La pluie et le beau temps [dramione]

LA FANTOMATIQUE ROBE BLANCHE

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LA FANTOMATIQUE ROBE BLANCHE

Les voix et les mots réconfortants des Gryffondor et des Serpentard laissent place à un silence pesant, et l'orage qui éclate au dehors n'arrange rien à l'atmosphère écrasante. Les gouttes de pluies qui s'abattent violemment contre les vitres de l'infirmerie font un tel boucan qu'ils se demandent comment il est possible qu'Hermione puisse continuer de dormir. Un éclair traverse le ciel et éclaire la pièce d'un seul coup, illuminant les chandeliers éteints, la porte close du bureau de madame Pomfresh, et le visage d'Hermione.

   Draco ne peut pas dormir. Il retourne encore et toujours dans sa tête la journée qu'il vient de vivre, toutes les émotions par lesquelles il a pu passer. Ses yeux se perdent dans le vide et finissent par se poser sur elle, comme toujours. Il pensait lui avoir fait toutes les pires crasses possibles et inimaginables, il était bien loin du compte. Lui créer un enfant, la faire aimer cet enfant, lui donner de l'espoir et du confort, de l'amour et de la joie, puis tout lui retirer en une seconde, lui dire que ce n'était que mensonge et tromperie. Comment pourra-t-il de nouveau la regarder en face ?

   Elle ne s'est pas réveillée de la journée. Madame Pomfresh leur a expliqué qu'elle est certainement tombée de fatigue dû au choc émotionnel, à l'épuisement dû à la perte de Scorpius. Sans qu'il ne s'en rende compte, les yeux de Draco se remplissent de larmes. Son cœur se serre, sa respiration se coupe, ses entrailles se tordent. Scorpius lui manque. Il a l'impression que son cœur est déchiré en deux, puis reconstitué pour n'être que mieux déchiré à nouveau. C'est une peine physique comme il n'en a jamais ressenti. Il a l'impression que son corps le brûle, que sa peau le démange, parce qu'il a besoin de son contact, de le toucher.

   Hermione remue dans son sommeil. Après que leurs amis soient partis, à contre-coeur et presque de force, Madame Pomfresh a finalement réussi à convaincre Draco de la laisser ausculter Hermione. Il l'avait déposée dans son lit en la couvrant jusqu'aux épaules, interdisant à l'infirmière de la dévêtir, sa peau était gelée. Sa peau est presque aussi blanche que le drap du lit. Il a l'impression qu'elle a toujours aussi froid.

   L'orage frappe plus fort et un éclair traverse le ciel, suivi de très près par le tonnerre. Aussitôt, Hermione ouvre les yeux. Elle les ouvre d'un coup, très grand, et fixe Draco, les cheveux en bataille. Il n'ose pas bouger, peut-être est-elle somnambule, peut-être dort-elle encore. Mais une seconde après que ses yeux se soient ouverts, Hermione se met à trembler. De tout son corps, presque aussi violemment que la tempête au dehors.

– J'ai froid, murmure-t-elle en tirant sur la couverture.

   Draco se dégage immédiatement de ses draps et traverse le mince espace qui le sépare d'Hermione. Il a tellement de choses à lui dire, mais en a-t-il le droit ? Acceptera-t-elle seulement de lui adresser la parole ? De le laisser la toucher ? Il s'approche du lit et s'accroupit pour se retrouver à sa hauteur. Elle ne bouge toujours pas.

– J'ai eu si peur, tu sais, murmure-t-elle encore.

   Elle a l'impression que si elle parle plus fort, la peine va éclater de nouveau à l'intérieur d'elle, que le désespoir va l'engloutir toute entière. Tant qu'ils parlent tout bas, tout ira bien. C'est un peu comme si ça ne compte pas, que la nuit leur laisse un moment de répit. Draco penche la tête sur le côté. Elle le voit scruter son visage sous tous les angles, s'assurer qu'elle n'a rien d'autre que des séquelles psychologiques.

– J'ai eu si peur que tu ne te réveilles pas, finit-elle en tendant une main vers son visage.

   Il n'ose pas faire le moindre geste. Les doigts gelés d'Hermione se posent contre sa joue blafarde et il en reste pétrifié. C'est plus fort que lui. Quand la paume d'Hermione caresse sa mâchoire, il appuie sa tête contre et ferme les yeux. La voix d'Hermione ne tremble pas, il n'y a pas de larmes dans ses yeux, et ça lui fait peur.