RENCONTRE AVEC LE FANTÔME D'UNE REINE

Chapitre 41 : Deux hommes deux histoires

François Ier décide d'aller parler à Louis XII qui est revenu au château de Blois. Vu qu'ils sont de la même lignée, François Ier a ressenti sa présence. Louis XII se trouve dans les appartements du Roi. 

François Ier : Je vous pensais retourner auprès des vôtres. 

Louis XII : Cela ne fait point de mal de revenir dans ces lieux qui ont été miens durant un temps. Je sais ce que vous pensez de moi François. 

François Ier : Dîtes-moi alors... 

Louis XII : Vous me prenez pour un monstre parce que je n'ai point voulu de ma femme après la mort. Mais vous n'avez qu'une partie de l'iceberg en votre possession. 

François Ier : Eclairez ma lanterne Louis. 

Louis XII : Si Anne se montrait moins à la Cour de France c'était à ma demande. Elle était devenue si sombre... le mal l'avait submergé. Elle n'était plus la femme dont j'étais tombé amoureux. Anne complotait derrière mon dos afin que vous ne soyez point le futur roi de France. 

François Ier : Je suis au courant de cette histoire comme tout le monde. 

Louis XII : Il est difficile de contrôler une femme en pleine démence. Je me devais de protéger ma lignée... une chose qu'Anne se moquait totalement tant que la Bretagne était sous son autorité. 

François Ier : J'étais votre plus proche parent lorsque vous avez décidé de me donner la main de Claude. Il était donc logique que je devienne à mon tour Roi. Anne vous aimait réellement Louis... Pourquoi avoir tant de haine envers votre femme ? 

Louis XII : Nous n'avons point le luxe d'aimer à notre niveau François... ce n'est point une chose que je vous apprends. Anne De Bretagne était une manipulatrice et rien de plus. Vous ne trouvez point cela étrange qu'après avoir donner la vie plus d'une dizaine de fois, aucun fils n'est survécu ? 

François Ier : Vous êtes décédé suite à une maladie et c'est aussi mon cas Louis. La médecine de notre temps ne permettait point de guérir les nombreux malades. Nous en avons fait les frais ainsi que beaucoup de nos enfants. Vous ne pouvez guère reprocher la mort de vos fils à Anne. 

Louis XII : Pourquoi la défendre ? Elle ne vous aimait point !

François Ier : Je n'ai aucune affection pour cette femme il est vrai. Mais je ne trouve guère cela juste que son âme paye pour des évènements qu'elle ne pouvait point contrôler. 

Louis XII : Anne a toujours eu peur que la Bretagne appartienne au roi de France... Dois-je vous rappeler qu'elle voulait épouser le Roi d'Angleterre ? C'est grâce à mon prédécesseur Charles VIII que cette folie n'a point pu se concrétiser. 

François Ier : Oui et ensuite Charles VIII a obligé Anne à l'épouser. 

Louis XII hausse le voix : La Bretagne était un duché que les anglais désiraient à l'époque ! 

François Ier : Je le sais ! Je vous rappelle que la Bretagne a été rattaché à la France sous mon règne Louis ! Je n'ai rien contre vous... Je veux juste comprendre...

Louis XII : Mais il n'y a rien à comprendre ! Si Anne est dans la folie même après la mort alors c'est qu'elle le mérite ! Vous ne savez point ce que c'est... de ne point avoir d'hériter... de fils pour perdurer ma lignée !

François Ier : Ne soyez point si dure ! J'ai perdu deux fils de mon vivant ! Il vous restait deux filles... j'ai vu six de mes enfants mourir Louis... J'ai souffert tout comme être humain qui ont vécu des deuils ! Je ne connais guère assez Anne mais je suis certain qu'une mère est incapable de donner la mort à son enfant... Elle est tombée dans la folie parce que la douleur de voir ses enfants mourir était trop grande. 

Louis XII : Il y a bien des choses qui ont rendu ma femme totalement hors de contrôle François. Vous n'avez point à juger mon mariage avec Anne alors que celui que vous avez eu avec ma fille a été un échec !

François Ier : Sauf que je n'ai point banni ma femme ! Je n'ai jamais dit que mes deux mariages ont été heureux au contraire ! Claude est la mère de mes enfants et je l'aimerai toujours pour cette raison. Mais comme vous l'avez dit, à notre niveau nous ne pouvions point espérer aimer la femme qui partageait notre vie ! Je n'ai point toujours bien agi... mais je n'ai jamais souhaité le malheur de votre fille Louis. 

Louis XII : Mais vous l'avez fait souffrir à cause de vos nombreuses maîtresses. 

François Ier rit : Parce que vous n'avez point délaissé Anne pour des femmes ! Arrêtez de me reprocher tout et n'importe quoi Louis... Notre condition de souverain attirait les femmes dans notre couche. Je ne suis point le seul à avoir abusé des plaisirs charnels. 

Louis XII : Vous tenez beaucoup à cette femme... Clara si je ne m'abuse ? Elle ressemble terriblement à la servante qui vous servez de catin. J'ai peut-être eu des maîtresses mais au moins elle n'était point fille de paysan !

François Ier : Clara n'est point Marie ! La femme que j'ai aimé a toujours eu une place importante dans mon cœur. Marie était bien plus noble que beaucoup d'entre nous. Je regrette qu'elle est quittée la vie sur Terre si jeune et aussi de ne pas avoir eu l'occasion de l'appeler ma femme. 

Louis XII : Mais vous savez que dans ce nouvel air, vous auriez pu épouser la femme de votre choix. C'est pour cela que Clara vous apporte tant, Marie est sa vie antérieure... Et si vous aviez eu la chance de naître en ce siècle, Clara serait à vous.

François Ier : Sauf que je suis né au XVème siècle. Clara est bien différente de Marie. Je suis auprès d'elle parce qu'elle m'a sauvé et aujourd'hui c'est à moi d'en faire de même. J'ai retrouvé Marie de l'autre côté et elle a décidé de rester auprès de moi. Nous n'avons point pu être ensemble de notre vivant mais nous le sommes dans la mort.

Louis XII : Comme c'est touchant... Je sais pourquoi vous êtes venu me voir François, malheureusement pour vous je ne compte guère vous aider à sauver la femme qui a été mon fardeau durant une bonne partie de ma vie. 

François Ier : Je ne compte point sur votre soutien Louis mais ma lanterne est éclairée à présent. Je sais pourquoi vous en voulez autant à Anne et je vous prouverez qu'elle n'y est pour rien dans la mort de vos héritiers mâles. 

Louis XII : De toute façon vous avez l'éternité pour me persuader du contraire...

Le prédécesseur de François Ier disparaît. Clara demande à François d'aller la voir. Le Roi lui raconte la conversation qu'il a eu avec Louis XII. Si c'est vrai, elle comprend la colère du mari d'Anne mais elle a du mal à croire que cette femme aurait pu commettre de tels crimes. Clara pense le découvrir au fil de la prochaine journée. Elle compte se lever à l'aube afin de pouvoir convaincre Anne De Bretagne de la suivre jusqu'à sa terre natale.