M
on prénom résonne encore dans l'air.
Je mets du temps avant de réaliser que c'est mon nom qui vient d'être tiré. Une fraction de seconde qui dure une petite éternité. Le silence qui suit cette annonce et surréaliste. Des visages se tournent vers moi.
C'est mon nom qui est sur le bout de papier. Je dois me le répéter encore et encore. Malgré cela je ne parviens pas à saisir l'importance de cette annonce. C'est tellement inconcevable qu'un sourire s'étire sur mes lèvres. Avec naturel je souris aux caméras qui me cherchent du regard. Elles n'ont pas de peine à me retrouver, isolé des autres.
Comme un automate je me mets en marche. Je remonte l'allée. Je monte les marches d'un pas digne. L'hôtesse m'agrippe. Je sens ses griffes se refermer sur mon bras et la panique et à deux doigts de prendre le dessus. Baumlie Durain m'attire à sa droite et me relâche. Je me rappelle de respirer.
Je passe une main dans mes cheveux. Cette fausse détente me surprend mais je ne la lâche pas. C'est ma bouée dans le tumulte agité de mes pensées. Mon regard parcourt la foule, fait tout pour garder mon attention rivée sur autre chose que les caméras qui m'épient au point que je ressens leurs regards brûlants. Je me sens trop épié sur cette scène, trop vulnérable, trop exposé...
Baumlie Durain enchaîne. Sa voix résonne partout en moi. J'ai l'impression d'être une coquille vide. Le silence se prolonge. Cette longueur me fait paniquer. Pourtant, à l'extérieur chacun de mes mouvements est exercé avec soin. Ma tête se tourne vers les élèves de mon père. Aucun d'eux ne bouge...
C'est l'heure pour les volontaires de s'annoncer. Mais tous les jeunes hommes ont détourné la tête et fuient mon regard. Je perds pied. Ces jeunes me détestent. Ma respiration s'emballe. Je me sens dégouliner. Il ne me faut pas longtemps pour comprendre l'évidence : personne ne va se porter volontaire. Mon cœur chavire.
Je suis le tribut masculin du district Quatre, pour les 65ième Hunger Games.
Mon regard embrasse le mobilier luxueux de la pièce en un clin d'œil avant que tout ne se dégrade. L'unique porte se referme sur ses gonds, me coupant du monde. Me laissant seul. La panique se répand en moi. S'empare de chaque fibre de mon être. Noirci ma vision. Loin du regard de la foule, à l'abri des caméras mes mains se mettent à trembler. Mon souffle s'emballe. La maîtrise de moi-même échappe à mon contrôle. La réalité me frappe comme des vagues irrégulières, grimpant de plus en plus fortes jusqu'à me submerger.
"Je suis le tribut masculin du district Quatre. Je suis moissonné pour les 65ième Hunger Games... " Je n'arrive pas à m'arracher cette pensée de la tête. Je suis sur le point d'exploser. Toute ma vie a été orchestrée dans le but d'arriver à cette situation, pourtant, l'évidence est trop horrible. Je ne suis pas prêt. Je ne peux pas y aller... Je suis bien trop jeune, pour avoir ne serait-ce qu'une chance de remporter les Jeux.
Je sens mon cœur battre. Je sens mes cellules bouger. Je sens mes poumons se gonfler d'air. Je sens mon échine se hérisser. Je sens mes mains s'agiter contre mes cuisses. Je sens mes sens en mouvement percevant tout ce que le monde peut m'offrir. Je me sens vivre. Tout cela va m'être arraché. Je cherche désespérément une solution à ce cauchemar et c'est là que je l'entends.
Sa voix grave transperce les murs et résonne dans toute la mairie. Mon père est dans une colère folle. Cette attitude me rassure. Cependant malgré la puissance de ses grondements, je ne comprends rien à ce qu'il raconte. Cela ne faisait pas partie du plan d'être tiré si jeune. Il va forcément me sortir de ce mauvais pas, non ? C'est l'un des hommes les plus influents de ce district. Oui, il doit y avoir une solution pour me faire sortir du couloir de la mort.
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Hunger Games Le tribut de l'océan
FanficFinnick Odair passe sa vie à s'entrainer pour les Hunger Games. Jeux meurtriers où l'on peut gagner la gloire et la richesse. Pourtant ce n'est qu'encore un enfant. Il doit aussi apprendre comment marche le monde et ce qui en dehors de son père, inf...