Chapitre 𝟮𝟴 - Akhetaton pt.2

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La nuit était désormais tombée sur la ville d'Akhetaton. Un peu plus tôt dans la soirée, Hotepaton avait momentanément délaissé sa chambre et son ami pour faire une apparition au repas. Il avait peu mangé, prétextant qu'il n'avait pas faim, et était reparti sous les menaces de son père, mais il n'en avait eu que faire. Il avait aussitôt été retrouver « Moni » et n'avait plus quitté ses appartements avant que le dieu Atoum laisse à Thot le soin d'éclairer l'Égypte.

Et maintenant que le palais était calme, Hotepaton l'entraîna dans les couloirs jusqu'aux cuisines où les restes du repas avaient été entreposés. De nombreux serviteurs savaient que leur prince venait manger ici pendant la nuit, alors ils lui laissaient de la nourriture de côté avant de jeter ce qu'il restait le lendemain. Ils grignotèrent donc en cachette pendant de longues minutes, chuchotant, avant de longer de nouveau la pierre froide.

Sans prévenir, Hotepaton poussa une lourde porte, faisant signe à son ami de le rejoindre sans un bruit, et il referma derrière eux. La salle du trône.

Le prêtre fut une fois de plus ébloui par la grandeur du lieu et par sa clarté, due aux larges ouvertures dans les hauts murs. De cette pièce, ils avaient une vue à cent-quatre-vingts degrés sur la ville.

— Alors, qu'en penses-tu ?

— C'est... inutilement grand, murmura-t-il en se raclant la gorge. Mais c'est beau.

— Non, je te parle de moi, rit Hotepaton.

— Comment cela ?

« Amoni » tourna la tête en direction de sa voix, puis pouffa.

— As-tu le droit de t'asseoir là ?

— Non, mais je m'en moque royalement. Et j'ai le droit de m'en moquer royalement, puisque je suis le fils de Pharaon !

Ils rirent en chœur, puis le prêtre alla une fois de plus s'accouder aux larges fenêtres, donnant cette fois sur les maisons du peuple. Il écouta le doux bruit provoqué par ceux veillant encore, celui de la fraîche brise provenant du Nil, puis il leva ses yeux sur le ciel étoilé.

Il n'avait pas prié Amon ce soir, il ne lui avait pas fait ses offrandes, n'avait pas pris soin de sa statue et n'avait pas dansé pour lui. Est-ce que le dieu allait le lui pardonner ?

Même si, dans le fond, il faisait tout ça bien plus par habitude que par réelle dévotion, sortir de sa routine était étrange et le dérangeait. Malgré tout, il n'était pas mécontent d'être venu jusqu'ici avec Hotepaton. Il ne le lui avouerait jamais, mais il était émerveillé de découvrir toutes ces choses, ces endroits où peu de personnes pouvaient se vanter d'être allées.

— À quoi penses-tu encore ? murmura Hotepaton en se posant à ses côtés.

— Au fait que tu m'as empêché de faire mon devoir, mentit-il. Et puis en plus de cela, tu m'as emmené dans la maison de son rival. Je ne crois pas qu'Amon te le pardonne un jour.

Hotepaton resta muet. S'était-il vraiment mis le dieu à dos en enlevant son serviteur et en le privant de ses rites quotidiens ?

— Mais quand je serai devenu pharaon, je viendrai le prier avec toi, et je lui ferai de nouveau des offrandes. Il me pardonnera, non ?

— C'est à voir, sourit-il avec malice. Peut-être que oui, peut-être que non. Ils sont capricieux, tu sais.

— On a un temple...

— Un temple dédié à Aton. Je ne vais pas y prier pour quelqu'un d'autre.

Un silence confortable s'étira entre eux, puis Hotepaton soupira, brisant ainsi leur petite bulle de paix.

ʟ'ᴀᴜʀᴏʀᴇ ᴅ'ᴀᴘᴏᴘʜɪꜱOù les histoires vivent. Découvrez maintenant