Chapitre 13: Fuir ou rester face au danger ?

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   Quand elle arrive, je vois son regard se poser sur les traces de doigts qui entourent mon cou, puis se dirige vers la photo qui est posée sur le plan de travail. Elle ne dit rien et après avoir fini de regarder l'image du corps, elle me prend dans ses bras et nous restons assises par terre dans les bras l'une de l'autre.

   Au bout de dix bonnes minutes, ma crise est passée complètement. Aucun mot n'ont été dit, mais je sais qu'elle est inquiète.

   - Merci, ça va mieux maintenant. La crise est partie.

   - Depuis quand tu en as ?

   - Avant-hier.

   Je lui explique mon état de santé et comment ma première crise s'est déclenché.

   -Il faut que tu aille voir un psy.

   - Pour leur dire quoi ? Qu'on est allé voir un dealer qui a failli me tuer pour que finalement le chef de la mafia m'emmène chez lui ?

   - Tu façonnes l'histoire, pas besoin de dire la vérité.

   - Je n'aime pas mentir et tu le sais très bien.

   - Oui et bien là, c'est pour te soigner ! Et puis tu n'es pas obligé de mentir, tu peux omettre certaines choses.

   - Mouais, je verrais bien si ça passe et si ça persiste, j'y songerai. Ça te va ?

   - Ouais. Maintenant, raconte-moi en détails ce qui s'est passé chez lui.

   - Pas grand-chose, mis à part qu'il me retenait contre mon gré dans sa belle et grande baraque.

   - Il t'a fait du mal ?

   Je repense au fait qu'il met plaqué contre le mur, mais ça, ce n'était pas dans le but de me faire du mal. Je repense à ce qu'il s'est passé pendant le repas du midi. Il y a eu ce sentiment, ce quelque chose que je ne serais expliquée et puis quand il m'a plaqué contre le mur, j'ai perdu tous mes moyens. En y repensant, j'en ai des frissons sur tout le corps. 

   Je ne vais pas nier qu'il est beau et pas attirant, il l'est, mais il ne faut pas oublier quel type de personne qu'il est.

   - Non, il est juste trop poli, arrogant, autoritaire et surtout bipolaire.

   - Pas étonnant venant d'un mafieux. Et il est riche à quel point ?

   - Au point de m'offrir une nouvelle garde-robe, dis-je en montrant les valises.

   -Non ! Tu rigoles ? dit-elle en se dirigeant vers les deux valises pour ensuite les ouvrir. Bah dis donc, il ne fait pas les choses à moitié !

   - Il essaie juste de me manipuler avec des cadeaux et de la cuisine française pour que j'accepte son marché, rien de plus.

   - Il est malin, mais il ne sait pas que ça ne marchera pas sur toi.

   On se met à rigoler.

   Elle a raison, je suis quelqu'un de très têtu, mais j'ai peur que dans ce cas-là, je finisse pas céder. Je suis peut-être borné, mais je n'accepterai pas de mettre en danger ma meilleur amie ou moi-même. Qui sait ce qu'il va encore faire pour me faire changer d'avis ?

   En tout cas, malgré l'horrible photo reçue, je ne changerais pas d'avis. Certes, cet homme ne méritait pas de mourir comme il a été tué, mais au moins, il ne ferra plus jamais de mal à personne. C'est horrible de dire, ça mais c'est un mal pour un bien, donc cela ne me suffit pas à changer d'avis.

   La prochaine étape de mon plan est de parler de Rayan à mes parents. La discussion va être difficile, mais ils ont probablement des informations que je n'ai pas.

   - Tu ne trouves pas qu'il fait peur ? Il a ce regard qui te cloue sur place. Rien qu'en le regardant ce soir-là, mon instinct m'a dicté de fuir.

   Mon instinct doit être cassé alors.

   - Honnêtement, non, il est dangereux et cela se voit, mais c'est sûr que quand il est énervé, il ne faut pas être à côté.

   - Comment ça ?

- Quand il s'est « énervé », avant-hier, il a cassé une table en verre avec son poing et puis il tue des gens de façon violente, alors vraiment énervé, ça doit être un carnage. Il suffit de regarder la photo, on ne voit même plus son visage tellement il est déformé.

   - Ouais, il faut que tu l'évites pour ne pas qui nous arrive la même chose. Repars en France.

   Repartir en France ? Hors de questions. Ce n'est même pas envisageable. Je viens à peine d'arriver alors, je ne vais pas repartir.

   - Quoi, mais tu es malade ? Tu sais très bien que je ne le ferais pas.

   - Tu as accepté sa proposition ?

   - Non, pas encore.

   - Qu'est-ce que tu veux dire par « pas encore » ? Tu comptes réellement l'accepter ?

   - Je ne sais pas, je vais jouer ma dernière carte avant de prendre une décision.

   Ce serait fou d'accepter sa proposition et je n'en ai pas envie, mais c'est mon frère bordel, je ne peux pas dire non et reprendre ma vie normalement en sachant que j'aurai pu le revoir !

   - Pars tant qu'il est encore temps.

   Je souffle.

   Je ne peux pas abandonner mon frère, je veux le revoir malgré la déception que j'ai pour lui à l'heure actuelle. C'est mon jumeau et j'ai besoin d'entendre le pourquoi du comment et peut-être que je pourrais le convaincre d'arrêter tout ça. Qui sait ?

   - Je reste.

   - J'ai peur pour ta vie, un homme comme lui qui rôde autour de toi en te faisant du chantage, ça n'a rien de bon. C'est dangereux.

   - Je sais.

   Je m'imagine déjà morte dans un trou pommé de l'Italie où personne ne pourra me retrouver. Je n'aurais même pas d'enterrement, juste une plaque de béton qui se trouvera dans le village de mes parents en France, pour qu'on puisse m'offrir des fleurs.

   Devrais-je risquer ma vie pour un homme que je ne connais plus depuis sept ans ? S'il travaille pour lui, c'est qu'il lui fait sûrement confiance non ? Dois-je faire pareil ?

   Non, c'est ridicule !

   - C'est quoi ta dernière solution ?

   -Appeler mes parents.

   - Tu es consciente que ça va rouvrir des blessures et pas que celle de tes parents ?

   - Je sais.

   Le vide que j'ai ressenti le jour où il est partie est toujours là, il n'est jamais parti. Pas une seule fois. Tous les jours, ce trou me suit sans jamais me quitter, mais à la différence d'avant, c'est que j'ai appris à vivre avec.

   - Je dois savoir, c'est ma dernière chance et puis, je n'ai jamais vraiment demandé. C'est le moment.

   C'est vrai que j'aurai pu demander à avoir des réponses du pourquoi il est partie, mais cela me faisait tellement mal d'en parler que je n'ai jamais voulue en reparler. Même quand ma « plaie » venait de cicatriser. De peur qu'elle s'ouvre encore.

   - Si c'est ta décision, je la respecte et je te soutiens.

   Comme toujours. C'est la seule personne qui me soutienne dans tout. Même si je devenais une mauvaise personne, elle serait toujours à mes côtés.

   - Merci.

   - Je te ramasserai à la petite cuillère, t'inquiète, dit-elle avec un clin d'œil.

   On rigole toutes les deux et nous passons l'après-midi ainsi que la soirée à parler de nos trois deniers jours.

Si je l'avais su...je ne l'aurai jamais cruOù les histoires vivent. Découvrez maintenant