Chapitre 29 - La quatrième chambre

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Lorsque Jiho sortit des bras de Morphée, il réalisa immédiatement qu'il s'était endormi sur le mauvais lit, et que le téléphone qu'il tenait avant de sombrer était tombé par terre. Il se dépêcha de se lever et de ramasser le combiné avant de le porter à son oreille. Ça sonnait dans le vide, Minseok avait dû finir par raccrocher.

Il le reposa sur sa base et prit son carnet dont les pages s'étaient un peu froissées. Bien que les draps eussent sans aucun doute été changés depuis la veille, l'odeur de Minseok imprégnait encore l'endroit et ça lui faisait bizarre de se réveiller avec son parfum près de lui.

Il regarda l'heure qu'il était, même s'il se doutait, grâce à la lumière naturelle entrant par la fenêtre, que la matinée était déjà bien avancée, puis il se prépara pour partir en direction du temple d'Amon.


De l'autre côté du Nil, tout le monde s'activait au cas où la porte de la nouvelle chambre s'ouvrirait enfin. Les archéologues avaient réussi à retirer une bonne partie de l'enduit. Que pouvait-il y avoir dans cette pièce qui nécessite plus de protection que le corps du défunt prince ? Cette question ne quittait jamais leurs esprits.

Sous les yeux du photographe de l'équipe, Menes et deux ouvriers essayèrent de détacher totalement les deux pans de mur en tapant sur leurs burins à l'aide de masses. Ils passèrent une micro-caméra et un filet de lumière afin de voir ce qu'il y avait derrière. Une lueur leur revint aussitôt. Il y avait définitivement quelque chose, et de valeur.

Menes fit évacuer le couloir et ne garda avec lui que trois hommes pour l'aider à en venir à bout. Ses yeux habituellement pétillants étaient noirs, son sourire avait disparu, et la sueur coulait le long de son crâne en de grosses gouttes. Il était épuisé, et sur l'instant, la seule chose qu'il souhaitait était d'en finir avec cette fichue porte.

Il se mit à réfléchir à toute vitesse, puis prit une décision. Ils allaient découper la pierre le plus proprement possible afin d'être capables de la reconstituer. Tant pis pour la peinture. Il envoya un des ouvriers passer le message à ses collègues, puis demanda à ce qu'on lui amène un petit échafaudage et certains outils.

Une fois en possession d'une scie circulaire, la même qu'il avait utilisée sur la cuve du sarcophage quelques jours plus tôt, il observa la porte qui lui tenait tête. Pour commencer, il allait couper les trente centimètres du haut.

Il fixa un masque sur son visage, et compta pour lui-même jusqu'à trois en inspirant profondément.

La lame s'enfonça dans la pierre dans un crissement désagréable. Il persévéra sous l'objectif de l'appareil photo.

Au bout de longues minutes, arrivant au bout, il demanda à ce que quelqu'un passe des longes autour du morceau qu'il était en train de décrocher du reste, afin de prévenir toute chute en arrière.

La scie s'arrêta. Menes échangea un regard avec l'ouvrier à ses côtés. Il pivota légèrement pour se débarrasser de l'outil, remercia la personne qui le récupéra sans même lui porter attention, puis prit la sangle la plus à droite.

— Prêt, akhi ?

Son collègue hocha la tête. Menes compta en arabe jusqu'à trois, et ils tirèrent sur les longes. Le morceau de roche resta en place, et après une bonne minute, il bascula. Ils le rattrapèrent de justesse, et d'autres ouvriers les aidèrent aussitôt à maintenir les briques.

Elles furent déposées en douceur au sol, et Menes remonta sur la marche de l'échafaudage. Il se saisit de la torche accrochée à sa taille pour regarder dans l'ouverture. L'air était étouffant, la poussière volait dans la pièce alors même qu'il n'y avait pas la moindre brise.

ʟ'ᴀᴜʀᴏʀᴇ ᴅ'ᴀᴘᴏᴘʜɪꜱOù les histoires vivent. Découvrez maintenant