Chapitre 39 : Une haine disproportionnée

13 3 0
                                    

François Ier décide de parler avec Clara un peu plus loin un moment. 

François Ier : Je comprends votre colère Clara, je le suis tout autant mais vous ne devez guère les offenser... Ils sont les seuls à pouvoir nous aider. 

Clara : Pas s'ils nous mentent... Anne a été abandonné de tous depuis des siècles alors pourquoi ils l'aideraient aujourd'hui ?

François Ier : Je n'en sais rien mais ils sont votre seul espoir et le sien. 

Clara : Pas si cet homme est responsable de son châtiment. Anne ne sait même plus qui elle est. Louis n'a pas été tendre avec elle durant les dernières années de sa vie. 

François Ier : Laissez-lui au moins une chance de s'expliquer. De toute façon vous n'avez point d'autre choix que de l'écouter. 

Clara et François se dirigent vers eux et se positionnent comme tout à l'heure, afin que Guy et Baptiste puissent participer à la discussion. 

Louis XII : Maintenant que vous avez craché votre venin sur nous, dîtes ce que vous voulez savoir. 

Clara : J'ai vu Anne tout à l'heure et le moins que nous puissions dire c'est qu'elle n'est pas au top de sa forme. 

Louis XII : Que voulez-vous que j'y fasse ? 

Clara est outrée : Mais elle est votre femme ! La mère de vos enfants !

Louis XII : La mère de mes deux filles vous voulez dire...

Clara : C'est donc cela... C'est pour cette raison ridicule que vous l'avez bani de votre vie... même après votre mort. Vous lui reprochez de ne pas avoir réussi à vous donner un fils. Est-ce que vous savez au moins que cette pauvre femme n'y est pour rien ?

Louis XII : Ce n'est point de ma faute si elle n'a guère réussi à accomplir son devoir envers son Roi !

Guy : Une femme qui met au monde un enfant, n'est pas maîtresse de son destin. Vous la tenez responsable alors qu'elle n'y est pour rien. 

Louis XII : Elle était maudite... 

Clara : Non mais vous l'avez maudite... Anne est sur Terre depuis des siècles à sombrer dans la folie parce qu'elle souffre de ne pas avoir réussi à vous combler. Elle revit tous les jours la mort de ses enfants... Comment pouvez-vous être aussi dure ?

Louis XII : Je n'ai point à me justifier devant vous mademoiselle ! 

Claude De France parle enfin : Mère était une femme très dure... Elle s'est battue toute sa vie pour son duché. C'était une femme forte certes mais strict dans sa façon de nous éduquer. 

Clara : Elle avait peur pour vous Claude. Je sais qu'elle vous surprotégeait mais ce n'était pas pour vous faire du mal au contraire. 

Claude De France : Mère m'étouffait ! Il est facile de juger mais vous n'étiez point là à l'époque. 

Clara : Je n'ai jamais dit qu'Anne De Bretagne était parfaite... personne ne l'est même pas un roi. Il faut que vous la libérez... tous les deux. C'est le seul moyen pour que vous puissiez vous retrouver. 

Louis XII : Je n'ai jamais dit que je désirais la revoir. 

François Ier : N'avez-vous plus de cœur Louis ?  

Louis XII hausse la voix : Je vous rappelle François que c'est grâce à mon acharnement qu'un jour tous les français vous ont appelé mon Roi ! N'oubliez point ce que vous me devez... J'aurais pu donner ma fille à un autre homme !

François Ier : Bien sûr que non parce que j'étais votre seul espoir... J'étais le dernier mâle de notre dynastie à être en vie. Anne aurait voulu qu'un autre homme épouse Claude mais nous savons tous que c'est le roi qui a le dernier mot. 

Clara : Surtout si sa reine décède avant lui...

Louis XII fixe Clara : Comment osez-vous penser à cela ? 

Clara : Je n'ai rien dit. 

Louis XII : Vous insinuez que j'ai tué ma propre femme !

Clara : Vous ne la portez pas réellement dans votre cœur !

Louis XII : Au début si ! Comment pouvez-vous imaginer une telle chose à mon égard ?! Anne était toute ma vie... je l'ai aimé bien plus que n'importe qui ! Mais au fil des années mes sentiments se sont dissipés... et les siens aussi. Je ne suis point le seul fautif dans cette histoire. 

Clara : Alors dîtes-moi pourquoi elle est dans un tel état ? Ce n'est pas anodin qu'un esprit ne se souvienne même pas de son propre nom. 

Claude De France : Lorsque je suis morte, j'espérais la voir... mais elle n'est point venue alors que j'étais sa fille ! Son plus gros regret a été ne point avoir eu de fils... mère nous l'a bien fait comprendre... Je pensais qu'elle m'en voulait et j'ai eu la réponse quand je suis passée de l'autre côté sans elle... 

Clara : Elle ne risquait pas vous rejoindre parce qu'elle ne se souvient de rien ! Arrêtez de détourner mon propos à votre avantage... Répondez à ma question ! Qu'est-ce qui fait qu'une âme soit aussi perdue ?

Louis XII baisse les yeux : Je l'ai revu lorsque mon esprit s'est séparé de mon corps mais j'ai compris qu'elle n'était plus la femme que j'avais connu... elle était pire que cela. Je pense en être le responsable. 

Clara : On avance enfin... Qu'est-ce que vous avez fait ? 

Louis XII : Lorsque les médecins de la Cour sont venus me voir pour m'annoncer la mort d'Anne... j'ai perdu pied et j'ai dit des choses terribles sur elle. 

Guy : Je ne vois pas en quoi ça justifie sa démence. 

Louis XII : J'étais auprès de sa dépouille et je lui ai reproché tous mes malheurs... Je lui ai dit qu'elle était maudite dans la vie et qu'elle le serait aussi dans la mort. 

Clara : Vous pensez que cela a suffi pour qu'elle y croit ? 

Louis XII : Certainement vu qu'elle prenait mes paroles au premier degrés. Je suis impulsif et rancunier mais je n'ai jamais voulu cela. 

Baptiste : Et on peut savoir pourquoi vous n'avez jamais essayé de réparer votre erreur ? 

Louis XII : J'ai passé ma vie à servir mon peuple et mes sujets ! Je considérais que je méritais de trouver la paix après des miens. Qui a-t-il de mal à cela ? 

Guy : Mais à quel prix ? 

Louis XII : Elle a été ma lumière mais également mon obscurité... Je ne voulais point qu'Anne ne précipite dans sa folie donc je l'ai laissé. 

Clara : Vous n'avez aucune pitié !

Louis XII : Il ne faut point en avoir lorsque vous êtes Roi mademoiselle ! Seul François peut en connaître le fardeau. Je n'ai plus rien à faire ici ! Partons Claude !

Clara : Claude ! Attendez s'il vous plaît ! Vous êtes sa fille ! Elle aura besoin de vous afin que votre mère se souvienne de qui elle était... 

Claude De France : Je ne suis point la meilleure personne pour cela. Je n'ai guère eu de bonne relation avec ma mère... tout ce dont je me souviens d'elle c'est sa folie... Je ne veux plus la voir si mère est encore pire qu'avant. Je suis navrée... 

Louis XII et sa fille disparaissent. 


RENCONTRE AVEC LE FANTÔME D'UNE REINEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant