18
LA RENAISSANCE DU SALONDraco ouvre les yeux en sentant l'odeur de vanille, mais Hermione n'est pas là. Il n'a pas rêvé. À côté de lui, les draps sont défaits, la forme d'un corps apparaît encore sur le matelas, ça sent la vanille et la fenêtre est grande ouverte. Il n'a le temps de penser à rien, à peine le temps de sourire avant d'entendre un énorme BOUM! venant de l'étage inférieur. Il se redresse instantanément et sort du lit.
Le bruit est suivi d'éclats de rire, ceux d'Hermione et Scorpius alors Draco ralentit la cadence. Mais il dévale tout de même les escaliers et s'arrête net à l'entrée du salon, sous l'arche qui sépare la pièce du hall d'entrée. Hermione est couverte de peinture, Scorpius de vieux papier peint. Ils se tiennent tous les deux le ventre, en proie à un énorme fou rire qui leur fait verser des larmes.
Alors Draco examine la pièce et écarquille les yeux. Les murs du salon ressemblent à ceux d'une maison laissée à l'abandon. Le papier peint a été déchiré à certains endroits et remplacé par de la peinture de toutes les couleurs. Du bleu, du rouge, du vert, du jaune... il semble qu'Hermione a testé des tonnes de couleurs avant de pouvoir se décider. Il y a aussi d'énormes cartons dans le coin à gauche et Draco plisse les yeux pour y distinguer le dessin d'un canapé.
— Papa ! S'exclame Scorpius en le remarquant enfin. Il faut que tu nous aides à trancher : Bleu ou rouge pour le salon ?
Scorpius brandit deux pinceaux de chaque couleur et Draco pose son regard sur Hermione. Pendant une seconde, elle se demande s'il ne va pas se mettre en colère ou remonter dans sa chambre, mais Draco lève doucement le doigt et le pointe sur le rouge.
— Ah je savais que tu choisirais le rouge !
Il repart dans le fond du salon pour se remettre à arracher le papier peint. Hermione fait quelque pas vers Draco. Elle a relevé ses cheveux qui sont maintenant couverts de peinture et revêtu une salopette. Draco se dit qu'il s'agit là encore d'un vêtement typiquement moldu.
Ce qu'elle ne sait pas encore, c'est que son cœur vient d'exploser. Hermione et Scorpius sont en train de détruire le Manoir Malfoy pour en rebâtir un nouveau, et Draco a l'impression de respirer de nouveau. Sans les rideaux noirs qui couvrent les fenêtres, la lumière s'invite volontiers à l'intérieur et se reflète dans le miroir placé en face, créant une réfraction de couleurs qui attire son regard.
Quand Hermione arrive enfin à sa hauteur, elle lui sourit et croise les bras. Son nez, ses cheveux, ses mains, tous sont recouverts de peinture, de colle et d'autres matériaux.
— Je ne voulais pas...
Mais Draco passe un bras dans le bas de son dos pour l'attirer vers lui et écrase ses lèvres sur les siennes. Hermione est surprise l'espace d'une seconde car elle ne répond pas à son baiser, mais elle dépose finalement ses mains dans son cou et Draco a envie de la soulever de terre. Quelques secondes plus tard, elle recule son visage et sourit franchement.
— Bonjour à toi aussi, pouffe-t-elle en frottant son nez.
— Merci, murmure-t-il sans la lâcher.
— Tu devrais arrêter de me remercier et plutôt prendre part à la fête, décrète-t-elle en se dégageant complètement. On le fait à la mode Moldu.
Elle se retourne et Draco la suit pour rejoindre Scorpius. Il est toujours occupé à déchirer le papier qui recouvre les murs et la sueur perle de son front. Quand il arrive à sa hauteur, son fils lui tend un bout du papier peint et Draco l'agrippe entre ses doigts.
— Mets-y tout ton cœur, conseille Scorpius. C'est encore meilleur.
Alors Draco prend une seconde pour observer les motifs discrets de lys fondus dans le vert bouteille. Ces motifs, il a pu les contempler de nombreuses fois : quand Voldemort a pris possession du Manoir, quand il s'est fait torturer à de nombreuses reprises, quand Charity Burbage a été assassinée sur la table à manger, quand Hermione s'est faites marquer à vie. Il tire violemment sur la bande et le papier se déchire, se décolle, emporte avec lui tout ce que Draco aimerait oublier.
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La pluie et le beau temps [dramione]
Fiksi PenggemarDraco Malfoy sombre dans un océan de désespoir. Comment peut-il oser retourner à Poudlard ? Comment peut-il oser se montrer en public ? Comment peut-il oser rêver d'Hermione Granger ? Comment peut-il oser vivre encore ? Peut-être devrait-il en finir...