Panier

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04 août 2035.

La musique me vrille les tympans. Les corps me bousculent. Mes yeux ne peuvent pas voir à plus d'un mètre devant moi. Un goût métallique a envahi ma bouche après m'être mordu la lèvre alors que je sortais des toilettes à la propreté douteuse. Mais c'est l'odeur de l'alcool qui m'irrite le plus.

Je déglutis et tente d'avancer un peu plus dans la salle du bar où Mid a voulu aller. J'aurais préféré une soirée tranquille à l'appartement pour le retrouver réellement mais il m'a dit, sûrement à juste titre, qu'on aurait tout le temps de le faire dans les prochains jours.

Accoudé à une table, je repère mon meilleur ami en train de discuter à de parfaits inconnus, un verre de Mojito à la main. Je peux presque entendre mes dents grincer à cette vue. Je me faufile comme je peux entre les fêtards du samedi soir et arrive enfin à hauteur de Mid.

— Trois, lui chuchoté-je à l'oreille.

Il se tourne vers moi, un grand sourire aux lèvres. Je n'ai pas besoin d'en dire plus, il me comprend. Comme je comprends le fait qu'il acquiesce d'un coup de paupières. Il recule un peu sa chaise et tapote son genou pour me signifier que je peux m'asseoir dessus.

Je secoue la tête mais je m'exécute quand même. Pendant quelques secondes, je bouge un peu pour chercher un emplacement confortable et dans mon manège, je remarque le regard de travers qu'un des mecs nous lance. Notre position ne semble pas lui plaire, vu ses sourcils froncés et la petite grimace qui traversent ses traits.

Je lève les yeux au ciel, fatigué qu'il y ait encore des mecs aussi butés et fermés d'esprit dans notre société. Nous ne sommes plus au Moyen-Âge. Il faut savoir vivre avec son temps. Le mariage pour tous, l'adoption pour les couples homosexuels, ce n'est pas nouveau tout ça pourtant.

Sans le savoir, Mid attise sa révulsion en rapprochant le haut de son corps du mien pour pouvoir écouter la conversation de la petite bande. Je ricane légèrement. Un con... un de plus ! Je ne devrais pas mais je ne prends même plus la peine de relever ce genre de choses. J'ai appris avec le temps que ce genre d'enfoirés ne change jamais d'avis malgré le bon sens et toutes les preuves du monde.

Alors mon attention se détourne de lui et tente de faire comme Mid. Ils discutent football. Des supporters de Liverpool si je saisis bien. Moi, la seule raison qui me pousse à regarder un match tous les trente-six du mois, est le port des shorts des joueurs qui frôlent la perfection sur certains. Vu l'homophobe à ma droite, je vais éviter de lui sortir ça.

Mid participe activement, affirmant haut et fort qu'il adore Liverpool mais que son cœur restera à jamais pour Chelsea, étant originaire du quartier de Fulham avant de déménager pendant son adolescence. Je me retiens de ricaner. Mid est né et a grandi à Édimbourg, tout comme moi. C'est un crétin et pourtant, les mecs en face de nous, lui tapotent l'épaule en affirmant qu'ils comprennent son attachement.

Mon ami glisse un bras sur mon flanc et sa main va reposer sur le haut de ma cuisse. Je me laisse aller contre lui, ma tête prenant appui sur le haut de son crâne. Je ferme les yeux et imagine mon lit qui m'attend. J'ai dû me lever tôt pour donner mes derniers cours d'été alors ce soir, j'ai dû mal à rester éveillé.

— Il a quoi ton pote ?

La voix vient du blond qui est assis à notre droite. Mon corps se tend. Je sens qu'il cherche les emmerdes.

— Rien, il est juste crevé.

— Il s'est trop fait prendre dans les chiottes ?

Son rire guttural me donnerait presque envie de lui vomir dessus à cet instant. Quelques personnes le suivent dans son humour de merde. Je me redresse brusquement et lui fais face. Nos visages sont tellement proches que je peux sentir son haleine alcoolisée sans problème. Si je reste trop longtemps comme ça, je vais vraiment lui gerber dessus.

stay with me. - idy 5Où les histoires vivent. Découvrez maintenant