Le fil rouge

CHAPITRE 4 - Maya

La semaine était passée vite, et Maya se retrouva chez elle dès le vendredi soir. Pendant le week-end, elle pourrait faire sortir sa petite sœur, pour aller au centre commercial par exemple. Mila passait bien trop de temps auprès de leur mère, car son collège ne proposait pas d'internat. Elle aimait sa sœur, aussi elle devait l'aider à se sortir de l'alcoolisme de leur mère. Le week-end ne serait pas que pour Mila, il serait aussi pour Maya. Elles iraient toutes deux dans la maison de Mamie Joséphine, où l'adolescente et se grand-mère dessineraient côte à côte, concentrées et heureuses, pendant que la cadette prendrait la pause devant elles.

Maya avait hérité du talent en dessin de Mamie Joséphine, et alors que cette dernière avait dû arrêter l'art, elle en avait profité pour lui apprendre tout ce qu'elle savait. La peinture à l'huile, le fusain, l'aquarelle... Grâce à Joséphine, Maya excellait en dessin. C'était ce qu'elle aimait le plus en ce monde, et son rêve était d'entrer dans une école d'art pour devenir bédéiste, et elle ferait tout pour y arriver.

*****

Le samedi matin, Elisa, Mila, Mamie Joséphine et Maya étaient réunies dans la voiture de leur grand-mère, direction le centre commercial. La benjamine ne tenait pas en place. C'était sa sortie de la semaine, loin de leur famille. Maya, elle, était en train de s'endormir, tout comme Elisa. Mamie Joséphine parlait sans discontinuer.

Elles arrivèrent rapidement, et la petite tribu se sépara : Elisa, Mamie Joséphine et Mila se dirigèrent vers les grandes enseignes et l'espace restauration, pendant que Maya partait vers sa friperie préférée, un peu à l'écart du centre commercial. En fouillant bien, elle y dénicha un pantalon large, un jean troué, et un grand sweatshirt. Elle vérifia son téléphone, où aucune notification ne l'attendait. Sans nouvelle de sa famille, la jeune fille savait qu'il lui restait encore du temps avant le repas, aussi elle prit la décision de s'installer sur un banc pour croquer les passants. Elle dessina sans s'arrêter pendant près de deux heures, croquant des enfants, des familles entières, des personnes âgées, des couples d'adolescents, des groupes d'amis de tout âge. Autant de dessins qui iraient dans le book qu'elle réservait pour le concours d'entrée de l'école Emile Cohl. Sa grand-mère vint la retrouver, et s'assit à côté d'elle :

« - Essaie de modifier la posture, je la trouve un peu trop raide. C'est de mieux en mieux, Maya. »

Cette dernière lui sourit, et se replongea dans son carnet. Au bout de deux heures créatives et intenses, la petite famille se retrouva autour d'une table dans le restaurant italien favori de Mila, une petite pizzeria familiale

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La journée se finit rapidement, et le lendemain serait entièrement consacré aux leçons des deux sœurs. Elles profitèrent de leur soirée ensemble, et entendirent la porte d'entrée claquer. Les jeunes filles se regardèrent et soupirèrent : leur mère était enfin rentrée du bar d'à côté. La voix pâteuse, celle-ci appelait ses filles. Elle avait l'air énervée...Maya se sacrifia pour sa petite sœur.

- Bonsoir, maman.

- Viens là, connasse !

Sa mère lui attrapa les cheveux et la projeta contre un mur. Sans rien dire, Maya se releva.

- Tu ne veux pas aller te coucher ?

- Pas besoin.

Une nouvelle gifle. Son dos lui faisait mal, sa joue la brûlait, mais elle savait que si elle ne tournait le dos à sa mère ne serait-ce que pendant dix secondes, celle-ci s'énerverait encore plus et monterait s'en prendre à Marie.

- C'est à cause de vous s'il est parti... C'est à cause de vous s'il est mort ! Vous ne servez à rien. J'aurai dû avorter. Quel regret, mon Dieu, quel regret...