stay with me. - idy 5

Responsable

09 septembre 2035.

Je lance les dés.

Trois.

— Bam ! crié-je.

J'avance mon pion tout en chantonnant un air victorieux.

— Calme-toi, grand fou ! s'exclame Dae. J'ai encore toutes mes chances.

Il attrape les dés et les secoue entre ses mains minuscules.

— Les autres sont dans les choux complets...

— Hey, râle Blake à ses côtés mais il n'insiste pas parce qu'il sait que son petit-ami a raison.

Je souris à cette vue. Mon colocataire est du genre compétitif mais aujourd'hui, cela semble lui être indifférent. Il est comme amorphe et je peux le comprendre. Hier, lui et Dae ont perdu au concours, alors il va leur falloir un peu de temps pour digérer la défaite.

Étonnamment, Dae parait presque bien le vivre. Mais par moment, une lueur de tristesse traverse son regard et je comprends alors qu'il tente de rester fort pour Blake. Ce couple est beau, je ne peux pas l'expliquer. Ils s'aiment et essaient de rendre l'autre heureux quoi qu'il arrive.

— Mais je peux encore gagner. Si je fais sept, je suis le champion !

Sun lève les yeux au ciel et enlace Ezra par derrière. Il lui souffle quelques mots à l'oreille qui font sourire son petit-ami. Les mains d'Elliott pétrissent les épaules de son meilleur ami comme s'il était le coach d'un boxeur. C'est drôle et me fait sourire. Hugo s'est allongé sur le canapé derrière eux et a dû s'endormir depuis une éternité.

— Tu pourrais me masser toi aussi, rouspété-je en donnant une petite tape à Iven qui se tient à ma droite.

Le bruit des cubes s'entrechoquant devient insupportable.

— Puis quoi encore ?

— Ça me détendrait et ça me permettrait de gagner, lui expliqué-je, sérieusement.

— Allons dans la chambre alors, me chuchote-t-il.

Ma tête effectue un quart de tour brusque pour me permettre de détailler son visage. Il m'adresse un petit sourire en coin empli de sous-entendus. Je suis à deux doigts d'offrir la victoire à Dae pour suivre mon petit-ami lorsque mon téléphone sonne. Je tends le bras pour récupérer mon mobile sur le meuble télé en marmonnant. Sur l'écran allumé, le nom de mon père s'affiche.

— Six...

Zut, nous sommes dimanche, j'avais oublié son appel hebdomadaire. Je me lève, indique à Iven mon téléphone et me dirige vers l'escalier.

— Mais tu vas où ? J'ai pas dit mon dernier mot ! s'exclama Dae en se redressant sur ses genoux.

— Téléphone ! Je te laisse la victoire.

Je pose le pied sur la première marche avant d'ajouter :

— Mais quand je reviens, on se fait la revanche !

Je me dépêche de monter et décroche en arrivant en haut.

— Allo, papa ?

— Fiston ?

Juste avec son intonation, je sens aussitôt que quelque chose ne va pas. Il semble chuchoter et l'inquiétude transparait. Je connais assez mon père pour savoir que s'il était sur le balcon de chez mes grands-parents comme tous les dimanches, il n'aurait pas cette voix.

— Qu'est-ce qui se passe ? l'interrogé-je, sans préambule.

— Ne t'inquiète pas.

Cette phrase a le don d'avoir l'effet inverse. J'entre dans ma chambre et referme la porte derrière moi alors que mon père continue :