QUARANTE-SEPT

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Je me levais de ma chaise, laissant mon thé infuser sur la table noire, et avançais vers le judas de la porte. Jackson ? Qu'est-ce qu'il fait là, à 10h du matin un mercredi ? Il n'est pas sensé travailler ? C'est avec ces questions que j'ouvrais la porte.

Jackson : J'ai cru que tu n'ouvrirais pas.

Celui-ci entrait en me poussant sans aucun soucis. Il s'installait sur le canapé, bras croisés, un regard bizarrement dur à mon égard. Sérieusement, on croirait mon grand-frère, mais il ne l'est pas du tout. Je fermais la porte, allais chercher mon thé, et me plaçais sur le fauteuil en face de lui.

Jackson : Ça fait longtemps.

Moi : 3 semaines.

Jackson : Ce n'est pas long, pour toi ?

Moi : Vite fait.

Jackson : Et 7 ans ? C'est quelque chose que tu peux appeler long ?

Bien entendu, il ne serait pas venu juste pour venir. Je me doutais qu'elle en était la raison.

Moi : Tu sais très bien q-

Jackson : Que c'est compliqué ? Mark, ça fait 2 mois que tu as appris qu'elle s'était réveillée ! T'as largement eu le temps de réaliser ! Tu veux la perdre réellement ? Si c'est ce que tu veux, t'es sûr une merveilleuse voie !

Moi : Eh, je t'ai demandé ton avis ? Tu n'es pas moi. On a pas la même vision des choses !

Jackson : Oh arrête, c'est pas une vision des choses !

Moi : J'ai appris à vivre sans elle, j'ai du mal à m'imaginer apprendre à vivre avec elle maintenant !

Jackson : Tu aimais vivre sans elle ?

Moi : Bien sûr que non !

Jackson : Alors tu peux rapidement oublier cet apprentissage. Puisque tu l'aimes, depuis plus de 7 ans, tu es capable de revivre avec elle. Elle sort dans un mois, Mark. Je te conseille de te bouger les fesses, vite !

Moi : Tu es qui ?

Jackson : Jackson Wang. Le plus sensé de nous deux. Je sais, je te comprends, comme si tu étais une autre part de moi. C'est comme ça depuis toujours avec toi. Et je t'aime, je m'en fou de te le dire. Alors pour ça, je sais que tu te fera souffrir si tu n'y vas pas. Pour une fois, s'il te plaît, écoute moi. Si tu ne suis pas mes conseils, je serai obligé de t'en foutre une, car tu seras définitivement devenu con.

Je ne répondais plus rien, seul mes sourcils étaient levés. Je serrais ma machoire, car je sais qu'il a raison, et ça m'énerve. Je sais que je vais sans aucun doute la perdre si je n'y vais pas. Mais j'ai peur, encore et encore. Lâchement, je fuis le problème au lieu de l'affronter directement. Comme beaucoup d'humains...

Moi : Est-ce qu'elle se souvient de moi ?

Jackson : J'en suis plus que certain.

Moi : Mais ça ne veut pas dire qu'elle a toujours les mêmes sentiments.

Jackson : Tu sais quoi ? Je suis sûr que vous vous posez tous les deux cette question.

Moi : Pourquoi elle douterait ?

Jackson : Pourquoi tu doutes ?

Comment ce mec peut avoir les réponses à tout ? Sérieusement, je plein Moyeon, vivre avec ça, ça doit être très dur.

Moi : Tu veux un café ?

Jackson : Un petit.

PDV MELODY

Plus qu'une semaine à l'hôpital, et je sortirais de cet endroit ! Je suis toujours aussi étonnée de voir que je m'en suis sortie. Aujourd'hui, je n'ai normalement aucune visite. Je suis actuellement dans ma chambre, tranquillement installée sur un fauteuil. Je lis, c'est une occupation géniale quand on est à l'hôpital.

Souvenez-vous de ça. La porte coulissante de ma chambre d'hôpital s'ouvrait doucement, je tournais la tête pensant à un des infirmiers venant vérifier que tout va bien, mais c'était un homme moyennement grand, avec une sorte de barbe courte, des cheveux légèrement plus courts qu'il y a 7 ans.

Je n'en revenais pas. Il avait un peu changé, il était un peu plus mature. Il était encore comme avant, j'ai presque envie de dire mieux. Je ne pensais pas qu'il passerait, j'avais même oublié cette idée, mais j'ai eu tord. Je ne sais ce qui la poussait à venir, après presque 3 mois, mais je suis heureuse de le revoir. Son visage m'avait manqué, et mon cœur bat bien trop vite à cet instant.

Mark : Salut...

Moi : Salut... Mark.

Il souriait, et je me rendais compte à ce moment que c'est exactement ça qui m'a manqué. Il s'avançait, l'anxiété se lisait sur son visage quand il s'assit sur un des fauteuils. Il ne me regardait pas vraiment.

Mark : Est-ce que ça va ?

Moi : Oui. Très bien, même... Et toi ?

Cette fois, il levait les yeux en ma direction. Je ne comprends pas bien ce qu'il ressent, c'est perturbant.

Mark : Bien. Ça fait longtemps... Je suis désolée de ne pas être venu plus tôt. C'était difficile.

Moi : Tu te souviens de ce que je t'ai dit, il y a 7 ans ? De ne pas t'excuser inutilement, car je ne t'en veux pas. C'est toujours d'actualité.

Mark : Je ne comprends pas comment tu fais. Je t'ai... abandonné, je trouve.

Moi : Non. Pas du tout. On ne pouvait pas prédire ce qui allait se passer. Au fait... pourquoi tu as quitté ton poste ?

Mark : Ah, ils te l'ont dit... Je ne voulais plus faire ça, alors que ça nous avait presque tué tous les deux. Je n'ai jamais pensé être un bon lieutenant. Autant arrêter les conneries.

Moi : Mais ce travail, c'était ton rêve. Ça se voyait, tu n'aurais pas dû abandonné ça.

Celui-ci expirait doucement, les yeux baissés.

Mark : C'est vrai... Mais c'est comme ça. Après 7 ans, je me vois mal revenir comme une fleur.

Moi : C'est pourtant ce que je vais faire.

Il laissait un blanc s'installait quelques secondes, avant de sourire une nouvelle fois.

Mark : Tu as toujours le même caractère, ça c'est sûr.

Moi : C'est mal ?

Mark : Non. Justement pas.

Moi : Tu sais, tu m'as réellement manqué. Plus que tout. Je pensais qu'après un coma, on ne peut pas ressentir le manque, mais je le ressens clairement envers toi. Même après 7 années, rien a changé de mon côté. Alors, j'espère que c'est de même pour toi...

Mark : Oui... je t'aime toujours et même encore plus.

7 + 1 - 2 [Mark Tuan]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant