ʟ'ᴀᴜʀᴏʀᴇ ᴅ'ᴀᴘᴏᴘʜɪꜱ

Chapitre 𝟰𝟰 - Ipet-sout

Aapep caressait l'encolure des chevaux d'Hotepaton en veillant à ce qu'ils se nourrissent bien et se désaltèrent après le long voyage qu'ils venaient de faire. Il avait pitié de ces pauvres bêtes qui parcouraient tant d'itérou¹en si peu de temps, et si fréquemment. Hotepaton, lui, était assis au bord du Nil, et ses pieds jouaient avec la surface de l'eau.

— Tu devrais penser à tes chevaux, à défaut de penser à moi, lui reprocha Aapep. Tu vas finir par les tuer à force.

— Ne t'en fais pas, ce sont des bêtes robustes. Et puis, on prend soin d'elles, elles ne manquent de rien et se reposent beaucoup.

Il continua de caresser leur robe blanche avec tendresse.

— Dis..., commença Hotepaton.

— Oui ?

— De quand date ta dernière visite au temple d'Ipet-sout ?

Le visage d'Aapep s'assombrit aussitôt.

— Pourquoi me demandes-tu ça ?

— Parce que c'était le domaine d'Amon, avant. Et l'autre jour, tu m'as dit qu'il y avait un endroit que tu aimais bien à l'intérieur. J'en ai donc conclu que tu y étais déjà allé.

— J'y suis allé quelques fois quand j'étais enfant.

— Et plus après ça ?

— Non. Plus depuis que c'est devenu un temple consacré à Aton.

— Aton a pris la place des autres dieux dans plusieurs temples, comme à Iounou et Men-néfer. Mais il y a une chose que je ne comprends pas.

— Laquelle ?

— Pourquoi pas toi ? Pourquoi pas ton temple ?

— C'est... une longue histoire. Très longue histoire.

Hotepaton leva les yeux au ciel mais n'insista pas.

— C'est dommage que tu n'y ailles plus à cause de cela.

— Oui. C'est un lieu très reposant.

— Quel était l'endroit que tu aimais bien ?

— Le lac sacré. Il respire la paix et l'amour.

— J'aimerais bien le voir, je ne m'en rappelle plus du tout...

— Nous n'avons pas le droit d'entrer, malheureusement. Surtout moi.

— Et moi, je ne pourrais pas ? Si je dis qui je suis...

— Je l'ignore, mais évite. Tu n'es même pas censé te trouver ici.

— C'est vrai... Mais c'est dommage. J'aimerais bien voir ce que c'est devenu depuis que nous avons quitté Ouaset, même si je ne me souviens pas ce à quoi cela pouvait ressembler avant...

Aapep retira sa main du dos du cheval. Hotepaton continuait de fixer l'eau qui clapotait sous ses pieds.

— Je suis frustré..., souffla-t-il.

— Tiens-tu autant à y aller ?

Était-ce un simple caprice, ou cela lui tenait-il vraiment à cœur ? Aapep était perplexe. Il n'avait pas le droit de s'y rendre, et Hotepaton, fils d'Akhenaton ou non, n'y serait sans doute pas le bienvenu non plus. De plus, personne ne devait savoir qu'ils étaient ensemble.

Hotepaton grogna pour toute réponse.

— Il y a peut-être un moyen d'y entrer...

— Ah oui ?

Il se retourna immédiatement.

— Comment ?

— En passant par le dromos de Mout.