stay with me. - idy 5

Pete

27 juillet 2035.

Blake est aux fourneaux, ce qui est plutôt bon signe. Chose que sur laquelle je n'aurais pas misé un copeck quand il est arrivé à la coloc'. Dix-huit ans et à peine sorti des jupons de sa mère, je m'attendais à devoir le materner pendant un moment avant qu'il ne prenne ses marques et vole de ses propres ailes. Mais ce que je ne savais pas à l'époque, c'est qu'il s'agissait de Blake.

C'est le genre de mec doué en tout ce qu'il entreprend. Il est touche à tout, ne sait pas se reposer, aime essayer de nouvelles choses et surtout il est dévoué. Quand il apprécie les gens bien entendu. Avec Pete, nous avons vite sympathisé avec lui et il a montré tout ce qu'il savait faire. Ménage, lessive, cuisine. Un vrai petit homme d'intérieur.

Le pied !

Parce que si niveau aspirateur et étendoir, nous n'avions rien à lui envier, niveau bouffe... c'était une autre histoire. Certes, ce n'est pas le meilleur cuisinier au monde mais il se débrouille assez bien pour nous concocter des plats sympas. Si j'en crois l'odeur qui éveille mes papilles, il semble préparer un poulet rôti à la moutarde avec des pommes de terre au four. Un régal. Le plat préféré de Pete.

Sous ses habits noirs et les allures de bad boy, c'est un sentimental, notre Blake.

Ce soir est la dernière soirée que nous passons avec Pete. C'est triste mais en même temps, j'ai l'impression que nous sommes en retard sur le planning. Ça fait tellement longtemps que Pete passe sa vie chez sa copine que ça fait des semaines que je ne l'ai pas croisé à l'appartement. J'ai plus vu Dae que Pete. Bon mauvais exemple, Dae et Blake sont littéralement collés l'un à l'autre.

En tout cas, notre petit bébé a préparé un repas que Pete adore tandis que je me suis occupé du film et du cadeau de départ. Ça n'a pas été facile de trouver quelque chose qui ne soit pas ridicule. Mais je sais que ça lui fera plaisir. Il m'en a trop parlé pour que je me sois trompé.

Je vais me caler derrière Blake et regarde ce qu'il fait par-dessus son épaule en me mettant sur la pointe des pointes. Il coupe du saucisson. Il nous connait trop bien ce gamin. Je lui tapote le flanc pour le féliciter et lui lance :

— Tu nous gâtes, mon lapin !

J'ouvre le frigo duquel je sors deux bières et un soda.

— Alors c'est acté ?

Mes sourcils se froncent sous l'incompréhension. Je me tourne vers lui, les bouteilles contre mon torse. Je tente d'avoir plus d'informations :

— Que tu es le cuisinier attitré de la baraque ? Ouais ! confirmé-je en traversant la pièce. À moins que tu veux manger des nouilles matin, midi et soir. Ou des sandwiches maison.

— Non ! me coupe-t-il alors que je pose mon chargement sur la table. De ce surnom que tu me donnes.

— Oh !

Un immense sourire s'étire sur mes lèvres.

— Techniquement, il n'est pas qu'à toi. Dae est aussi mon petit lapin !

Il est dos à moi, et pourtant je sais pertinemment qu'il a levé les yeux au ciel.

— T'es pénible ! me lance-t-il. Tu dois t'ennuyer dans la vie pour en arriver là.

Malgré ce qu'il dit, il est heureux. D'être enfin avec Dae, depuis le temps qu'il nous en parlait de son petit danseur. Que tout se passe bien entre son mec et moi. Et même de ce surnom stupide dont je les affuble tout le temps.

— Je suis né pour t'emmerder !

Il râle encore un peu, m'amusant. Cependant, je n'oublie pas ma seconde mission. Le film. Je n'ai pas fait dans l'originalité et ai choisi un Marvel. Le premier que nous ayons vu ensemble. Tout en mettant le bluray dans ma console, je dois bien me faire une sérieuse constatation. Je suis sentimental aussi.