Chapitre 17 - Les brins d'herbe sous le soleil du zénith

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Les égyptologues retournèrent dans le tombeau un bon quart d'heure plus tard, toujours avec des masques sur le visage pour se protéger de la poussière et des spores. Ils se penchèrent sur le sarcophage sous l'objectif du photographe.

À l'aide de petits pinceaux, et éclairés de nombreuses lampes-torches, ils retirèrent délicatement la crasse et les petits débris du couvercle de pierre qui étaient tombés sur le cercueil de bois.

Une ceinture était peinte et entourait le corps du défunt. Elle descendait le long de ses jambes, et de multiples hiéroglyphes étaient gravés dans son sillage. Minseok emprunta le téléphone de Menes pour prendre des clichés. Il poursuivit l'examen de ce qu'il avait sous les yeux tandis que ses collègues continuaient de nettoyer le sarcophage.

Le cercueil dépoussiéré au maximum et l'intérieur photographié, ils recouvrirent hermétiquement la cuve de granit et remontèrent à la surface. Le soleil commençait déjà à se coucher.

Quand Minseok croisa Risae alors qu'il se dirigeait vers sa tente, il se souvint que Jiho avait disparu. Il se précipita sur elle pour savoir si elle l'avait vu. Malheureusement non.

Elle continua son chemin, mais Minseok s'arrêta et se demanda quelle mouche avait bien pu le piquer.

Il quadrilla en long et en large la zone des fouilles, puis étendit ses recherches au reste de la vallée, tout en débutant évidemment par le tombeau de Toutânkhamon, mais rien ; aucune trace de lui.

Il s'apprêtait à quitter l'endroit et monter à bord d'une voiturette quand il l'aperçut, recroquevillé à même le sol, les mains dans les cheveux. Il le rejoignit sans un bruit, puis se pencha et posa une paume sur son épaule. Jiho ne sursauta pas, comme s'il s'y attendait.

— Tu m'as fait peur, murmura Minseok. Qu'est-ce qui t'a pris tout à l'heure ? Tu as raté le plus important.

— Je sais, fit Jiho sur le même ton. Mais j'étais en train d'étouffer.

— D'étouffer ? Tu n'avais rien mis sur ton visage ?

— Si, mais ce n'était pas ça... C'était... à l'intérieur de moi. J'ai... Je ne sais pas, je ne voulais pas voir ça, mes tripes se sont tordues, j'ai cru que j'allais vomir avant d'être arrivé à la surface.

Minseok fit une moue, compatissant, et bougea pour s'accroupir en face de lui.

— C'est peut-être les odeurs, ça peut surprendre.

— C'est possible... Je ne sais pas, je ne voulais pas rester là, je ne pouvais pas, c'était au-dessus de mes forces. Alors que pourtant... Pourtant c'est ce que j'ai attendu pendant des années...

Minseok posa délicatement les mains sur le crâne de Jiho qui releva la tête après quelques secondes. Les longs doigts de Minseok descendirent sur son visage qu'il prit en coupe. Il le détailla avec inquiétude jusqu'à ce qu'il ne le repousse.

— C'est bon, j'ai juste besoin de me reposer. Ça fait un peu beaucoup depuis quelques jours.

— Oui, tu as raison. Rentre à l'hôtel et relaxe-toi, ça ira mieux demain. C'est seulement la fatigue, et peut-être aussi l'émotion.

Jiho se releva et épousseta ses vêtements en quelques coups de main.

— Je ne sais pas si ton pote veut m'embaucher, mais... je dois réfléchir.

— Oui, ne t'en fais pas. D'abord, il faut qu'on en parle à la commission qui finance l'expédition, et si ça se trouve ils refuseront, donc ne te prends pas la tête. Si jamais c'est le cas, tu pourras toujours nous aider officieusement si tu le souhaites. Et si tu veux rester, je te soutiendrai.

ʟ'ᴀᴜʀᴏʀᴇ ᴅ'ᴀᴘᴏᴘʜɪꜱOù les histoires vivent. Découvrez maintenant