stay with me. - idy 5

Brunch

28 juillet 2035.

J'ignore ce que je suis en train de faire.

Vraiment je n'en ai aucune idée.

Tout ce que je sais, c'est que j'ai enfilé un short et un t-shirt pour être un minimum présentable devant Iven pendant notre premier repas.

Mais ce qui se passe dans cette cuisine n'a aucun sens. Je suis une calamité en cuisine mais je n'allais pas lui faire des nouilles dès le début. On a connu plus accueillant.

Oui comme toi à poil avec une érection matinale ! me hurle une partie de mon cerveau que je déteste cordialement.

Je grimace en retournant la brioche perdue dans la poêle. Je me suis, heureusement, souvenu que Blake nous avait fait ça un matin. Je suis aussi en train de préparer des œufs, du bacon, du pain de mie... J'ai fait assez de café pour tout l'immeuble. Et j'ai découvert du jus au fond d'un placard, qui périme que le mois prochain.

Mais j'ai quand même la sensation que nous allons nous empoissonner avec un truc que j'aurais fait. Blake serait là, il m'aurait tapé sur les doigts et m'aurait dit d'aller boire mon café dans le salon. Voire peut-être dans ma chambre.

Tout en tentant de ne rien faire brûler, je soupire en me repassant les cinq minutes que nous avons passé ensemble, Iven et moi. Nos quelques échanges sont passés au crible. Comptés, décortiqués, analysés. Je suis peut-être stupide mais j'ai la sensation qu'il y a un jeu qui commence à se mettre en place entre nous. Non, je dois me tromper. Nous ne nous connaissons pas et il vient d'arriver.

Il est mon colocataire.

— Ça sent bon !

Je sursaute et fais tomber la spatule par terre. Je grogne devant mon incompétence. Je me penche et la ramasse alors qu'Iven s'excuse :

— Pardon, je pensais que tu m'avais entendu descendre.

Je jette l'ustensile dans l'évier et me tourne vers lui. Les mains dans les poches de son jean, il semble mal à l'aise, ce qui n'est pas étonnant. Il vient d'arriver dans un endroit qu'il ne connait pas et où se trouvent des inconnus. C'est compliqué ce genre de situation.

— Non c'est moi, j'étais plongé dans mes pensées.

— Ça devait être important pour que tu sois si concentré, dit-il en s'approchant.

— Pas tant que ça.

Je lui souris et m'empare d'une fourchette, pour vérifier la cuisson.

— Tu as fini de t'installer ? l'interrogé-je en mettant les morceaux de brioche dans une assiette.

— Ouais. Et toi, tu as fini par t'habiller !

Ce n'est pas une question, une simple affirmation moqueuse. De ma main libre, je lui donne un coup dans l'épaule mais il ne bouge pas. Je le pensais musclé mais il semble réellement baraqué. J'aimerais bien voir à quoi il ressemble torse nu. Juste pour comparer, bien entendu parce que niveau muscles, il semble n'avoir rien à envier à Blake.

— Je suis désolé de t'avoir ouvert dans cette... tenue. Je venais de me réveiller, je ne réfléchissais pas.

— Pas de souci, c'est pas comme si ça m'avait embêté !

Il pique un bout de bacon et me demande :

— Les tasses ?

Je lui indique le placard duquel il sort deux mugs. Tandis qu'il nous sert le café, je mets sur la table de la cuisine toutes mes préparations, en croisant les doigts pour que ce soit mangeable.