Chapitre 18

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J'ai les doigts en sang. Faire des nœuds pendant des heures de suite voilà une activité que je ne veux plus jamais avoir à refaire. Cependant ça m'a permis d'arrêter de réfléchir. J'ai pu ré-enterrer le coffre qui contient mes souvenirs. Aislynn est à nouveau prisonnière de mon cœur. C'est mieux ainsi, en tout cas pour l'instant.

Je marche d'un bon pas. Mon père m'a autorisé à aller souper chez les Solean à condition que je sois à 8 heures prêt pour une nouvelle session d'entraînement. C'est trop beau pour être vrai, j'ai l'impression de flotter.

Plume n'est plus là. Il a dû aller rechercher quelque chose à manger. Il faudra que je repasse chez le boucher. Je note ça dans un coin de ma tête. Je frappe trois coups secs. La porte s'ouvre sur Kohen.

– Ah Finnick, entre, s'exclame-t-il.

Je souris et m'avance. J'atterris dans une joyeuse atmosphère. C'est étrange de se retrouver entre trois membres – Lyrey n'est pas encore rentrée – d'une même famille. Ils ont leurs habitudes bien à eux. Tout s'échange avec rapidité dans ce petit espace.

Au menu il y a des beignets de crevette, du pain frais fait avec la nouvelle ration de la tessera. Tout ceci est accompagné de chou marin. Je me lèche les lèvres, ce sont que des choses que je n'ai jamais mangées.

Le père de Nadir m'informe que Weeney a reçu son chargement en me montrant les beignets. Kohen a réussi son coup, il a effectivement gagné cette négociation. Nadir rajoute même que leur solde est déjà à moitié rempli pour la semaine prochaine. Ça va permettre de les laisser souffler un peu. Une aubaine juste avant la Moisson.

Je souris devant tant de bonne humeur. Le fait que mon meilleur ami soit au courant de la dernière discussion entre son père et Weeney semble avoir chassé toute trace de jalousie de son regard.

Nous passons à table.

– Lyrey n'est pas là ? demande Nad à ses parents.

Ceux-ci haussent les épaules. Je me sers avec modestie. Bien sûr on parle des crevettes et Timéa raconte la dernière bêtise des jumeaux. Une histoire stupide à propos d'un oursin. Kohen essaye d'expliquer la différence entre les espèces de crevettes. Et même Nadir perd le fil.

J'essaye de manger que des minuscules bouchées pour profiter de chaque explosion de saveur. J'ai l'impression de traverser un nouvel océan de goûts. Les beignets sont vraiment une réussite. Je crois que je pourrais en manger jusqu'à trépasser.

Les regards s'attardent de plus en plus sur la chaise vide. L'assiette pleine. La fille des Solean n'est toujours pas rentrée. Une certaine tension commence à arriver.

Le repas est un vrai régal et être entouré chaleureusement change la vie. Je rêverais tellement de vivre dans une famille pareille. Malgré les difficultés ils sont toujours debout à se soutenir les uns les autres. J'espère que le destin sera clément avec eux.

– Tu es sûr qu'elle ne t'a rien dit, demande Timéa à son mari.

Kohen répond par la négative. Sa femme déclare qu'elle va aller vérifier à son travail. Le père de mon ami se tourne vers son fils.

– Va voir si elle est au crevettier...

– Pourquoi serait-elle là-bas, demande Timéa.

– Il va y voir, c'est tout. Je fais un tour de la Houle. Adieu Finnick, reviens quand tu veux.

La tension s'est épaissie. Kohen sort. Timéa débarrasse la vaisselle. Son visage est animé par un complexe mélange de sentiments. Je me sens de trop. J'attrape Nadir qui est en train de sombrer dans la contemplation des veines de bois de la table et le tire dehors.

Mon ami a une curieuse façon de réagir. Il semble paniquer intérieurement. Est-ce si grave que Lyrey ne soit pas rentrée souper ? Me questionné-je. Je me tourne et demande à Nad si ça va. Pour toute réponse il me lance :

– Pourquoi elle n'est pas rentrée ? J'en sais rien si c'est un mauvais présage. Ce n'est jamais arrivé, d'habitude elle rabote sans arrêt des moments où elle ne sera pas sur le pont.

– Ce n'est pas un bateau égaré sur l'océan. T'inquiète on va la retrouver et elle aura juste oublié de vous prévenir.

Nadir à toujours le regard vague et une mine abattue. Je le secoue gentiment.

– Hey capitaine, met les voiles et va vérifier tes points je vais faire un tour dans la zone commerçante et ses alentours.

– Mais Finn, ton père t'attend !

Cette déclaration semble faire revenir à lui mon ami. C'est une bonne chose. Je prends ma décision.

– J'ai le temps, affirmé-je. Je vais vous aider.

Mon ami hoche la tête et pars. Je gonfle mes poumons et m'élance aussi. Une nouvelle quête commence. Il faut retrouver Lyrey.

Hunger Games Le tribut de l'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant