T R A N S F O R M A T I O N

Chapitre 8

Point de Vue Neymar

Dans la nuit je n'arrive pas à dormir.
En proie aux cauchemars qui me suivent depuis quelques années maintenant, je m'y habitue et pourtant.
Ça fait vraiment mal.

J'entends la porte s'ouvrir.
Angelina.

Elle vient s'allonger à mes côtés.
Je comprends qu'elle attend la confirmation physique pour se rapprocher de moi. Je ne dis rien et la prends dans mes bras, la serrant contre moi.
J'ai les larmes qui montent alors j'enfouis ma tête dans son cou.

Pour la première fois depuis longtemps je dors paisiblement, serré dans ses bras, son corps plaqué contre le mien.

Le lendemain matin elle n'est plus là quand je me réveille. Je me sens si con. Si nul. Si faible. Avoir besoin d'une nana pour dormir c'est fou quand même!
Une petite voix me murmure que "ce n'est pas n'importe qu'elle nana, c'est elle".
Je la fais taire. Ce matin je suis en rogne.

Dans la salle de sport, quand elle me donne des indications sur ce que je dois faire je pète un câble.

-Ta gueule. T'es là que pour le fric de toutes façons, tu te sers de moi alors ferme ta gueule. Je veux pas de toi, c'est clair ? Dégage de cette baraque, dis-je en hurlant.

Elle sort et part sans rien dire.

En fin de journée je sors du terrain d'entraînement et je vois le regard fermé d'Angelina. Elle m'attend adossée au Van.

Elle monte dedans en silence et m'emmène dans un quartier de Paris.
La pauvreté à chaque coin de rue.
Elle se gare sur le parking devant un stade de foot où le sable fait office de pelouse. Le ballon n'est qu'un amas de plastiques et les buts sont définis par des pierres.
Des gosses sans chaussures jouent. Mais ils jouent vraiment. Avec hargne et passion. Ils n'ont rien du tout, et pourtant, il y a plus d'âme dans leurs jeux que dans le mien.
Ils sont affamés.

Je regarde Angelina et vois des larmes rouler sur ses joues.

-Mon frère, ainsi que toute ma famille, est fan de foot depuis des générations. Depuis petite je les regarde jouer. Ils y mettent tout leurs corps, leurs âmes. Chaque partie d'eux est dans leurs jeux.
Mon frère vivait que et exclusivement par le foot. Il passait son temps sur ce terrain, jours et nuits. Il a permis à beaucoup d'enfants d'avoir accès à de la nourriture, des vêtements, et l'instruction quand il s'est mis à gagner de l'argent.
J'ai vu des gamins changer pour le foot. Vers des chemins différents certes. C'est à ce moment que j'ai décidé de devenir Coach de Vie. J'ai pu apporter mon aide à beaucoup de personnes. Et depuis, toutes sont liées grâce à ce terrain. Dans leurs jeux, dans leurs regards il y a cette lueur qui y brille, cette faim et cette passion qu'ils ont. Ils marchent un peu plus vite, ont le cœur qui bat un peu plus fort, le souffle un peu plus rapide. Ils incarnent cette passion. Retourne l'émotion de manière à ce qu'elle les nourrisse. Pas à ce qu'elle les détruise.
Alors oui je bosse pour l'argent, pour les aider. Dès que je peux je vais les voir. Je viens ici. Mais jamais, au grand jamais, je n'ai accepté ce job pour ton fric ou me servir de toi. À aucun moment, m'explique t-elle.

Je reste sans voix sur le moment. Je ne ressens plus aucune émotion destructive.

Elle se lève et part les rejoindre.
Elle les aides. Ils dansent sur de la musique et jouent. Unis. En équipe. Focus. Victoire.

J'enfile un masque de manière à ce que seulement mes yeux soient visibles et je les rejoins.
Je suis accepté sur le terrain si simplement.
Je donne mon maximum, ils sont affamés les petits. Et plusieurs fois je me fais avoir.
Je mets quelques temps à comprendre comment ils jouent puis je repère leurs failles et les attaquent par là.

Encore une fois, grâce à Angelina, je passe une soirée incroyable et quand j'irai dormir, j'aurai appris quelques choses qui va me servir.

En sortant du terrain les gars me check pour me dire au revoir.

-Au revoir Neymar.

Quoi?? Ils m'ont reconnu ?? Ils ont rien dit?? Ils ont préférés jouer avec moi comme des passionnés, et depuis le début ils savent?