QUATORZE

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De nombreux jours étaient passés, mais absolument aucune nouvelle du lieutenant Mark. C'est à se demander s'il est encore en vie. On a seulement reçu des dossiers par mail, sans un mot, pas même un bonjour, pas même une explication de ce qu'on devait faire.

Étrangement, les garçons n'avaient pas l'air de se poser des questions sur cette espèce de disparition, mais on aurait dit que tout était normal et qu'ils voulaient comme éviter le sujet. Après un petit café, je voyais des lumières dans le bureau du lieutenant. Non, aurait-il laissé ça ouvert tout ce temps ?

Je décida d'ouvrir la porte et de venir éteindre les interrupteurs, mais j'étais soudainement curieuse. Ce bureau est aussi peu accueillant que son propriétaire. Je refermais doucement la porte et marchais en inspectant chaque recoins. Arrivée au bureau, il y avait un calendrier et des photos. J'observais plus attentivement, une case du calendrier était entourée en rose pâle, avec un cœur sur le côté. Je pouvais lire en mandarin "Anniversaire de maman".

Serait-ce la raison de sa disparition ? Les photos sur la gauche étaient belles, une dame souriante, des enfants à ses côtés, un regard apaisant. C'est comme si je la voyais en face de moi, j'ai comme des frisons. Je cru reconnaître le lieutenant Tuan sur une des photos, plus petit. Il était mignon, il avait le sourire, pas comme aujourd'hui... On dirait vraiment qu'il n'a jamais digéré la mort de sa mère, comme si c'était une maladie qu'il avait attrapé.

- Qui vous a permis d'entrer ?

La voix froide du lieutenant venait de résonner dans ce bureau sinistre, je me retournais, et effectivement, le voilà, la mine extrêmement fatiguée.

Moi : Il y avait de la lumière, j'ai pensé que c'était mieux d'éteindre puisqu'il n'y avait personne.

M. Tuan : L'interrupteur est sur le bureau ?

Moi : Non.

M. Tuan : Alors arrêtez de fouiller dans ma vie.

Moi : Vous aimiez votre mère, n'est-ce pas ?

M. Tuan : C'est quoi cette question ?

Moi : Vous avez dit que je vous faisais penser à votre mère. Est-ce que vous lui parliez comme à moi ?

M. Tuan : Non. Vous ne m'avez pas créé à ce que je sache.

Moi : Vous étiez heureux sur ces photos.

M. Tuan : Je suis toujours heureux.

Moi : Vraiment ? Je ne vous ai pourtant jamais vu sourire comme sur cette photo.

M. Tuan : J'étais enfant. Les enfants sourient pour rien, ils n'ont pas conscience de la vie.

Moi : Et ? Au moins, ils ne sont pas froid comme vous.

M. Tuan : Vous n'êtes pas sensée travailler ?

Moi : Pourquoi vous avez disparu pendant quelques jours ?

M. Tuan : Vous devriez le savoir puisque vous avez fouillé dans mon bureau.

Je ne disais plus rien, je le regardais simplement. Ses sourcils froncés, ses yeux sombres, les bras croisés, droit comme un pic. C'est comme s'il criait la douleur qu'il éprouve depuis des années, juste avec son corps, tout en restant impassible. C'est perturbant. Je crois que je viens d'être touchée par sa douleur.

M. Tuan : Je fais pitié à ce point ? Arrêtez de pleurer, c'est encore pire. Allez travailler.

J'essuiais la larme qui avait quitté mon œil sans que je m'en aperçoive, et sortais simplement du bureau. Dans les couloirs, je percutais quelqu'un.

Taekwang : Décidément, tu pleures à chaque fois que tu me vois.

Moi : Ex... excuse-moi.

Taekwang : Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Moi : Rien.

Taekwang : Tu es certaine ?

Moi : Oui. Je vais y aller.

Je passa sur le côté, et rejoigna mes collègues sans un bruit. Une fois assise, je me sentais extrêmement nerveuse. Pourquoi je suis aussi touchée par cette histoire ? Sérieusement, ça ne me ressemble pas. En plus, je n'aime pas le lieutenant, c'est deux fois plus étrange. Je continuais tout de même mon travail, une heure passa, et le lieutenant vient ouvrir la porte, comme à son habitude, bruyamment.

M. Tuan : En route. Il y a eu un meurtre.

Nous nous levons tous pour suivre le lieutenant à l'arrière du bâtiment, pour prendre les véhicules. Nous ne trainons pas, et arrivons rapidement sur le lieu du crime. C'était dans un appartement, nous inspections tout minutieusement. On nous avait demandé de noter sur un papier ce qu'on voyait, ce qui pourrait aider.

Après de nombreuses minutes, j'avais fait une petite liste.
- traces de sang
- éclats de verres
- désordre
- corde

De ce que j'observe, la victime s'est très sérieusement défendue, des chaises sont même à l'autre bout de la pièce. J'ai cependant du mal à voir autre chose dans la pièce.

M. Tuan : Rendez moi vos papiers.

On rendait tous nos petites listes, puis le lieutenant nous donna des gants et des espèces de chiffons blanc.

M. Tuan : Prenez tous ça. Faites comme si vous faisiez le ménage, sur les meubles et les murs. Je reviens.

Il nous quitta de la sorte, et nous voilà tout les 7, sur une scène de crime avec un cadavre au sol, devant faire le ménage. Quelle vie...

Bambam : Il vient très sérieusement de nous demander de nettoyer ?

Jinyoung : Mais non, c'est le même principe que les cotons-tiges, sauf que c'est en chiffons. Ça ramasse plus.

Jaebeom : Pourquoi on est 7 à faire ça ? C'est pas logique.

Jackson : Fais le et c'est tout.

Nous nous mettons donc au travail après cette courte discussion, mais j'étais fatiguée. Cette nuit, j'ai peu dormi, et la caféine ne marche pas toute la journée. Je continuais tout de même, mais une question me vient en tête.

Moi : Pourquoi on inspecte pas le corps ? Ça nous donnerai plus d'indices.

Yugyeom : C'est vrai ça.

Jackson : Parce que le lieutenant ne nous a jamais laissé observer un corps poignardé.

Maintenant que j'y pense, ça me paraît évident, puisque c'est de cette façon que sa mère est décédée.

Youngjae : Qu'est-ce que tu en sais, qu'il ait poignardé ?

Jackson : Il nous aurait dit de l'observer sinon. De toute façon, les autopsies s'en occuperont.

Nous continuons de nettoyer encore quelques minutes quand le lieutenant revenait avec 7 boîtes hygiéniques qu'il posa.

M. Tuan : Mettez les serviettes là-dedans proprement, puis refermez.

Nous suivons ses instructions, et une fois fait, il récupère tout.

M. Tuan : Je vais apporter ça au labo, rentrez au commissariat vous. Soyez prudent sur la route.

7 + 1 - 2 [Mark Tuan]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant