Démons

434 58 42
                                    

10 septembre 2035.

Mon père déverrouille la porte de derrière qui débouche directement dans la cuisine. Il entre et je le suis, le téléphone à l'oreille. Les tonalités résonnent. Je suis impatient de lui raconter mon après-midi à la maternité.

— Tu es déjà au téléphone ? s'étonne mon père.

Je me contente de hocher la tête, un grand sourire aux lèvres. Il ricane et tout en retirant sa veste, me souffle :

— Propose-lui de venir manger à la maison, ça fait longtemps !

Il dépose son habit sur le dossier d'une chaise alors que je reste interdit un instant. Bien qu'un Allo retentisse, je déclare :

— J'appelle Iven, pas Mid !

— Ah d'accord !

Mon père se dirige vers le frigo tandis que je me manifeste enfin à mon petit-ami :

— Coucou toi !

— Tu as déjà parlé de moi ? me demande Iven.

— Bien sûr, pourquoi ?

J'observe mon paternel boire une longue gorgée d'eau au goulot en attendant une réponse de mon beau roux.

— Je m'y attendais pas, c'est tout.

— Ça te dérange ?

— Pas du tout.

Je fais signe à mon père que je vais dans ma chambre et après un sourire de sa part, je monte les marches deux par deux. J'entre dans ma chambre et après avoir fermé la porte, me vautre sur mon lit. Allongé sur le ventre, je me renseigne :

— Tu trouves que c'est trop tôt ?

— Pas du tout, répète-t-il.

J'entends quelques bruits. Il doit être en train de se préparer à dîner avant de partir travailler.

— Je n'ai juste pas l'habitude qu'on... je sais pas. Je viens d'un quartier où on ne discute pas de ce genre de choses avec les parents... Tu sais, pour nous, la présentation aux parents et tout n'est qu'une légende au même titre que le père Noël ou la petite souris.

— Tu veux dire que tu n'as jamais rencontré de parents ?

— Je veux dire que je n'ai jamais réellement eu de petite-amie officielle et encore moins de mec.

Un Oh m'échappe. Je réalise alors que nous n'avons jamais réellement parlé de nos relations précédentes. Est-ce indispensable ? Je l'ignore.

— Tu as déjà présenté quelqu'un à ta famille alors...

Sa voix n'est qu'un murmure qui ne ressemble pas à l'Iven que je connais.

— Oui.

Je plie les jambes et fixe le plafond avant de lui expliquer.

— Ma première petite-amie. On était en dernière année de collège. On a rompu le lendemain.

Un rire m'échappe. Kalïs était une jolie fille, gentille et sérieuse. Elle était la première de notre classe. Après des mois à la draguer et des semaines à sortir ensemble, nous avions compris que les opposés ne s'attirent pas toujours. Kalïs était juste un coup de cœur, rien de sérieux, nous étions trop jeunes pour ça.

— Ensuite, je ne leur ai plus jamais présenté qui que ce soit...

Iven laisse un soupir caresser mon oreille et me donne envie d'être auprès de lui à cet instant.

stay with me. - idy 5Où les histoires vivent. Découvrez maintenant