Chapitre 58 : Secret fatal

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Anne de Bretagne est toujours là à côté de Louis XII. Elle ne bouge pas et ne dit aucun mot. Charles VIII ressent la colère démesurée de son successeur. Louis XII risque aussi de sombrer dans la folie au même titre que sa femme s'il continue dans cette voie. Apparemment Charles VIII a un plan même si François Ier ne sait pas trop à quoi s'attendre avec eux. 

Charles VIII : Votre haine vous aveugle totalement et risque de vous perdre aussi. 

Louis XII : Je ne sais guère à quoi vous jouez Charles mais je ne marche pas ! 

Charles VIII : Je ne joue point seulement, je ne pense guère être la personne idéale pour vous avouer cette chose terrible qu'Anne a gardé pour elle. 

Louis XII : Une femme ne peut rien cacher à son époux !

Charles VIII : Dans ce cas là nous n'avons point vécu dans le même monde mon ami. Nous savons tous les deux que chaque être humain garde en lui des secrets inavouables. C'est le cas d'Anne, elle seule peut vous dire la vérité mais pour cela vous devez la libérer. 

Louis XII : Vous pensez réellement que je vais vous croire !

François Ier interrompt Charles : Vous voyez bien que cela n'a aucun impact sur lui ! Alors s'il vous plaît... faîtes venir votre fils sinon Clara mourra. 

Charles VIII hoche la tête et fait soudainement apparaître son fils, Charles-Orland de France. Il a été le premier enfant d'Anne et de Charles. Un fils que le royaume attendait seulement, il mourut à l'âge de 3 ans à cause de la rougeole. 

Louis XII : Vous pensez réellement qu'elle aura un déclique ?! Je vous rappelle qu'elle tuait ses propres enfants !

Charles VIII : Si vous êtes aussi sûr de vous. Vous ne verrez aucune opposition au fait que mon fils s'approche de sa mère.

Il attrape son fils dans ses bras et se dirige vers Anne de Bretagne. François Ier observe la scène sans s'imposer. Charles VIII est devant sa femme. 

Charles VIII : Je sais que vous êtes là Anne. Regardez votre fils... notre fils que vous avez tant aimé. 

Anne de Bretagne fait disparaître son voile devant son visage et regarde l'enfant. Charles-Orland de France tend sa main et touche le visage de sa mère. Anne de Bretagne lui touche la main en retour, une larme coule sur sa joue. Son visage s'éclaircit ainsi que sa silhouette. 

Anne de Bretagne regarde son fils : Je me souviens de tout... (elle le prend dans ses bras). Vous m'avez manqué mon fils. 

Louis XII hurle : Comment ?! C'est impossible !

Anne de Bretagne : J'ai retrouvé tous mes vrais souvenirs grâce à vous Charles... merci. Quant à vous Louis... je vous fais tellement horreur pour que vous me punissiez ainsi ?! 

Louis XII : Vous méritiez ce châtiment !!!

Anne de Bretagne : Pourquoi ? Pour ne pas avoir réussi à vous donner un héritier en bonne santé ? Les médecins disaient que je n'y étais pour rien... J'ai donné ma vie pour trouver grâce à vos yeux. 

Louis XII : Vous étiez soupçonné d'avoir tué mes fils ! Vous ne vouliez point la Bretagne appartienne au Roi de France ! En me donnant un garçon vous saviez parfaitement que votre duché appartiendrait à la monarchie. 

Anne de Bretagne : Vous n'avez rien compris... comme d'habitude de toute manière. 

Louis XII : Comment osez-vous parler au Roi de France de cette manière ?!

Anne de Bretagne : Faîtes-moi taire alors ! Vous ne le pouvez plus maintenant que j'ai conscience que vous étiez mon bourreau. Et puis vous n'êtes plus Roi de France depuis fort longtemps maintenant !

Charles VIII : Anne... vous devez dire la vérité à Louis. 

Louis XII : J'en ai que faire !

Anne de Bretagne redonne son fils à Charles VIII : J'aimerais m'entretenir seule avec Louis. Je reviendrai vers vous plus tard Charles. (Elle regarde François Ier), il faut aussi que je vous parle François si c'est possible. 

François Ier : Oui bien sûr, je vous laisse. 

Ils disparaissent. Il ne reste que Louis XII et Anne de Bretagne. 

Anne de Bretagne regarde Louis XII : Je n'avais que 12 ans lorsque mon père est mort, il m'a chargé d'une lourde responsabilité : gouverner le duché de Bretagne. Louis... lorsqu'on vient de quelque part, on y tient forcément. Vous avez aimé la France tout comme moi j'aimais ma Bretagne. Je n'ai jamais voulu que les français prennent mon duché, ce n'est point un secret. Je pensais qu'en tant que monarque vous comprendrez ma position. Les bretons feront toujours partis de moi même aujourd'hui. Mais jamais je n'aurais fait de mal à un enfant... Je pensais que mon mariage avec vous, serait plus beau que celui que j'ai eu avec Charles mais non. Vous m'avez reproché vos malheurs, vous échecs ainsi que la mort de nos enfants. A chaque fois que l'un d'eux mourrait... une partie de moi disparaissait... Pendant longtemps je pensais que c'était de ma faute mais les médecins m'ont dit que la mortalité chez les enfants était haute de notre temps. 

Louis XII : N'essayez guère de vous trouver des excuses ! Vous êtes incapables de ressentir quoi que soit pour une personne quelconque ! Ni pour moi... ni pour nos enfants. 

Anne de Bretagne : Je ne vous ai jamais repoussé Louis, au contraire je voulais que notre mariage fonctionne mais... vous étiez tellement persuadé que j'étais maudite que cela vous a aveuglé. 

Louis XII rit : Mais vous m'avez jamais aimé !

Anne de Bretagne : Comment ? On nous a obligé à nous marier ! Durant les premières années de notre union nous nous sommes aimé et je ne vous laisserai point prétendre le contraire ! J'ai accumulé les grossesses et les fausses-couches... j'étais épuisée aussi par la maladie. Quelque temps avant ma mort, le médecin de la Cour est venu dans mes appartements. Il m'a dit que si je retombais enceinte... je ne risquais pas que de perdre un autre bébé... mais de perdre la vie. 

Louis XII : Comment ? 

Anne de Bretagne : Je jure sur mon âme que je dis vrai. Il m'a supplié de ne plus mettre ma vie en danger. J'avais 36 ans, il m'avait dit que j'avais passé l'âge pour faire un enfant mais je ne l'ai point écouté. Je lui dis que je donnerais ma vie pour vous offrir un héritier et c'est que j'ai fait. J'étais enceinte lorsque j'ai rendu mon dernier soupir. 

Louis XII : Je ne crois pas un mot de ce que vous dîtes Anne ! 

Anne de Bretagne : Vous êtes totalement aveuglé par la haine. 

La reine tend la main en direction de son époux. 

Louis XII : Qu'est-ce que vous voulez ?!

Anne de Bretagne : Vous n'êtes point obligé de mordre Louis ! Tout ce que je veux c'est vous montrer le souvenir qui vous prouvera que je ne suis guère responsable de toutes vos soupçons. 

Louis XII : Qui me dit que vous n'allez guère modifier vos souvenirs ? 

Anne de Bretagne : Je ne suis point aussi fourbe que vous ! Je n'ai rien à cacher et vous le savez au fond de vous. Prenez ma main et vous verrez la vérité. 

Louis XII prendra un peu de temps avant de se jeter à l'eau mais il va tout de même y parvenir.  

RENCONTRE AVEC LE FANTÔME D'UNE REINEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant