Aujourd'hui, je me lève tard. Il me faut un moment pour comprendre pourquoi mon père n'est pas déjà en train de me tourmenter. Puis ça me revient brusquement – c'est le grand jour – aujourd'hui la Moisson à lieu. Les choses commencent et le mois à venir s'avérera rude.
Je pense à une phrase qu'un marin disait : "Lorsque l'on a toutes nos prises sous le nez, on peut voir les meilleures." Bien sûr ce vieux loup de mer, disparu depuis lors, parlait de poissons. Toutefois la Moisson fait plus ou moins la même chose : un recensement de la population de chaque district et ensuite l'élection des tributs pour les Hunger Games. Mais je repousse ces pensées alors qu'une certaine peur commence à prendre possession de moi maintenant que c'est le grand jour.
Je mets des habits propres : une chemise simple, blanche comme neige et un pantalon léger, gris-clair. Je prends le temps de me coiffer, vérifie si je n'ai rien de coincé entre les dents. M'assure que je suis beau pour les caméras. Tout Panem pourrait me voir... Je refoule cette idée. Je ne serai pas tiré, c'est impossible, m'affirmé-je. Mon pouls s'accélère. Eh bien, cette journée commence mal.
Je descends, rempli le cadran et ne jette pas un regard à la table à manger. Je suis incapable d'avaler quoique ce soit. Je préfère être puni plutôt que vomir en public. Mon estomac est tordu en un nœud complexe que je ne parviens pas à apaiser. J'enfile des souliers en cuir dur. Je m'échappe dehors
Mes pas prennent la direction de la grande place, derrière la mairie. Mon père doit déjà y être avec ses élèves. L'évènement est filmé et retransmit en direct à travers tout le pays. Étant le District Quatre nous passons au milieu de matinée.
Le port est noir, littéralement. Il y a trois fois plus de bateaux que de coutume. Toute la circulation maritime est bloquée. Quatre croiseurs circulent autour du rassemblement d'embarcations, escortant les retardataires et surveillant que personne ne prenne le large.
Un train siffle, je me retourne. Le véhicule flotte au-dessus des rails et avance sans bruit. Il freine pour s'arrêter à la gare du district. Reluisante d'éclats d'argent, la tête est taillée pour la vitesse. Les quatre premiers wagons sont neufs et tout droit venus du Capitole.
Le train emportera nos tributs et en quelques heures ils seront au cœur de Panem. Toutefois, là il apporte aussi le reste de la population du district. Les quatre wagons de queue sont faits d'une simple surface en acier à ciel ouvert. Les habitants du district sont entassés dessus, assis sur les bords où debout accrochés les uns aux autres et aux piques en fer dressées vers le ciel.
C'est incroyable de voir autant de monde regroupé au même endroit. Le train s'arrête, les passagers descendent. Une rivière humaine se forme, elle est délimitée par un cordon d'hommes en blanc et va se jeter dans le lac derrière la mairie.
Plus de 110'000 personnes sont rassemblées. J'entends le bruit que fait cette marée humaine jusqu'ici. Tous les habitants du district qui sont en mesure de venir ont l'obligation d'être présents. Les Pacificateurs se chargeront des déserteurs. C'est une logistique incroyable. J'accélère le pas. Je ne dois pas être en retard. La Moisson ne va pas tarder à commencer.
Je franchis le premier cordon de Pacificateurs qui entoure cette marée humaine. Ils ont l'arme à la main. Sur des échafaudages, montés pour l'occasion, des caméras plus grandes que moi scrutent la foule. J'évite de les regarder.
Il y a trop de choses à regarder, à percevoir. Je me focalise sur l'agitation qui m'entoure et essaye d'oublier pourquoi tant de monde se rassemble.
Je me glisse entre les adultes avec facilité. Le bruit est assourdissant. Je sais que personne ne déborde et s'expose à faire plus de bruit que son voisin. Cependant, chaque voix s'additionne à une autre et ainsi un brouhaha puissant roule dans l'air.
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Hunger Games Le tribut de l'océan
FanfictionFinnick Odair passe sa vie à s'entrainer pour les Hunger Games. Jeux meurtriers où l'on peut gagner la gloire et la richesse. Pourtant ce n'est qu'encore un enfant. Il doit aussi apprendre comment marche le monde et ce qui en dehors de son père, inf...