L'air est salé. Il m'irrite la gorge. Mon corps est recouvert d'un manteau. Enveloppé ainsi et malgré la chaleur je me sens bien. Je suis bercé comme un bébé, ce qui est agréable. J'ai l'impression d'être en sécurité. Perception éphémère. Toutefois mon lit est dur comme du bois ce qui me fait ouvrir les yeux.
Le soleil me brûle la rétine. J'entrevois un ciel bleu. D'un geste vif je referme mes paupières. Des taches lumineuses dansent devant mon champ de vision noir. Je ne suis pas dans ma chambre.
Avec cette information je devine où je me situe. Les événements de mes dernières heures me reviennent en mémoire. Suis-je encore dans le doris ? Non impossible ! Le manteau n'est pas le mien. Mes doigts se referment dessus pour s'agripper à cette fausse sécurité. Avec plus de prudence j'ouvre les yeux, rongé par la curiosité et la peur.
Je suis bel et bien dans ma barque. Je la reconnais car une profonde entaille est faite dans la préceinte. La partie en bois qui entoure le bord de l'embarcation semble avoir rencontré un récif. Sauf qu'en général les rochers percent la coque par le fond. Cette cassure est l'œuvre du Léviathan. On aurait dit la morsure de la bête et non pas l'impact de ses crêtes dorsales. Je m'autorise à sourire : lorsque je vais raconter cette histoire personne ne me croira.
Sur le banc de nage il y a un homme qui manie les rames avec précision. Même de dos, je reconnais mon père. Il est venu me chercher ? Je n'arrive pas à y croire. Mon cœur se gorge d'une drôle de mixture de sentiments. Je ne cherche pas à les démêler.
Des larmes me montent aux yeux, je détourne mon regard.
Je me laisse bercer par les vagues et ne dis rien. J'observe la vue : les plages qui se succèdent. Les rares traces de végétation, quelques arbres en piteux état. Plus profondément dans le district, le Capitole a creusé une baie artificielle pour cultiver les fruits de mers d'eau douce, et les poissons. D'après la rumeur, ce coin-là serait plus verdoyant. Mais c'est un écho que je ne pourrai jamais aller vérifier.
Sur l'océan des centaines de bateaux naviguent et pillent les fonds marins. Ils capturent tout sur leur passage. Cependant, les grands navires se remplissent plus vite et plus fréquemment que les petites embarcations. Ce qui n'a pas de sens. Des mouettes volent après les bateaux, plongent dans leurs sillages et se délectent des restes. Dans le ciel, un couple d'albatros plane sans effort survolant leur territoire.
C'est un spectacle si anodin que j'oublie parfois de le contempler. Toutefois, après ma petite course avec le Léviathan, tout mérite d'être observé. Je me demande comment l'océan peut encore contenir du poisson alors que l'homme le pille et que des Léviathans – j'imagine qu'il y en a plusieurs – sillonnent ses eaux. Ces créatures doivent en manger du poisson pour avoir une telle taille !
Je me demande quel rôle a le Léviathan dans l'écosystème. Et, suivant ce raisonnement, je me questionne sur la possibilité d'en capturer un. Ça ferait beaucoup à manger !
La côte se rapproche, mon père n'est pas allé jusqu'au port. Il est revenu dans la petite baie proche de chez nous. Retour au point de départ. Je lève mon nez pour voir combien d'heures de retard j'ai. Mon géniteur surprend mon mouvement. Il tourne sa tête. Son regard se pose sur moi mais il ne dit rien. L'homme se retourne. Monsieur Odair continue de ramer.
Rouge de honte, je tourne mon attention vers le soleil. J'estime qu'il doit être aux alentours de 15 heures. Le retour en longeant la côte a dû ronger le temps. Je ne m'attendais pas à une telle preuve d'amour. Complètement dépassé par mes sentiments confus, je suis heureux que mon père me tourne le dos. Je jette un coup d'œil à la silhouette de l'homme. Pour une fois il est trempé de sueur. La chaleur et l'effort ont eu raison de son corps.
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Hunger Games Le tribut de l'océan
FanfictionFinnick Odair passe sa vie à s'entrainer pour les Hunger Games. Jeux meurtriers où l'on peut gagner la gloire et la richesse. Pourtant ce n'est qu'encore un enfant. Il doit aussi apprendre comment marche le monde et ce qui en dehors de son père, inf...