Chapitre 19

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Il fait bon. Comme à son habitude l'horizon offre un spectacle sublime. Le soleil est en train de disparaître derrière l'océan. Le bleu du ciel s'assombrit, se teint de jaune vers l'horizon. Les quelques nuages qui traînent – petites boules de coton – sont rose-gris.

Malgré cette beauté je suis tendu. Je devrais déjà être rentré. Depuis une heure à vrai dire. L'inquiétude de Nadir m'a parasité. Et comme j'ai promis de l'aider je me sens obligé de poursuivre mes recherches. Même si j'ignore quelle sera ma punition pour avoir tant tardé. La seule chose qui m'encourage à continuer c'est qu'au point où j'en suis quelques minutes de plus ne feront pas une grande différence. Faible réconfort.

Je grimpe la colline. Des cigales chantent à mon passage et des papillons s'envolent. Au sommet de la butte il n'y a personne. Toutefois un son retient mon attention. Un bruit humain. Je m'oriente vers lui.

Lyrey est là, assise à même le sol, recroquevillée en boule. Elle me tourne le dos. Je l'entends sangloter. Je comprends qu'elle n'est pas en train de contempler le coucher du soleil. Je suis soulagé de l'avoir retrouvée même si l'embarra s'empare de mon corps. Une fille qui pleure, je n'ai aucune idée de ce que je suis censé faire. Cela me met plus en stress qu'un duel. Ça ne fait pas partie de mon entraînement. Cela devrait être au programme, pensé-je. J'ignore pourquoi je reste mais je sens que je dois aller vers elle. Toutefois, je ne sais comment m'annoncer.

Je marche en faisant du bruit et fait en sorte d'arriver de côté, en tout cas pas juste derrière elle.

– Bonsoir. À ce simple mot ma voix descend d'une octave.

Malgré mes efforts la grande sœur de Nadir sursaute. Elle se retourne brusquement et je perçois de la colère dans ce mouvement. Cependant son geste se brise à ma vue.

– Finnick. Qu'est-ce que tu fous là ? Me demande-t-elle après avoir reniflé.

Je m'autorise à observer la jeune fille. Ses cheveux sont rasés sur le côté, quelques mèches noires mi-long sur le haut gagnent en intensité alors que le jour s'en va. Ses joues sont mouillées et son nez coule. Elle porte une salopette verte, bouclée que d'un côté, et en dessous un T-shirt blanc.

Sa question me prend de cours car je pourrais si bien la lui retourner. Après tout, c'est elle que l'on cherche partout. Je me sens tout d'un coup comme un idiot debout à côté d'elle. Je me sens nerveux et pour ne pas m'aider ma conscience me signale que c'est la première fois que je me retrouve seul à seul avec Lyrey. Pour me calmer je m'assieds à ses côtés et me force à respirer.

– Je suis à la recherche de quelqu'un, répondis-je.

Je suis soulagé en me rendant compte que ma voix est redevenue normale. Un calme serpente entre nous deux et toute énergie m'abandonne. Je me sens vide. Je me sens bien et dévore du regard le paysage qui s'offre à moi.

– Finnick, es-tu déjà tombé amoureux ? La voix de la grande sœur de Nadir brise le silence si vite installé.

– Oui. À une époque je voulais finir mes jours avec l'océan mais maintenant...

Une image du Léviathan s'impose dans mon esprit et je frissonne. Une peur incontrôlable m'envahi et mon instinct me crie de fuir, comme si j'étais à nouveau au milieu de l'océan. Je dois me faire violence pour accepter le fait que je suis sur terre, à l'abri. Cette peur du large m'effraye. Je ne pensais pas être traumatisé à ce point de ma dernière excursion en mer. Une simple pensée embrase mon corps. J'ai l'impression d'être de nouveau en face à face... Je doute d'avoir le courage de naviguer aussi loin du district une deuxième fois. Je regrette l'époque où ce monstre n'était qu'une légende.

Hunger Games Le tribut de l'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant