qui abrite tout ce que l'on pouvait rêver : obstacles, cordes, cibles, mannequins, mur d'escalade.

Non, ce lieu n'a rien à envier aux autres centres de formation des districts plus aisés. Les jeunes viennent de tout le district pour suivre la formation de mon père. Pour un stage de quelques jours, hebdomadairement ou pour toute l'année lorsqu'on se rapproche de son bel âge.

Ici, Monsieur Odair a gardé les mêmes fondements qu'à l'école, les enfants sont rassemblés par groupes du même âge : de 12 à 18 ans, tranche d'âge où l'on est éligible pour la Moisson.

C'est une grande fête où l'on tire au sort les tributs. Les tributs – un mâle et une femelle de chaque district – sont offerts au Capitole. Ils seront les acteurs principaux des Hunger Games. C'est l'évènement télévisé de l'année, obligatoire à regarder. Je frisonne rien qu'à l'idée qu'ils vont commencer dans moins d'une semaine.

Plus les jeunes approchent les 18 ans plus ils reçoivent de l'attention. Ils sont la fierté du district Quatre et sauvent souvent les autres enfants en se portant volontaires : ainsi le tirage au sort n'est pas définitif. Toutefois cela n'arrive pas toujours. Parfois, une année aucun tribut n'est volontaire... La peur de voir son nom tiré au sort est toujours présente. Toujours existante, rampant comme un serpent autour de notre cœur. Mais mieux vaut ne pas penser à ce genre de chose.

Hunger Games Le tribut de l'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant