CHAPITRE 25 - Lilah

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Le bac, enfin. Elle avait révisé, bien sûr, mais pas autant que la Lilah du passé l'aurait souhaité. Elle avait eu autre chose à penser que de penser à ses fiches de français. Elle réussirait, c'était certain, mais peut-être pas autant que ce qu'elle aurait voulu. Après quatre heures à se concentrer sur Victor Hugo, elle sortit de la salle d'examen en sentant un poids s'envoler de ses épaules. Elle n'était pas tout à fait en vacances, mais le samedi se passait sa soirée d'anniversaire. Elle avait mis ses torts de côté pour inviter Audrey, afin que Cameron retrouve ses deux amies, et passe une bonne soirée. Avec de l'alcool dans le sang, elle ne promettait pas de ne rien dire de travers à Audrey, bien qu'elle n'en pensait pas moins. Rien n'était résolu, rien n'avait été dit. Alors elle mobilisa la pensée de Maya, qui lui permettait de garder un minimum de sang-froid.

Elle reprenait du poil de la bête dernièrement, mangeait un peu mieux et un peu plus, continuait de rendre visite à sa psychologue une fois par semaine. Parce que, bon sang, cela faisait du bien de parler, de se plaindre à quelqu'un dont c'était le métier, quelqu'un qui pouvait l'aider. Lilah n'avait pas forcément l'impression que c'était toujours utile, de parler de ses parents, de son enfance. Mais apparemment, si, c'était important, parce qu'elle se sentait toujours mieux quand elle sortait du cabinet. Bien qu'elle avait décidé d'arrêter la danse classique, elle ne pouvait pas se résoudre à arrêter de bouger son corps, de danser. Alors elle s'était inscrite à la salle de sport, avait commencé les pilates et la danse contemporaine. Dans une autre école. Là où personne ne la connaissait. Le talent transpirait par tous les pores de sa peau, son professeur l'avait déjà repérée, lui avait proposé de s'inscrire à d'autres cours que proposait le studio. La jeune danseuse avait catégoriquement refusé. Plus jamais elle ne voulait enfiler des pointes. Elle voulait les regarder comme le souvenir d'une partie inoubliable de sa vie, mais plus jamais en remettre. C'était au-dessus de ses forces. Le contemporain lui permettait de s'exprimer par le mouvement. Elle avait oublié ce sentiment que la danse seule pouvait lui procurait. Compliqué de le décrire, comme si aucun mot ne pouvait correspondre. Bonheur, légèreté, envol, liberté.

*****

Terminé, enfin. Du moins, jusque l'an prochain. Mais pour l'instant, les écrits étaient terminés, les oraux aussi. Lilah savait qu'elle avait raté son oral, elle n'avait pas la tête à ça. Elle réfléchissait à comment dire la vérité à Maya, parce qu'elle s'était promis intérieurement de le faire quand les examens seraient finis. Pas avant, non, parce qu'elle ne voulait pas la déconcentrer, la démotiver. Elle finissait par la connaître, comme si leurs âmes étaient jumelles. Ames sœurs. Alors Lilah savait que si elle avait tout avoué à Maya, elle serait retombée au fond du gouffre, celui-là même duquel elle venait de sortir. Alors, non, Lilah n'avait pas pu accepter de jouer ce rôle, pas maintenant, plus maintenant.

La voilà maintenant, en train de finir les derniers préparatifs de sa soirée d'anniversaire. Elle avait invité quelques connaissances de son ancien studio de ballet, d'autres de son école de contemporain, des élèves de sa classe de première avec qui elle s'entendait bien. Et Cameron. Et Audrey. Elle était totalement consciente que rien n'allait se résoudre. Cam l'avait laissée sur le bas-côté et s'était enfui avec Audrey. Avec, quand même, peut-être juste pour ne pas paraître si détestable, un ou deux regards en arrière. Compassion, pitié, parfois colère. Colère parce qu'il la tenait pour responsable de l'éclatement de leur petit trio. C'était peut-être le cas, après tout il était presque impossible de le savoir, mais maintenant, elle s'en foutait. La jeune fille voulait essayer d'apaiser les choses, alors elle avait invité Peter, pour essayer d'aider Mia. Pourtant la lycéenne n'était pas dupe ; elle savait que ses anciens amis ne seraient sûrement là que parce qu'ils étaient attirés par l'alcool.

Mini robe près du corps, talons hauts, maquillage chargé, lèvres rouges et yeux charbonneux. On sonne à la porte.

Ça y est. C'est parti. La machine est lancée, et elle n'est pas prête de s'arrêter.

Le fil rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant