Chapitre 19 : Genya ✅

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- T'as raison. Ça faisait un bail Genya-kun. Répondit Kyota en souriant.

Le garçon qui avait autrefois participé à sa sélection finale et agressé l'une des juges, était encore devenu plus baraqué. Il semblait être plus mature. Comme quoi, même si on a été séparé pendant des mois, on reconnaîtra toujours une personne qui a été proche de nous.

- T'as changé, a-t-il alors remarqué. Tu n'es plus la fille qui était la successeure de Kyojuro Rengoku. Tu es devenue le pilier de la flamme.

Le pourfendeur avait dit cette dernière phrase avec une pointe d'amertume, de tristesse et... de jalousie ?

- En fait, pas exactement... Dit Kyota, légèrement gênée. J'ai changé de souffle... et donc par conséquent de titre.

- Comment ? Vas-y raconte !

La pourfendeuse ne se fit pas prier et s'installa sur un rocher, non loin de son ami, avant de commencer son récit.

- En fait, depuis la mort de Kyojuro, lors de ma nomination au titre de pilier, l'un d'entre eux a refusé que je sois nommée le nouveau pilier de la flamme. Il voulait que je lui prouve que j'en étais assez digne de porter ce titre, qui n'est pas à prendre à légère. Ce pilier...

- Ne me dis rien, la devança Genya. Je sais de qui il s'agit. C'était Sanemi n'est-ce pas ? Il n'y que lui pour refuser frontalement une nomination de pilier devant Oyakata-sama.

- Bien deviné. En effet, ce jour-là, il a voulu que je lui prouve ma détermination à succéder à Kyojuro. Les mots que ton frère a prononcé à mon égard sont encore gravés dans ma mémoire : "Si notre maître le permet, rend toi dans mon dojo et on verra de quoi tu es capable. Prouve-moi de quoi tu es capable. Montre moi que tu es à la hauteur de mon respect."

Genya se gratta l'arrière de la tête.

- Cela lui ressemble bien de dire un truc pareil. Et alors qu'est-ce que t'as fais ensuite ?

Cette demande fit sourire Kyota. Les deux jeunes pourfendeurs avaient beau être des guerriers aguerris, ils n'en restaient pas moins deux jeunes adolescents dont la vie avait joué un sale tour. La jeune femme était heureuse de pouvoir compter sur le soutien de son ami. Comme quoi, même si la mort a pris des êtres qui étaient chers à nos yeux, il fallait toujours continuer à aller de l'avant. Rien que le fait de réussir à sourire et à rire malgré la souffrance endurée, était une preuve de courage en soi.

- Eh bien, en compagnie du pilier de l'amour, je me suis rendue au dojo de Shinazugawa-san. Nous nous sommes affrontés en duel à mains nues. Raconta-t-elle en repensant aux frissons qui l'avaient envahis ce moment-là. Il me donnait un coup et je devais esquiver puis essayer de riposter. Au début, c'était dur mais j'ai réussi. Sanemi est vraiment très fort. Une vrai montagne de muscles.

Cette fois, ce fut au tour de Genya d'esquisser un sourire.

- Tu m'étonnes. Et encore, je pense pas que la comparaison soit assez descriptive.

- On est pas loin de la vérité ! Assez parler de moi et de ton frère, dit Kyota. Raconte-moi ce qui c'est passé pour toi dernièrement !

Le jeune homme à la crête s'exécuta et fit un gros résumé de certaines de ces missions. Rien de bien particulier mais tout de même. C'était agréable de pouvoir penser à autre chose qu'à des dévoreurs d'êtres humains qui n'agissaient que la nuit.

- C'est sûr que comparé à toi, ma vie n'a rien de très palpitant. Dit-il

- Des fois j'aimerais bien qu'elle ne le soit pas autant qu'actuellement. Répondit la jeune femme. Il paraît que les lunes inférieures se sont toutes faites tuer et qu'il ne reste plus que les plus puissantes. Tu parles d'une bonne nouvelle !

- C'est clair... N'empêche, que s'il m'arrivait malheur... Annonça soudainement Genya.

- Arrête de dire n'importe quoi ! Ça te ressemble pas d'être négatif comme ça.

- Il faudrait que je te pose une question... Poursuivit-il sans faire attention à la remarque de son amie. Est-ce que tu as des sent...

- KYOTA-CHAN !!! Interpella une voix qui coupa net celle de Genya. Qu'est-ce que tu fais ici ?? Avec ce garçon ? Vous parliez de quoi ?

- Misturi... Et toi qu'est-ce que tu fais là ?

- Pour la même raison que toi je suppose. Dit-elle songeuse. Hé ! Toi ! Ne crois pouvoir partir sans répondre à mes questions !

Genya, ayant tenté sa chance d'avouer ses sentiments à notre chère Kyota, avait commencé à s'éclipser discrètement afin d'éviter l'interrogatoire surprise du pilier de l'amour.

- Tu as l'air jeune ! Tu as quel âge ? Tu utilises quoi comme souffle ?

Genya, gêné, se mit à reculer pas à pas. Pourquoi avait-il fallu que le pilier de l'amour surgisse à se moment là et interrompe sa conversation avec Kyota ? Le pourfendeur avait pourtant pris son courage à deux mains pour réussir à faire sa déclaration et voilà que Misturi Kanroji gâchait tout !

Car notre pourfendeur à la crête avait ressenti une sensation pourtant inconnue à ses yeux. Il se sentait incroyablement bien et heureux aux côtés du pilier de l'incendie. Pour le moment, Genya n'avait soupçonné là que de l'amitié pure.

Et pourtant... il lui fallut reconnaître que, petit à petit, il mourrait d'envie de la revoir, d'entendre sa voix, de pouvoir contempler son haori orangé et son katana rouge.

Il souhaitait la prendre dans ses bras afin de la consoler de la mort de Kyojuro, son frère. Il n'avait pas été là pour elle et s'en voulait.

Seulement... il voulait tout de même revenir afin de la revoir et d'espérer qu'il ne soit pas trop tard. Que son âme sœur ne se soit transformé en un monstre assoiffé de vengeance.
Le simple fait de la voir toute souriante lui avait enlevé un poids. Si son regard avait changé... si ils avaient perdus de leur flamboyance, Genya s'en serait voulu pendant le restant de ses jours.

Heureusement, elle était toujours là. Et elle avait allumé une flamme dans son cœur.

Le jeune homme essaya se « renseigner » auprès de son maître, Himejima-sama. Malheureusement, celui-ci ne s'était exprimé que par vers de prières, ce qui ne changeait pas de ses habitudes.

Il dut admettre une chose. Ce sentiment qu'il ressentait depuis leur première discussion, était bien plus puissant que de l'amitié.

C'était de l'amour...

Les flammes de l'incendieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant