Peur

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22 septembre 2035.

Comme promis, Eric m'a fait un café et nous avons trinqué à notre travail en duo. C'est assez rare que nous ayons toute une journée en commun et c'est cool. Je l'apprécie beaucoup mais Éric est extérieur à mon quotidien et c'était un vrai plus pour moi, pour me sortir de mes questionnements sans réponse. Nous nous sommes mis au travail, dans la bonne humeur. Éric étant plus à l'aise en salle, m'a laissé sa place au comptoir pour la préparation des boissons et cela me convient parfaitement.

Mais c'est sans compter sur tous mes proches qui se sont donnés le mot pour me flinguer mon samedi qui n'était déjà pas hyper enthousiasmant de base. Deux heures après ma prise de poste, les choses sont devenues bizarres avec l'arrivée de Blake dans le café.

D'ailleurs, malgré ce qu'il recherche, Blake attire l'attention. Entre un sweat sur le dos avec la capuche rabattue sur sa tête qui est déjà coiffée d'une casquette des Chicago Bulls, un jean troué et des DrMartens, le tout dans un noir total, il a tout l'attirail pour faire tourner les têtes. Soit par appréhension, soit par envie.

— Il est canon, ce con, marmonné-je pour moi-même.

— C'est qui ? me questionne Éric en s'accoudant au comptoir.

— Ton futur beau-frère.

— Quoi ?

Je ricane au regard apeuré qu'il me lance. Comme Violet me l'a ordonné à l'anniversaire de Dae, j'ai donné son numéro à Éric. Je ne suis au courant de rien, à part du fait qu'ils se parlent presque quotidiennement mais j'aime bien le taquiner.

— C'est le frère de Violet.

— Ah !

Comme l'homme courageux qu'il est, il fuit à l'autre bout de la salle pour nettoyer des tables déjà propres. Je ris à sa réaction et me tourne vers Blake qui s'installe sur un haut tabouret de mon bar. Nous ne nous sommes pas vus depuis le jour où je suis allé chercher des affaires à la coloc. À lui non plus, je n'ai donné aucune explication. Iven a bien dû le faire.

— Coucou mon lapinou, le salué-je, le plus joyeusement possible. Qu'est-ce qui t'amène dans ma taverne ?

Il secoue la tête à ma question et un léger sourire le déride un peu.

— Je voulais m'assurer que tu étais toujours en vie et en bonne santé, déclare-t-il sérieusement.

Je ne relève pas la légère pique que sa réponse m'envoie. Je tente de rester amical et professionnel.

— Un lait fraise maison, ça te dirait ?

Il fait mine de réfléchir mais je sais déjà qu'il va l'accepter alors je débute la préparation sans attendre.

— Comment ça va ? me demande-t-il.

J'ai une courte hésitation dans mes gestes avant de reprendre. Je plonge finalement une paille dans le verre et le fais glisser jusqu'à mon ami. Cependant, il m'attrape par le poignet pour me retenir avant que j'ai pu m'éloigner.

— Comment vas-tu ? réitère-t-il.

— On fait aller, dis-je simplement.

À mon grand étonnement, cela lui suffit. Il me lâche et s'empare de son verre. À l'aide de sa paille, il boit une longue gorgée qui me laisse le temps de ranger quelques bouteilles.

— On pourrait peut-être en parler, non ? me propose-t-il sans me regarder.

Mes gestes se figent et je le fixe un instant, avant de reprendre mon activité.

— Je travaille, lui rappelé-je.

— Prends une pause.

— Blake, soufflé-je.

stay with me. - idy 5Où les histoires vivent. Découvrez maintenant