La pluie et le beau temps [dramione]

LE NOUVEAU PROFESSEUR DE POTIONS

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LE NOUVEAU PROFESSEUR DE POTIONS

   Draco, Pansy, Blaise et Theodore prennent place dans la salle de Potions. Tous trois arborent une mine grave, comme la plupart des Gryffondor et Serpentard qui sont en train de s'installer autour d'eux. Étrangement, la pièce n'a pas changé, le nouveau professeur n'a pas personnalisé l'espace. Sur les étagères dans le fond de la classe traînent toujours des dizaines de beaucoup à renfermant des substances suspectes. Les chaudrons sont toujours les mêmes, les tables et les bancs aussi et Draco n'arrive pas à déterminer s'il aurait préféré que tout change ou que tout reste comme c'était avant... avant la mort de Severus Rogue.

   Mais pire que tout, pire que les objets, pire que les souvenirs, l'odeur... L'odeur des cachots, l'odeur des potions, il peut même presque sentir l'odeur des cheveux gras. Il a envie de se fracasser le crâne contre la table pour oublier, pour ne plus réfléchir. Pansy, Blaise et Theodore ne plaisantent plus depuis qu'ils se sont engouffrés dans le couloir des cachots. L'ambiance est glaciale, morose, on se croirait à un enterrement. Et dans un sens, c'est un peu le cas. C'est la première fois depuis la mort de Rogue qu'ils se retrouvent tous de nouveau dans cette salle. Draco croyait que ça n'arriverait plus jamais.

   Quand il croise sans le vouloir le regard d'Hermione, assise quelques rangs devant eux, il croise également les yeux noisettes de Scorpius et sa mauvaise humeur redouble. Il s'apprête à tourner la tête pour rompre le contact, pourtant il continue de la fixer quand il voit ses lèvres remuer silencieusement. Il fronce les sourcils et lit sur ses lèvres.

— Tu vas bien ?

Elle fronce elle aussi les sourcils, mais dans une mine soucieuse. Cela lui donne envie de vomir, elle devrait plutôt se concentrer pour le prochain cours. Harry et Ron, assis à côté d'elle, murmurent à voix basse. Tout le monde parle à voix basse, comme pour respecter la mémoire de Rogue, comme pour ne pas froisser le défunt professeur, qui les auraient tous collés pour avoir haussé la voix.

Draco ne répond pas à sa question, parce que chaque fois qu'il croise son regard, il a envie de la consumer tout entière. Il a envie de se fondre en elle, de se réfugier dans ses bras comme un petit garçon pris en faute et de ne plus jamais en sortir. Pourtant, le petit Diable sur son autre épaule lui souffle qu'il n'est qu'un monstre qui l'a laissée se faire torturer sur le sol de son Manoir, et qu'elle vomirait si elle savait à quel point il l'aime.

La nuit précédente, après s'être accablé de remords sur la tombe de Dumbledore, il avait regagné son dortoir, priant de toutes ses forces pour ne plus rêver d'elle, pour ne plus rêver d'eux. Pourtant, il l'avait retrouvée, elle, comme toutes les nuits depuis des mois. Cette fois, Scorpius n'était pas encore né et Hermione et lui profitaient d'un repas au Terrier. Il ne comprend toujours pas comment Molly et Arthur Weasley ont ou l'accueillir chez eux, enfin pourront l'accueillir. Il a de plus en plus de mal à différencier passé, présent et futur.

Il refait surface dans la salle de potions quand le nouveau professeur, McQuill, fait irruption dans la pièce. Il est au moins aussi grand que Rogue, bien que la ressemble s'arrête là. Avec ses cheveux blonds comme le soleil et ses yeux bleus clairs, il jure méchamment avec l'ambiance de la pièce et donne l'impression de revenir de vacances. Il est habillé d'une robe de sorcier vert pâle et Draco lui donne pas plus que trente ans. Ils sont tous frappés par la fraîcheur, la jeunesse et la vitalité de ce nouveau professeur. Hermione se demande alors si McGonagall n'a pas volontairement cherché à recruter l'exact opposé de Rogue.

Draco reporte son regard sur Hermione mais elle s'est retournée et attend maintenant les consignes. Pourtant, à l'intérieur de lui-même, il est en proie à une vraie tempête. Tous les pores de sa peau lui crient de sortir de la pièce, que jamais personne ne pourra remplacer Rogue et qu'ils ne devraient pas essayer de le faire. Soudain, il se demande pourquoi aucun hommage n'a été fait en son honneur, pourquoi aucune stela n'est érigée dans le parc, pourquoi son portrait n'est pas dans la salle.