Chapitre 𝟰𝟲 - Sous tes écailles

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Inspiré par Horus, je m'envole tel un grand Faucon d'Or et plane à travers le domaine de Nout. Quittant mon cercueil voyageant sur la barque Mesektet, je vole jusqu'à la barque Mandjit de mes ailes puissantes et longues de quatre coudées. Et alors que l'Ennéade m'accueille, je m'adresse à eux.

Hotepaton regardait son ami, admiratif, et bercé par ses paroles qu'il entendait à peine, la tête soutenue par son poing droit.

Me voici devant vous, ô dieux anciens, fils et filles de Shou et Tefnout. Regardez-moi !

Appuyé sur ses coudes, Aapep repoussa la page de papyrus et en saisit une autre.

— C'était la transformation en Faucon ? demanda Hotepaton.

— Oui, c'était le chapitre de la métamorphose du défunt en Faucon d'Or.

— Ça n'a pas du tout parlé de transformation, dit-il en faisant la moue, je m'attendais à un peu de magie. Le titre est trompeur.

— Tu es infernal, sourit Aapep. Le chapitre suivant est un de mes préférés.

Il se racla la gorge et reprit sa lecture.

Ô Premiers nés de Nout, écoutez mes paroles. L'usage de mon larynx m'a été rendu par Nepra, mais ne révélez à personne le discours dont je vais vous faire part, car Maât surveille et pourrait vous entendre.

Hotepaton, le regard toujours rivé sur lui, leva la main et la porta à sa nuque.

En vérité, Osiris parle par ma bouche. J'accomplis mon dessein et mes créations grâce à la puissance de mon âme et la force de mon Verbe. Les morts s'inclinent devant moi car je suis, moi, l'é-, arrête.

Il remua ses épaules pour que les doigts quittent sa peau.

L'égal d'Osiris, Roi du monde de-

— C'est toi, le Faucon d'Or.

Aapep soupira, ferma les yeux, puis tourna la tête vers lui.

— Quoi encore ?

— Je dis que c'est toi. Tes ailes sont cachées sous tes cicatrices.

— Très bien, disons cela, fit-il avant de retourner à sa lecture.

— J'aurais dû rester.

Aapep se figea.

— Non, cela aurait causé davantage de problèmes.

— Mais j'aurais pu te défendre !

— Ce n'est rien. Vas-tu me laisser finir ? C'est toi qui souhaitais que je te conte quelque chose.

— Je sais... mais je n'arrête pas d'y penser. Dès que je te vois...

— Alors ne me regarde pas. Problème résolu.

Il soupira de nouveau avant de reprendre sa respiration pour continuer. Cependant, Hotepaton l'empêcha une nouvelle fois de lire la suite du texte sacré.

— Pourquoi a-t-il hurlé « djayt » ?

Aapep serra les dents.

— Je l'ignore.

Il ne souhaitait pas en parler.

Les-

— C'était ça, ton nom ?

Le cœur d'Aapep loupa un battement.

— C'est pour ça que tu ne voulais pas me le donner ? Ils t'appellent comme ça, là-bas ?

— Je ne désire pas en parler.

— Pourquoi « crime » ?

Sa poitrine se pressa et il déglutit douloureusement.

ʟ'ᴀᴜʀᴏʀᴇ ᴅ'ᴀᴘᴏᴘʜɪꜱOù les histoires vivent. Découvrez maintenant