Chapitre 15

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J'ai trop dormi. Je n'ai pas l'habitude de rester si longtemps couché. Je n'ai pas rêvé ou du moins ne m'en souvient pas. Mon corps a repris des forces. Je me sens opérationnel. Mon cœur reste meurtri et je suis toujours courbaturé. Ma peau est sèche comme du papier de verre.

Je vais prendre une grande douche bien chaude. Propre et mieux réveillé, je descends déjeuner. Je remplis le cadran. Une autre journée commence. Je baille à m'en décrocher la mâchoire et pour un peu je rêverais de retourner dormir. Je me secoue.

Mon déjeuner m'attend à ma place comme d'habitude. Ce matin j'ai le droit à un bol de riz au lait aux fruits rouges avec un jus d'orange. À côté un billet m'attend : je dois me rendre au gymnase. Super, j'espère que l'entraînement sera mental et pas physique. C'est beau de rêver.

J'enfourne ma troisième cuillère quand je me rends compte que mon plat est sucré. Je reprends une bouchée et réalise que ce petit déjeuner est délicieux. De plus j'ai une boisson autre que de l'eau. Un tel luxe me surprend. Est-ce que mon aventure contre le Léviathan aurait changé mon père ? Impossible, pourtant son comportement laisse place au doute.

La porte de la cuisine s'ouvre et mon père rentre. Je sursaute et me met au garde à vous par réflexe.

– Toujours là, déclare mon géniteur en élevant les sourcils.

Je hausse les épaules. Mon cœur bat la chamade. Je voudrais le remercier pour ce repas. Lui montrer que j'apprécie l'effort mais mes mots s'étouffent dans ma gorge.

– Réussi 15 lancers, et après je te laisse la journée, ordonne Monsieur Odair.

– Oui père, répondis-je clairement.

Je le dévisage plus que de coutume. Même si l'attention pour mon petit déjeuner était gentille, son visage n'a pas changé. C'est un roc. Son ton est toujours froid. Son attention s'attarde si peu sur moi.

– Ah et Finnick, évite d'aller naviguer aujourd'hui.

Mon père quitte le salon alors que je suis rouge de honte. Le fait qu'il m'ait cherché, trouvé et ramené me met mal à l'aise. Cela montre qu'il tient à moi et s'inquiète. Toutefois, il n'a pas quitté son ton froid et autoritaire. J'aurais voulu qu'il m'engueule, qu'il me demande ce qui c'était passé de vive voix, qu'il me punisse. Qu'il réagisse d'une façon ou d'une autre. Au lieu de ça je n'ai droit qu'à son indifférence.

J'attends désespérément que cela change... Je sors dehors.

Il fait gris, l'atmosphère est lourde. Les mouettes volent bas : il va sans doute pleuvoir. Je pars en direction du gymnase.

Des rires retentissent dans mon dos. Je n'y prête pas attention. J'ignore la classe de Carrières qui s'entraîne au duel avec un joli arsenal. Je note juste qu'il y a les plus âgés du lot : ceux qui me détestent le plus. Ceux-ci doivent compter les jours jusqu'à la moisson avec trépignement.

Je rentre dans l'arsenal. Le présentoir des épées me donne froid dans le dos et j'évite de les regarder. Je me dirige vers les poignards et en prends trois. J'attache les étuis à l'aide de lanières en cuir. Un sur mon épaule droite, un à gauche de mon bassin et le dernier au niveau de ma cheville, celle de droite. Ensuite je sors du bâtiment. Me dirige vers les cibles extérieures. Je n'aime pas m'entraîner ici. Trop de regards. Toutefois j'ai besoin de vaincre cette pression. Je le sais. Et puis, ici ils ont de bons couteaux.

Je me place à 15 mètres de l'objectif : un petit cercle rouge de 10 centimètres de diamètre. Je prends soin d'échauffer mes poignets, de déverrouiller mes bras et le bas de mon corps. Au début chacun de mes muscles proteste à grands cris. Je grimace de douleur mais ne m'arrête pas. J'ai l'habitude de souffrir de courbatures.

Hunger Games Le tribut de l'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant