Chapitre 𝟰𝟭 - Pépi II

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Hotepaton releva son calame.

— Et voilà ! Alors, qu'en dis-tu ?

Aapep souffla fortement par le nez, presque attendri.

— C'est mieux que d'habitude.

— N'est-ce pas !

Hotepaton repoussa le papyrus sur lequel il venait de s'entraîner à écrire une lettre, puis il trempa de nouveau le morceau de roseau dans l'encre.

— Maintenant, c'est l'heure d'inventer notre propre écriture !

— N'en as-tu pas marre ? rit Aapep. Apprends plutôt les hiéroglyphes sur le bout des doigts, cela te servira davantage.

— Je sais, mais il faut que l'on puisse communiquer tous les deux sans que personne ne nous comprenne.

— Mais pourquoi cela t'obsède-t-il autant ?

— C'est...

Hotepaton suspendit le mouvement de son calame et soupira profondément avant de le poser à plat sur sa feuille.

— C'est mon père.

— Ton père ?

— L'autre jour, quand je ne suis pas venu pendant plusieurs décades... Je n'ai pas juste été puni pour avoir fait le mur...

— Qu'as-tu pu encore faire comme stupidité ? grimaça Aapep.

— Rien du tout ! Je te le promets !

— Alors que s'est-il passé ?

— En fait... Il sait que je viens ici, et il sait que c'est pour te voir.

Hotepaton pinça les lèvres et joignit les mains entre ses cuisses avant de les serrer l'une contre l'autre.

— Et pour être honnête, je ne sais pas ce qu'il pense à ce propos et ça me fait peur.

Sa voix s'était étranglée, mais Aapep ne sourcilla pas. Ç'aurait été étrange que Pharaon n'enquête pas sur les agissements de son fils. Mais s'était-il renseigné sur lui ?

— Que t'a-t-il dit ?

— Qu'il fallait que j'arrête de venir te voir, que tu n'étais pas fréquentable, et que j'avais mieux à faire et toi aussi.

— Je ne vais pas démentir.

— Quoi donc ?

— Tu me fais souvent perdre un temps précieux.

— Vraiment ?

Les yeux d'Hotepaton plongèrent dans ceux d'Aapep qui fut plus que surpris par le ton qu'il avait employé. Pourquoi avait-il soudain l'air de s'en vouloir ?

— Je... Enfin, maintenant non, vu que tu prends sur toi pour me laisser aller prier et accomplir mes autres tâches... Mais avant, oui...

La tension était palpable entre eux. Que devaient-ils faire ? Ne plus se voir parce que Pharaon l'avait décidé ? Ou continuer comme si de rien n'était ?

— T'a-t-il menacé ? Si jamais tu persistais à venir ?

— Non. Non, il a... Ne t'en fais pas.

— Mon prince...

— Ça va aller Aapep, ce n'est rien. C'est pour ça que je ne t'en ai pas parlé, je savais que tu t'inquiéterais. Mais c'est bon. Il n'a pas le droit de m'empêcher de voir mon meilleur ami, de toute façon !

Aapep sourit en baissant la tête sur ses mains jointes entre ses jambes pliées en tailleur. Bien sûr que si, il le pouvait. Il y avait une façon très radicale à ça, d'ailleurs. Peut-être que ça lui rendrait service, en fin de compte...

ʟ'ᴀᴜʀᴏʀᴇ ᴅ'ᴀᴘᴏᴘʜɪꜱOù les histoires vivent. Découvrez maintenant