Chapitre 𝟮𝟳 - Akhetaton pt.1

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« Non. » C'était ce qu'avait répondu le prêtre à sa question. Et pourtant, cela n'avait pas découragé le prince qui était revenu à de multiples reprises. Il avait même réussi à le tirer jusqu'au bord du Nil et à l'obliger à le regarder pêcher, à défaut de s'abaisser à faire de même.

Le prêtre ne traînait plus autant les pieds lorsqu'Hotepaton venait le chercher, il n'était plus non plus autant sur ses gardes quand il entendait des bruits de pas violer la quiétude du sanctuaire. Il savait qui était là, et bien malgré lui, petit à petit, ces visites lui faisaient chaud au cœur. Petit à petit, son visage neutre et ses arcades sourcilières froncées se transformaient en un regard moins méfiant et en un léger sourire. Cependant, il gardait toujours une part d'ombre en lui, et il se retenait au mieux de ne pas la montrer. Hotepaton l'avait remarqué, mais il s'en fichait. Ça lui faisait plaisir d'essayer d'éclairer ce visage sombre, et il appréciait sa compagnie.

Ce n'était plus une stupide histoire de promesses, de devenir son ami, sa famille ou autre chose encore. Davantage que ses frère et sœurs avec qui il ne s'entendait pas à part le petit Toutânkhaton ; davantage que les fils de nobles habitant au palais ; davantage que ses anciens amis du peuple ; cet enfant, ou plutôt ce jeune homme, avait quelque chose de particulier. Il était franc, honnête. Il avait un très mauvais caractère, mais une bonne répartie. Il ne se laissait pas faire sous prétexte qu'Hotepaton était l'héritier de Pharaon, il se comportait avec lui comme s'il était quelqu'un de normal. Il lui parlait mal parce que c'était dans sa nature, mais il le respectait tout de même, et ne lui faisait pas de traitement de faveur. C'était ce qui lui plaisait.

Et même s'il le considérait comme son ami et que ce n'était pas réciproque, Hotepaton ne changeait pas ses habitudes. Il continuait de s'enfuir d'Akhetaton au moins deux fois par lune pour se réfugier dans le palais de Malqata, en face de Ouaset, et retrouver son mystérieux compagnon. Et ce jour-là, il avait une idée toute particulière à l'esprit.

Arrêtant son char près du temple, il s'y engouffra d'un pas assuré et se mit à crier le nouveau surnom qu'il avait trouvé pour le prêtre depuis quelque temps.

— Amoni ! Je suis là ! Où es-tu, mon ami ?

Courant dans le sanctuaire en l'appelant, il fut brutalement stoppé par un coude qui surgit de derrière un mur et s'enfonça dans son ventre. Il couina de douleur, s'étouffant du même coup, et tomba à genoux, le bras plaqué contre son estomac.

— Tu es bruyant. On ne t'a jamais appris que le silence était le mot d'ordre dans ces lieux ?

Le prêtre tourna les talons et quitta la petite chambre. Après une bonne minute, Hotepaton se releva même s'il souffrait toujours, et il partit à sa recherche.

— Moni ! Amoni ! Où es-tu ?

— Que me veux-tu encore ? Et arrête avec ce surnom, je t'ai dit que je ne l'aimais pas.

— Tu n'aimes rien, argua-t-il en roulant des yeux tout en suivant le son de sa voix.

— Pourquoi est-ce que je devrais aimer ces sobriquets idiots ?

— Parce que c'est moi qui te les donne ?

Le prêtre leva le regard au plafond et posa son plateau dans la pièce où il préparait les offrandes, avant d'en sortir.

— Tu me fatigues. Que fais-tu encore ici ? Je ne vais jamais pouvoir passer deux lunes tranquille.

— Tu es de mauvaise foi ! Et je sais que tu t'ennuies quand je ne suis pas là !

— Bien au contraire. Le calme est appréciable, la prière aussi, la lecture également. Tu devrais essayer.

Hotepaton fronça le nez en désaccord avant d'inspirer. Un nouveau sourire illumina son visage.

ʟ'ᴀᴜʀᴏʀᴇ ᴅ'ᴀᴘᴏᴘʜɪꜱOù les histoires vivent. Découvrez maintenant