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C'est quoi le plus douloureux, m'étouffer dans mon propre sang ou une bite qui cherche à m'étrangler. Mes tripes se déversent depuis trop longtemps dans le cabinet. Les engelures et la neige me semblaient plus agréables que ce qui se passe dans mon esprit.

Les coups, mon visage qui se fait cogner contre la surface en bois du bureau, mes côtes contre les poignées des meubles jusqu'à ce que je tombe une première fois sous la douleur.

L'un est devenu le parfait calque de l'autre, les visages se fondent l'un sur l'autre. Le décor aussi devient presque une copie conforme de celui de mon passé. Tout se superpose un peu trop parfaitement dans mon esprit.

C'était trop pour moi, trop lourd pour mon corps que pour le supporter comme mes fantasmes le voudraient. J'essuie les larmes qui inondent mes joues quand j'ai un bref répit entre mes nausées, retrouvant une douleur palpitante sous mon œil gonflé.

Mes cheveux se collent à la sueur de mon cou, sous les bouffées, en fait les symptômes sont les mêmes. Ma respiration n'arrive pas à se calmer par elle-même, entre chacune des nausées et la chaleur intenable sous ma poitrine qui m'étouffe à son tour.

J'aurais préféré terminer avec cette balle entre les yeux, je n'aurais jamais eu à endurer ça. Maintenant je me retrouve au fond d'une salle de bain inconnue, à vider les tréfonds de mon âme qui inondent ma conscience pour que je puisse me noyer dedans.

Haruatsu, hurle-t-on derrière la porte. Ouvre, on veut être sûr que ça aille, continue Kakucho.

Que ça aille ? Ils leur manquent des neurones pour poser une question avec une réponse aussi évidente. Ça fait dix minutes que je suis là, à les laisser se battre contre la porte. Je suis sûre qu'ils ont entendu que je vomissais, ça se voit que les murs sont fins.

Par contre niveau décoration ils ont du goût, en tout cas l'architecte d'intérieur en a.

Dégagez, marmonnais-je en prenant appuie sur le lavabo.

Prenant conscience de mon état, un œil au beurre noir commence à se marquer, le blanc de mes yeux reste intact, je dois surveiller son état constamment, qu'il ne s'aggrave pas. Des petites entailles parsèment mes joues, rien de défigurant, quelques straps retiennent une plaie à la naissance des mes cheveux. Je surveille longuement ma poitrine qui se gonfle et se dégonfle dans le reflet du miroir.

Ils ne me veulent pas plus de mal, pas plus que les autres, j'ai besoin d'un peu de courage. J'inspire longuement. Je passe un rapide coup d'eau sur mon visage, l'essuyant la seconde d'après dans une serviette soigneusement pliée.

Je sors les affaires qui étaient restées dans mes poches, mes clés toujours dedans. Je souffle longuement en défaisant le verrou, cherchant après un peu de courage. Je ne m'attarde pas sur leur présence plus longtemps, lançant les clés.

Si vous voulez être utile, aller me chercher des affaires, soufflais-je avant de m'enfermer à nouveau.

Je me laisse tomber sur le tabouret de la coiffeuse, observant la porcelaine blanche de la baignoire et la robinetterie luisante qui donne vue sur la ville et le parc impérial, de même pour la douche.

"Le boss sera ravi d'avoir enfin sa propre pute. T'es bien son genre"

Une nausée remonte vivement en entendant cette phrase tourner dans ma tête. Je donnerais tout pour avoir une cigarette dans ma bouche en ce moment. Je ne voulais pas de pitié de leur part, maintenant c'est tout le contraire, enfin peut-être que si ça avait été pire pour eux, ils auraient préféré abréger mes souffrances.

J'arrive plus à me sentir comme moi même, pas particulièrement humaine, juste comme un objet qu'il fallait tester la fiabilité avant de le laisser pour la personne qui s'en servira. Je préférais la période où j'étais traitée comme une fille à problèmes, au moins je n'avais pas cette impression.

𝑪𝒐𝒎𝒆 𝑮𝒆𝒕 𝑯𝒆𝒓 | Bonten X OcOù les histoires vivent. Découvrez maintenant