Chapitre 85 : Pourquoi tu m'ignores Aurélio ?

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POV Stella

   Trois semaines ont passé et mise à part notre rééducation qui a plutôt bien fonctionné, le reste demeure inchangé. Angelo et moi arrivons enfin à marcher sans aide de ce déambulateur qui me donne l'impression d'avoir pris cinquante ans d'un coup. En ce qui concerne la course, je pense qu'il va falloir attendre quelques semaines de plus et a vrai dire, tant que je peux marcher où je veux, ça m'est un peu égal et je profite de cette liberté que j'avais perdue en étant assise sur un banc en pierre blanche qui se trouve devant une statue d'un loup aussi féroce que sublime. Ce dernier montre les crocs, ce qui me fait penser au tatouage que je porte sur ma main droite.

   Ces dernières semaines, j'ai pris le temps de bien l'observer sous toutes ses formes, faute de ne pouvoir rien faire d'autre et je n'arrive toujours pas à me rappeler comment il a pu arriver là, sans que je ne me souvienne de la douleur que j'ai pu ressentir, surtout sur la main, qui est quand même une partie assez sensible. Je me demande à quel moment j'ai pris cette décision de l'avoir, ce qu'il signifie et notamment, pourquoi j'ai décidé de le faire ?

   Une partie de moi sait qu'il représente quelque chose d'important, mais sans savoir pourquoi. Comme la majorité de ce que je ressens.

   J'ai essayé de demander plus d'information sur ce que j'ai oublié, mais Angelo n'a pas voulu me répondre et finit toujours par changer de sujet pour éviter que je ne pose plus de question.

   J'ai également remarqué, qu'il est moins bavard ces derniers temps, son sourire s'efface de plus en plus malgré mes nombreuses tentative de le faire apparaître, mais je n'arrive qu'à obtenir un sourire qui n'atteint pas ses yeux. Sans joie et triste.

   J'ai essayé de demander ce qu'il n'allait pas et qu'il pouvait me parler s'il en avait besoin, mais il m'a répondue que tout allait bien.

   Depuis qu'il a effectué sa première séance avec la psychologue, l'impression de le voir dépérir de jour en jour se confirme quand je le vois perdre du poids et que des cernes apparaissent après chaque nuit qui passe. Certaines nuits, je l'entends crier ou pleuré dans son sommeil et quand je me lève du lit pour le réveiller et lui proposer mon aide, il le rejette tout en me remerciant de l'avoir réveillé.

   Mon cœur se serre quand je pense que sa dernière blague remonte à plus de deux semaines et pour Angelo, c'est long, même très long. Être 24 h sur 24h avec lui m'a appris une chose, que vous pouvez détester une personne que vous aimez, très vite, à force d'entendre des blagues nulles à répétitions, surtout lorsque vous n'avez aucun moyen de vous échapper.

   Il se renferme sur lui-même et je me sens vraiment impuissante de ne pas pouvoir l'aider dans sa souffrance que je n'arrive pas à comprendre.

   Un aboiement se fait entendre derrière le petit labyrinthe de buisson vert.

   - Moose vient ici !

   Mon chien que j'ai très vite appris à connaître et avec qui je commence à avoir une complicité revient vers moi en tirant la langue.

   - Qu'est-ce que tu fais à aboyer comme ça, hein ?

   Moose est je pense le meilleur cadeau que j'ai pu avoir de toute ma vie. Quand je m'ennuie, il est toujours là et quand je suis triste, il me lèche le visage ce qui me remonte le moral à chaque fois. J'imagine que lui aussi est heureux d'être ici et de pouvoir gambader partout où il veut à sa guise dans cette énorme propriété. Je le retrouve tout le temps la langue pendue quand Aurélio l'emmenait promener lorsque je ne pouvais pas encore marcher.

   - Tu lui as enfin trouvé un prénom à ce que je vois, dit-l'homme que je viens d'évoquer en se plaçant devant moi avec ses mains dans ses poches. Original.

Si je l'avais su...je ne l'aurai jamais cruOù les histoires vivent. Découvrez maintenant