Chapitre 6 - « En vérité, si je renais, Osiris renaît. »

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Ça faisait plusieurs heures que les fouilleurs vidaient le tombeau. La deuxième chambre serait bientôt totalement dépouillée de tout ce qu'elle contenait jusque-là, et il ne resterait plus que la dernière où se trouvait le sarcophage.

Les journalistes de l'équipe avaient rédigé des comptes-rendus de ce qui avait été dit le matin lors de la réunion express, et après une validation par l'ensemble des chercheurs, ils avaient été mis en ligne, informant ainsi le monde entier que la sépulture datait de la XVIIIe dynastie, et que son occupant avait un lien avec le pharaon Akhenaton. Cette dernière information avait déjà fuité la veille, mais elle était désormais officielle et accompagnée de photos afin d'étayer les articles de presse.

Tous les amoureux d'Égypte et d'Histoire voyaient leur intérêt de plus en plus piqué par ces nouvelles et n'attendaient qu'une chose : que le grand secret enfermé dans cette tombe éclate au grand jour. Mais pour le moment, seule la jeune Risae détenait le pouvoir d'apporter la réponse tant espérée. Plongée dans les clichés pris par le photographe depuis que les pièces avaient été vidées, elle griffonnait inlassablement sur un carnet. Elle avait réussi à identifier un passage du Livre des morts sur un mur, qui venait du chapitre XLVI.


« Voici que l'aube de chaque jour

Ce dieu s'empare de son Diadème ;

C'est pour les générations à naître qu'il le fait...

En vérité, si je renais, Osiris renaît. »¹


Minseok ne cessait de relire ce passage, assis non loin d'elle. Il lui jetait de temps en temps de longs regards dans l'espoir de voir son visage s'illuminer suite à la traduction d'un nouvel extrait. Elle avait, en quelques heures, réussi à faire bien plus que lui en plusieurs jours et il se sentait vexé, frustré, et déçu de ne pas avoir effectué la tâche qui lui était revenue correctement.

Finalement, il se leva et quitta la tente pour la laisser travailler. Ils avaient de la chance de l'avoir. Et comme il lui avait cédé son poste, il fallait désormais qu'il trouve autre chose à faire.

Il alla boire de grosses gorgées d'eau tiède en grimaçant, puis se faufila dans le tombeau qui était toujours en train d'être vidé.

Slalomant entre les ouvriers qui portaient des éléments parfois encombrants, il entra dans la chambre funéraire où il retrouva Injoon et Menes.

— Alors ? demanda-t-il. Des nouvelles ?

— Malheureusement non, soupira Injoon. Il nous sera impossible de le bouger à l'intérieur de la pièce, et je n'ose même pas imaginer le faire sortir d'ici dans l'immédiat. On va devoir s'en occuper en le laissant collé au mur, ce qui complique grandement les choses parce qu'on aura moins de prise.

— Il est clair qu'on aura besoin de beaucoup plus d'hommes pour réussir à déplacer la pierre du dessus, déclara Menes.

— En espérant pouvoir la déplacer.

— Ce qui ne s'annonce pas facile non plus, bougonna-t-il. Ça va être dur, mais on devrait y arriver, il faut y croire. Pour l'instant, on doit vider la pièce entièrement. On y reviendra demain, même si ça m'énerve de devoir encore repousser.

— Ça me gonfle aussi, râla Injoon, mais on n'a clairement pas le choix.

— On y réfléchira ce soir, la nuit porte conseil, plaisanta Minseok.

Ses collègues restèrent impassibles, peu convaincus. Il posa à son tour les yeux sur le coffre de pierre, probablement de granit. Pourquoi ce dernier avait-il été mis ici, dans le coin de la pièce, avec tous les objets disposés à côté, sur la droite ? Y avait-il une raison précise ? Les ouvriers n'avaient peut-être pas eu le choix, à l'époque ?

ʟ'ᴀᴜʀᴏʀᴇ ᴅ'ᴀᴘᴏᴘʜɪꜱOù les histoires vivent. Découvrez maintenant