L'APRÈS GUERRE

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L'APRÈS GUERRE

   Des bruits de pas. Des portes qui claquent. Des parapluies qui s'ouvrent. Des gens qui marmonnent et se plaignent de la pluie. Des gouttes d'eau qui éclatent au sol. Des capes éclaboussées par les flaques. Tout ça dans un rythme parfait et régulier. Tac, tac, tac. L'impression que le monde tourne toujours aussi rond qu'avant, aucun changement, aucune modification. Depuis combien de temps n'a-t-il pas regardé où il va ? Peu importe, il connaît le chemin par coeur. Tac, tac, tac. Une goutte s'écrase sur son manteau, trempe ses cheveux, une autre rebondit sur ses chaussures ternes. Cette perfection rythmique lui casse les oreilles, lui donne envie de tout briser, d'arracher chaque pavée au sol pour l'envoyer valser dans la vitrine à sa gauche.

— Pardon, marmonne-t-il tout bas en bousculant quelqu'un.

— Draco ?

Ne pas se retourner, ne pas la regarder, ne surtout pas céder. C'est trop tard. Ses pieds pivotent malgré lui, il lui fait face mais n'ose pas la regarder dans les yeux, comment pourrait-il ? Il arrive à distinguer ses boucles brunes qui retombent en cascades sur ses épaules, il lui semble qu'elles sont trempées. Il a l'impression que la pluie a cessée, qu'un rayon de soleil perce les nuages gris. Il baisse le regard encore plus bas, elle fait un pas vers lui et il recule. Le soleil perce définitivement les nuages alors qu'il pleut toujours et ce contraste le fait grimacer. Elle semble attendre, sa main droite refermée autour d'un livre qu'elle tente de protéger avec sa cape. Toujours dans les livres ? Bien-sûr, comment pourrait-il en être autrement ?

— Draco, c'est bien toi ? Répète-t-elle.

Il rajuste sa capuche sur sa tête, dissimule la moindre mèche blonde qu'elle pourrait apercevoir et tourne les talons. Le rythme de la rue semble être devenu plus irrégulier, perturbé par les battements de son coeur. Ça lui fait du bien, il en aurait presque sourit. Il accélère le pas, il ne veut pas être en retard, pas aujourd'hui. Il a besoin de s'éloigner d'elle le plus possible avant de pouvoir la rencontrer à nouveau. Le bruit de la pluie reprend de plus bel, le soleil se cache de nouveau derrière les nuages et le rythme des murmures et des parapluies reprend.

Il ne bouscule plus personne, il aurait aimé. Pour pouvoir se dire que ce n'était qu'une coïncidence. Il ne se retourne pas parce qu'il sait qu'elle ne le suivra pas. Son coeur bat la chamade, il a des bouffées de chaleur sous cette pluie glaciale. Il regrette de ne pas avoir regardé son visage, s'apprête à faire demi-tour, se ravise au dernier moment. Que pourrait-il bien lui dire ? Il consulte sa montre, 13h47. Il lui reste 13 minutes avant d'être en retard, et Merlin sait qu'il en entendra parler pendant des jours s'il arrive en retard.

Qu'il est étrange que l'hôpital Sainte Mangouste ait été placé aussi près du Chemin de Traverse. Il gratte ses chaussures sur le paillasson de l'entrée, se lance un sortilège qui le sèche entièrement, adresse un signe de tête à la sorcière derrière le guichet de l'accueil. Elle le dévisage ouvertement, se demandant certainement s'il s'agit d'un visiteur ou d'un patient. Il ne réagit pas, autrefois il lui aurait envoyé une remarque cinglante pour dévisager ainsi le grand Draco Malfoy. Autrefois.

— Je viens voir Narcissa Malfoy.

Il n'attend pas que la femme réponde, il oblique à droite, s'engouffre dans le couloir mal éclairé, l'odeur des malades lui emplit les narines. Il retient son souffle au maximum, franchit les quelques mètres restants et se tourne face à la porte fermée, numéro 196.

Une infirmière passe à côté de lui avec un plateau remplit d'ustensiles médicaux. Elle s'arrête à sa hauteur, se penche vers lui.

— Vous êtes perdu ? Vous cherchez quel numéro ?

La pluie et le beau temps [dramione]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant